Whitehorse doit-elle réglementer les locations à court terme?

La question des locations à court terme continue de susciter des débats à la Ville de Whitehorse. Alors qu’un nouveau plan directeur de la municipalité se construit et que la Journée nationale de l’habitation a eu lieu le 22 novembre dernier, le débat est relancé.

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Laurie Trottier

IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale

 

Pour la directrice des Services de planification et de développement durable de la Ville de Whitehorse, Mélodie Simard, l’enjeu des locations à court terme n’est pas nouveau. Un sondage public a été mené il y a déjà quelques années pour prendre le pouls de la communauté quant à la possibilité de réglementer le secteur des locations de courte durée.

Cet enjeu a ressurgi lors des audiences publiques pour le plan directeur de Whitehorse, qui traduit la vision de la municipalité pour les 20 prochaines années. Dans sa plus récente version, le document propose d’étudier « l’impact des locations à court terme sur la disponibilité d’une variété d’options de logement, y compris des logements locatifs abordables ». On entend par location à court terme un logement temporaire qui est loué à un tiers pendant moins de 30 jours.

« À notre avis, c’est sage d’étudier la question pour voir si c’est un domaine ou un espace où la Ville devrait [agir] », soutient Mélodie Simard. Au Yukon, il n’y a pas de données précises sur le nombre de résidences qui sont louées pour de courtes périodes. Cependant, un peu plus de 200 propriétés de Whitehorse figurent sur le site Web Airbnb.

Un bouc émissaire?

Ben Pereira est président de Neighbourly North, une entreprise locale de location de logements à court terme présente au Yukon et aux Territoires du Nord-Ouest. Selon lui, elle ne nuit pas à l’accès au logement de tous et de toutes. « La majorité des propriétés (que nous louons) ne pourraient pas être louées à long terme, puisque leurs propriétaires les utilisent quelques mois par année », mentionne-t-il.

Il s’oppose vivement à l’énoncé prévu dans la dernière version du plan directeur puisqu’il estime que ce serait un gaspillage de l’argent des contribuables : « Whitehorse a besoin de locations de logements à court terme. Plusieurs acteurs locaux dépendent d’entreprises comme Neighbourly North pour louer, puisque l’industrie de l’hébergement traditionnelle ne les sert pas bien. »

Il fait notamment référence au prix des chambres d’hôtel, qui selon lui coûteraient plus cher à louer mensuellement que de faire affaire avec son entreprise. Selon Ben Pereira, taper sur le clou de la location à court terme pour tenter de régler les problèmes du logement est une erreur.

Ben Pereira affirme que l’offre de logements est montée en flèche dans les dernières années, ce qui figure dans le rapport de la vérificatrice générale du Canada à l’Assemblée législative du Yukon déposé plus tôt cette année.

Dans ce document, cette dernière émet une nuance importante : « Malgré un plus grand nombre d’unités disponibles, la demande de logement social excédait l’offre, puisque le nombre de personnes admissibles inscrites sur la liste d’attente pour un logement social avait augmenté considérablement pendant cette même période »

Vision différente chez Safe at Home

Cet été, l’organisation à but non lucratif Safe at Home, qui vise l’élimination et la prévention du sans-abrisme, a publié dix appels à l’action, dont un appel à « réglementer les locations à court terme et de vacances à Whitehorse ».

Selon Kate Mechan, directrice de l’organisme, il faut se pencher sur la question afin de mieux déterminer si une telle réglementation permettrait d’avoir davantage de logements permanents pouvant desservir les personnes dans le besoin.

Si elle comprend la mission des entreprises comme Neighbourly North, celle-ci croit qu’elles mènent à la « financiarisation du logement », soit le désir de tirer un rendement financier de ce secteur.

Selon elle, le logement serait d’abord et avant tout un droit humain. « Si nous pouvions inciter les propriétaires et les personnes qui ont plusieurs propriétés à contribuer à un certain pourcentage à la mise en location de loyers abordables, ce serait l’idéal », ajoute Kate Mechan.

La directrice de Safe at Home attend de consulter le plan de travail de la Société d’habitation du Yukon et du ministère de la Santé et des Affaires sociales, qui devrait être publié d’ici la fin du mois en réponse au rapport du Bureau du vérificateur général du Canada.

Ben Pereira se rendra à la seconde consultation publique sur le plan directeur de la municipalité du 28 novembre prochain, à l’hôtel de ville, pour militer contre l’étude de la question des locations à court terme. Impliqué au sein de la chambre de commerce de la Ville de Whitehorse, il affirme qu’un sondage sera conduit au sein des entreprises afin de connaître leurs besoins en matière de logement à court terme.

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Photos

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Légende : Ben Pereira (au milieu) affirme que son entreprise est là pour de bon. Selon lui, les gens qui, par exemple, sont de passage à Whitehorse pour un contrat de travail ou ceux qui doivent rester près de l’hôpital en attente d’un accouchement doivent pouvoir compter sur le marché locatif pour se loger en ville.

Photo : Laurie Trottier.

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  • Date de création 25 novembre, 2022
  • Dernière mise à jour 23 novembre, 2022
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