Virginie Mazoyer : partir vers un idéal

Depuis le sud de la France jusqu’à Notre-Dame-de-Lourdes où « je me suis fait ma place », Virginie Mazoyer n’a pas hésité à poser ses valises au Manitoba avec ses deux plus jeunes enfants. Pour elle, mais aussi pour ses enfants.

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Hugo Beaucamp

IJL – Réseau.Presse – La Liberté

7 128 kilomètres pour repartir à zéro. À vingt ans, la perspective d’un tel voyage est moins effrayante que lorsque l’on en a cinquante. Pourtant, Virginie Mazoyer n’a pas longtemps hésité à quitter son village de Saint-Cyprien, aux bords de la Méditerranée, dans le sud de la France, pour venir s’installer au Manitoba.

Maman de sept enfants, alors que les plus âgés prenaient leur envol, c’est à la suite d’une rencontre que les yeux de Virginie Mazoyer vont se tourner vers l’Atlantique. Alors qu’elle ne connaissait « rien » du Manitoba, l’enseignante en école primaire va faire la connaissance d’une ressortissante de la province.

« Je me suis liée d’amitié avec la compagne du médecin qui avait sauvé l’un de mes enfants. Elle vivait à Winnipeg. » C’est ainsi que Virginie Mazoyer entend parler pour la première fois des grandes prairies et de la terre manitobaine. Alors qu’elle n’a pas encore rencontré le Manitoba, pour l’enseignante, c’est le coup de foudre. Et pourtant, sa vie au bord de la mer, à une trentaine de kilomètres de l’Espagne, en fait rêver plus d’un. « Elle me décrivait un idéal. Et si je dois être tout à fait honnête, elle ne m’a pas tant parlé du Manitoba, mais plutôt des Manitobains. »

| Un départ qui prend du temps

On met alors la machine en marche. Virginie Mazoyer se rend une première fois au Manitoba en août 2013, pour une durée d’un mois. Sur place, un rendez-vous avec un agent de l’immigration pour valider son Visa et celui de ses deux plus jeunes enfants est prévu, mais la rencontre ne se passe pas comme elle l’avait imaginé :
« L’agent a été odieux, il ne devait pas être “Manitobain”, ajoute-t-elle. On a dû reprendre tout le dossier depuis le début. » C’est finalement près de
trois ans plus tard, « le 1er décembre 2016 » que la d’origine et ses deux enfants foulent de nouveau le sol canadien. La petite famille s’installe alors à Notre-Dame-de-Lourdes.

Après les difficultés admi-nistratives, Virginie Mazoyer va pouvoir profiter d’un peu de répit. L’École régionale Notre-Dame cherche un remplacement pour l’une de ses enseignantes partie en congé maternité et ça tombe bien! « Avant de partir, je n’avais postulé que dans des écoles au rural. Il était hors de question pour moi de vivre en ville. Je cherchais la quiétude. » Parmi les raisons qui l’ont motivée à immigrer, le portrait des Manitobains que lui avait dressé son amie trônait en haut de la liste, et l’enseignante allait pouvoir vérifier ce qu’on lui avait conté.

| Entraide

Déjà à l’époque, les logements étaient rares à Notre-Dame-de-Lourdes. Mais grâce à la bienveillance de ses nouveaux concitoyens, la petite famille française n’aura aucune difficulté à s’installer dans le village d’environ
600 âmes, situé à quelque 130 kms de Winnipeg dans la région de La Montagne. « La directrice de l’école au moment de notre arrivée, Linda Leclerc, s’est tout de suite proposée pour nous héberger. » Force est d’admettre que tout se déroule sans accroc. Même le climat ne saurait faire frémir la mère de famille. Pourtant, « les minots et moi, nous n’avions jamais vu la neige. J’ai commencé à découvrir le village quand tout a fondu ». Toujours là sept ans plus tard, il faut croire que ce dernier lui a plu.

Malgré un diplôme « reconnu », Virginie Mazoyer devra tout de même obtenir 21 crédits en histoire pour pouvoir exercer son métier d’enseignante. Si elle admet que cette année-là s’est montrée particulièrement éreintante, le jeu en valait la chandelle. Le système éducatif canadien lui a permis de redécouvrir un travail dans lequel elle se sentait « frustrée » et ne s’épanouissait plus en France. « L’enseignement ici permet une approche plus personnelle. Par exemple, si je repère des élèves en difficulté et que j’estime pouvoir les aider, je peux proposer aux parents de déposer leurs enfants chez moi le soir. Ici ça ne pose aucun problème. »

Pour Virginie Mazoyer, le verdict est « sans appel ». La curiosité et les espoirs qu’elle avait placés au Manitoba se sont transformés en un véritable amour pour la Province et ses résidents. « Ce que l’on m’avait dépeint était bien en deçà de ce que j’ai découvert en vivant ici. Ça ressemble au monde que j’ai décrit à mes enfants. Un monde où l’on s’entraide, où l’on n’est pas les uns sur les autres. » Finalement, il est impossible de faire dire quoi que ce soit de négatif sur le Manitoba ou son village à Virginie Mazoyer, si ce n’est peut-être : « Le cinéma me manque un peu. Comme je ne suis pas bilingue je n’y vais plus. » Une chance donc qu’elle rentre en France chaque été, pour voir ses proches et passer quelques heures dans les salles obscures pour profiter du 7e art.

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Photos : 

  • Virginie Mazoyer a emménagé à Notre-Dame-de-Lourdes en décembre 2016. + photo : Marta Guerrero
  • Nombre de fichiers 2
  • Date de création 25 août, 2023
  • Dernière mise à jour 25 août, 2023
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