Après 30 ans d’existence, Centraide Yukon cesse ses activités

Après 30 ans d’existence au territoire, Centraide Yukon, connu également sous le nom de United Way Yukon en anglais, ferme ses portes. L’organisme fait partie du réseau national de Centraide et a pour but de répartir des dons dans des programmes variés et parfois moins connus du grand public au Yukon.

Entre 2022 et 2023, l’organisme a financé 22 projets et programmes à travers le territoire. Centraide Yukon vient essentiellement en aide aux organismes de soutien à l’enfance, vise à renforcer la stabilité financière et l’indépendance des individus et à bâtir des communautés fortes et saines.

Selon Philippe Morin, bénévole responsable de la communication depuis trois ans, plus de deux millions de dollars auraient été récoltés dans la communauté depuis la création de Centraide Yukon.

Plusieurs défis

David Whiteside siège au conseil d’administration de Centraide Yukon depuis 2009 et en est le président depuis 2014. Le bénévole estime que la décision de dissolution de l’organisme était presque inévitable. « On ne voyait pas d’autre solution », admet-il.

Après le départ du trésorier, Philippe Morin et David Whiteside rapportent qu’ils n’ont pas réussi à trouver quelqu’un pour le remplacer. L’organisme tâchait également de pourvoir le poste de direction générale et se cherchait un·e président·e de campagne bénévole.

Autres constats : la baisse des dons depuis plusieurs années et l’augmentation des coûts pour embaucher de nouvelles personnes. Philippe Morin rapporte que financer seulement le poste d’une direction générale dépasserait de 20 % les dons alloués aux frais administratifs.

« Cette situation ne permet pas de financer les différents postes. On est incapable de trouver un bénévole pour effectuer un travail de bureau. Il faudrait donc payer quelqu’un et la seule source d’argent pour le faire serait de prendre l’argent des dons. Alors, on est arrivé à un pourcentage qu’on ne trouvait pas acceptable. Si un trop grand pourcentage s’en va vers les frais administratifs, ce serait une perte pour les groupes partenaires. »

Philippe Morin constate qu’il est difficile aujourd’hui de trouver une personne qui souhaite s’occuper de lourdes tâches administratives bénévolement.

Vladyslav Hryhorenko, gestionnaire de programmes à Volunteer Bénévoles Yukon, pense que la fatigue que peuvent ressentir certaines personnes bénévoles « reflète les tendances socio-économiques actuelles et la culture en mutation. Les gens n’ont plus autant de temps libre pour faire du bénévolat, estime-t-il. Les organisations au Yukon doivent se moderniser et devenir plus flexibles dans leurs opérations. Ce serait une bonne idée pour elles de commencer à chercher des bénévoles potentiels qui pourraient être intéressés à apprendre une compétence particulière! », rapporte-t-il par courriel.

Et après?

L’organisme continuera d’accepter toutes formes de dons jusqu’au 30 avril prochain. David Whiteside assure que le reste des dons sera redistribué aux différents groupes partenaires d’ici la fermeture de l’organisme.

Après la dissolution de l’organisme, le service téléphonique 211 visant à répondre à tous types de questions concernant l’offre ou le besoin de soutien (distribution de nourriture, dons de vêtements…) sera cependant maintenu. Il s’agit d’un service gratuit, confidentiel et disponible dans plus de 150 langues, 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

Quant à l’avenir des groupes partenaires de Centraide Yukon, Philippe Morin espère qu’ils « vont être capables de trouver de nouvelles façons de connecter avec les Yukonnais qui sont là ». Le bénévole espère également que « les gens vont continuer à être là pour eux. Ce n’est pas Centraide comme tel qui génère l’argent, ça vient du public et le public est encore là », précise-t-il.

« Ce que je trouve dommage, c’est qu’un des grands rôles de Centraide était de distribuer l’argent aux groupes qui étaient plus petits et moins connus. Je n’ai aucun doute que la banque alimentaire à Whitehorse va continuer à avoir du soutien parce que les gens les connaissent, mais la banque alimentaire à Haines Junction, la banque alimentaire à Watson Lake, des plus petits groupes comme Fetal Alcohol Syndrome Society Yukon sont peut-être moins connus », regrette-t-il.

Philippe Morin espère également que d’autres personnes souhaiteront prendre le relais. Il ajoute que Centraide national souhaite conserver une présence au territoire, mais ne sait pas encore sous quelle forme.

IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale