«Walk-out» évité à Queen’s Park face à des accusations de sexisme

Les élues féminines indépendantes à Queen’s Park étaient prêtes à quitter la période de question, jeudi, si le gouvernement Ford continuait de leur refuser un droit de parole à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.

_______________________ 

Émilie Gougeon-Pelletier

IJL – Réseau.Presse – Le Droit

Les députées libérales, verte et indépendantes de l’Assemblée législative de l’Ontario s’apprêtaient à déclencher un «walk-out», jeudi.

C’est la députée libérale d’Ottawa-Vanier Lucille Collard qui avait jeté la première pierre, la veille, lorsqu’elle a demandé au gouvernement Ford d’accorder aux élues indépendantes de l’opposition un droit de réponse de cinq minutes à une déclaration ministérielle à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, célébrée jeudi en chambre.

À Queen’s Park, le Parti libéral de l’Ontario (PLO) n’a pas un statut de parti officiel, puisqu’il compte moins de 12 députés.

La majorité des élus libéraux sont des femmes, soit cinq sur neuf des députés, et cela exclut leur chef, Bonnie Crombie.

Leader parlementaire du PLO, Lucille Collard a notamment la tâche de collaborer avec son homologue conservateur, Paul Calandra, pour assurer le bon fonctionnement des procédures législatives à Queen’s Park.

Or, M. Calandra a refusé, mercredi, d’octroyer ce droit de parole aux membres indépendantes de l’Assemblée législative de l’Ontario, provoquant la grogne de tous les élus de l’opposition, y compris ceux du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario.

Ce refus signifiait également que d’autres députées indépendantes, comme Aislinn Clancy du Parti vert et la députée indépendante Bobbi Ann Brady, n’auraient pas eu l’occasion de s’exprimer sur le sujet.

Toutes les élues féminines indépendantes ont pris part à un point de presse, jeudi matin, pour dénoncer ce refus du leader parlementaire du gouvernement Ford, disant se sentir «muselées».

«C’est très insultant de se voir refuser la parole lors de la Journée internationale des droits des femmes», a martelé Lucille Collard.

Moqueries

Les députées ont aussi déploré l’attitude présumément moqueuse de Paul Calandra.

La libérale Mary-Margaret McMahon l’a accusé d’avoir fait semblant de pleurer et de s’essuyer les yeux, sarcastiquement.

«Ensuite, il a ouvert son pupitre et a feint de nous tendre une boîte de mouchoirs. [...] C’était absolument déplorable, humiliant et honteux», a-t-elle scandé.

En mêlée de presse, jeudi, Paul Calandra a admis qu’il avait bel et bien agi ainsi, mais il s’est défendu en disant que ses moqueries n’étaient pas destinées aux femmes devant lui, mais bien au député libéral d’Ottawa-Sud, John Fraser. «Monsieur Fraser et moi plaisantons souvent face à de nombreux sujets», a-t-il soutenu.

Il a aussi dit qu’en votant «non» à la motion de Mme Collard, son intention n’était pas de museler les élues. «Ce n’est pas une surprise que je dis toujours ‘non’ lorsque des motions visant à obtenir le consentement unanime sont déposées et que je ne sais pas de quoi il s’agit», s’est-il défendu.

N’empêche, lorsque Lucille Collard a déposé sa motion, le texte décrivait clairement ce dont il était question.

Paul Calandra a aussi soutenu que les élues indépendantes n’étaient pas venues vers lui pour discuter de leurs intentions à la suite du premier vote, mercredi.

«Je n’ai pas eu de nouvelles des membres. J’ai évidemment regardé la conférence de presse, et ça m’a vraiment dérangé qu’elles se sentent comme cela. [...] Je comprends pourquoi elles étaient frustrées, mais je pense que j’aurais préféré qu’elles viennent vers moi pour me dire qu’elles préféreraient avoir l’occasion de parler», a-t-il insisté.

Mais Lucille Collard assure que c’est faux.

Son bureau avait envoyé, le 1er mars, un courriel, dont Le Droit a obtenu copie, qui visait à prévenir le leader parlementaire que la députée allait déposer une telle motion.

Revirement

Avant la période de question, jeudi, le PLO a effectué une ultime tentative en demandant un droit de parole, et contrairement aux trois essais précédents, cette demande de consentement unanime n’a fait l’objet d’aucun «non».

Ainsi, les femmes indépendantes de Queen’s Park ont eu cinq minutes, jeudi après-midi, pour parler des droits des femmes à la suite du discours de la ministre associée des Perspectives sociales et économiques pour les femmes.

Elles en ont profité pour revendiquer leur droit à la liberté d’expression… et des excuses de la part de Paul Calandra.

«C’était une erreur que nous ayons dû nous battre aujourd’hui pour avoir le droit de parler au nom de nos électeurs à l’Assemblée législative. Et c’était une erreur lorsque le gouvernement ne nous a pas donné son accord dès la première demande de parole. La chose à faire, maintenant, est de s’excuser», a lancé la libérale Stephanie Bowman.

«Puisse-t-on en tirer la leçon que collectivement, nous serons toujours plus fortes. Collectivement, nous inspirerons le changement et collectivement, nous surmonterons tout», a conclu la libérale Andrea Hazell.

-30- 

 

Photos 

 

  • La députée provinciale d’Ottawa-Vanier, Lucille Collard (Simon Séguin-Bertrand, Archives Le Droit/Simon Séguin-Bertrand, Archives Le Droit)
  • Nombre de fichiers 2
  • Date de création 8 mars, 2024
  • Dernière mise à jour 8 mars, 2024
error: Contenu protégé, veuillez télécharger l\'article