Vote de grève en janvier pour les membres de l’AEFO

Vote de grève en janvier pour les membres de l’AEFO

 

L’Association des enseignantes et enseignants franco-ontariens (AEFO), le gouvernement et le Conseil des associations d’employeurs (CAE), qui représente les conseils scolaires de langue française, ont eu une cinquantaine de rencontres de négociation depuis le dépôt de l’avis de négocier le 6 juin 2022.

 

Renée-Pier Fontaine – IJL – Réseau.Presse – Journal Le Nord

 

N’ayant pas trouvé un terrain d’entente depuis, les membres du conseil d’administration de l’AEFO ont tenu une réunion extraordinaire le 19 décembre dernier afin de trouver le meilleur moyen de faire avancer la négociation. En conclusion, la tenue d’un vote de grève a été retenue comme la meilleure solution. Rappelons que les conventions collectives des membres du personnel enseignant et suppléant sont arrivées à échéance le 31 aout 2022.

 

Les négociations entre toutes les parties ont été longues, principalement causées par les dates de disponibilités très limitées que le gouvernement et le Conseil des associations d’employeurs (CAE) se limitaient à deux par mois. « Le plus gros défi la première année a été le peu de dates qu’on a obtenues pour essayer d’être productif.  Au tout début, si je ne me trompe pas il y avait au total neuf tables de négociations auxquelles le gouvernement et plusieurs conseils scolaires siégeaient. Donc côté « temps », ce n’était pas évident! », explique la présidente de l’AEFO, Annie Vinet-Roy.

 

Parmi les demandes de l’AEFO, la charge de travail de leurs membres est un enjeu primordial. Celle-ci ne fait que s’alourdir, le manque de main-d’œuvre en serait la cause en partie. « On nous donne souvent comme réponse que nos demandes ne peuvent pas être acceptées à cause de la pénurie. Si on continue d’en ajouter à la tâche des enseignants, ce n’est pas vrai qu’on va résorber la pénurie. D’en demander toujours plus sans rien nous enlever, il y a des limites à ce que l’on peut faire. »

 

En plus cette surcharge de travail, le manque de ressources pour les établissements scolaires de langues françaises perturbe, surtout dans les régions éloignées, comme dans le Nord de l’Ontario. « Souvent, ces services coutent plus cher parce qu’ils sont demandés dans des régions éloignées ou bien les élèves et les professionnels doivent se déplacer. Il y a aussi la question du rapport qui s’appelait le droit de lire. Aucun francophone n’a participé à cette étude-là et nous allons devoir subir les recommandations du rapport qui ne s’applique pas nécessairement aux besoins des francophones, mais nous allons devoir les subir », déplore-t-elle.

 

Le manque de personnel fait en sorte qu’il est difficile d’envoyer des membres du personnel recevoir des formations spécifiques sur certains besoins des élèves. Les conditions d’apprentissage de qualité pour leurs élèves nécessitent de la créativité quand le temps ne permet pas d’être formé adéquatement.  « Il faut trouver des façons que le gouvernement et les conseils scolaires reconnaissent les défis très particuliers que le personnel qui œuvre en éducation a avec les élèves qui ont des besoins particuliers. C’est triste lorsqu’on entend un représentant du gouvernement qui ne comprend pas pourquoi les élèves francophones ont des besoins différents que les anglophones. »

 

Plus récemment, l’AEFO a eu six jours de négociations au mois de novembre et en décembre, ce qui a permis un avancement dans les pourparlers. Toutefois, selon la présidente, ça leur a aussi démontré le manque de flexibilité de l’autre côté de la table sur des sujets clés et c’est ce qui les a motivés à demander à leur CA un mandat de grève. « Ce sera aux membres de décider s’ils veulent faire en grève. Nous allons faire des présentations un peu partout en province et ça sera entre le 24 et le 26 janvier qu’ils se prononceront sur le sujet. »

 

Trop de sujets sont encore sur la table pour que les membres de l’AEFO suivent les pas de leurs collègues anglophones qui ont choisi d’aller en arbitrage. Le type de grève qui pourrait être déclenché sera choisi par le conseil d’administration et les négociations se poursuivront pendant ce temps autour des tables quand même. « Notre but c’est d’avoir une entente qui est juste et équitable pour nos membres. Ce n’est pas gradé, dans le sens que nous ne commençons pas par une chose en particulier et ensuite une autre. La décision se prend par rapport au contexte. »

 

L’AEFO a fait une demande à son conseil d’administration pour obtenir l’appui d’une conciliatrice ou d’un conciliateur pour ses prochaines dates de négociation, demande qui a été acceptée par le CA. « On a besoin d’une tierce partie pour faire bouger les choses, parce qu’il y a des positions un petit peu trop fermes de l’autre côté de la table », dit-elle.

 

Avec le contexte économique de la dernière année, il y aura du rattrapage à faire au niveau des salaires, la précédente entente de principe qui avait été acceptée par les membres dans un contexte pandémique ne reflète plus la réalité avec l’inflation. « Il y a aussi l’adoption de la loi 124 qui avait limité le pourcentage d’augmentation que certains secteurs pouvaient obtenir en négociation, dont l’éducation. »

 

L’Association des enseignantes et enseignants franco-ontariens compte 12 000 membres, et la présidente estime le manque à gagner annuellement est d’environ 500 postes qui ne sont pas comblés dans les écoles de langues françaises un peu partout en Ontario.

 

Les parents ne devraient pas s’inquiéter de la qualité de l’éducation de leurs enfants présentement. Toutefois, Mme Vinet-Roy croit que s’il n’y a pas de changements prochainement dans les conditions de travail du personnel enseignant, il pourrait y avoir des conséquences à long terme.

 

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  • Date de création 2 janvier, 2024
  • Dernière mise à jour 2 janvier, 2024
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