Vêtue d’un keffieh à Queen’s Park, une députée continuera de défier le président

Voilà maintenant quelques jours que la députée Sarah Jama, d’origine palestinienne, porte un keffieh à l’Assemblée législative de l’Ontario, défiant directement l’interdiction du port de ce vêtement imposée il y a quelques semaines par le président de la chambre. Et elle n’a pas l’intention de s’arrêter.

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Émilie Gougeon-Pelletier

IJL – Réseau.Presse – Le Droit

À Queen’s Park, le président Ted Arnott a ordonné à la députée indépendante Sarah Jama de quitter la chambre, jeudi matin.

Il a récemment interdit, dans l’immeuble de l’Assemblée législative, le port du keffieh, une coiffure traditionnelle des Bédouins constituée d’un morceau de tissu plié et fixé sur la tête par un cordon et qui est devenu l’emblème des défenseurs de la Palestine.

Le premier ministre Doug Ford et les chefs des autres partis politiques de la province se sont opposés à cette mesure et l’ont exhorté, la semaine dernière, à revenir sur sa décision.

N’empêche, des membres du parti progressiste-conservateur de Doug Ford ne sont pas d’accord avec leur chef et estiment que le président a pris la bonne décision en interdisant le port de ce vêtement.

Ted Arnott estime que le keffieh devrait être visé par les mêmes règles qui encadrent les vêtements et les accessoires qui sont portés dans le but de faire une «déclaration politique».

«Je dois prévenir la députée d’Hamilton-Centre. Sarah Jama, vous êtes nommée. Vous devez quitter la chambre», a déclaré Arnott, jeudi avant-midi.

«Du fait de sa nomination, la députée, pour le reste de la journée, n’a pas le droit de voter sur les questions portées à l’assemblée ; assister et participer à toutes les délibérations du comité ; utiliser le studio des médias; et déposer des avis de motion, des questions écrites et des pétitions.»

Refusant de se soumettre à l’ordre du président, la députée Jama n’a pas pu participer à un vote suivant la période de questions, a-t-elle indiqué en mêlée de presse.

Arnott a fait savoir que lorsque Sarah Jama a refusé de quitter la chambre, il a décidé de ne pas l’expulser de force.

«Je n’avais aucun moyen de la faire expulser, sauf par la force physique», a-t-il noté, ajoutant qu’il n’était «pas prêt à faire ça ou à l’ordonner».

Raciste

Selon Sarah Jama, qui s’est engagée à continuer de porter le keffieh dans l’enceinte du parlement ontarien, la mesure imposée par M. Arnott est «raciste».

La députée indépendante a déclaré aux journalistes qu’elle estimait que les règles étaient «mises en œuvre arbitrairement» dans le bâtiment législatif et qu’elle portait déjà le keffieh avant même le conflit entre Israël et le Hamas.

Le fait de le porter est «la moindre des choses» qu’elle puisse faire pour attirer l’attention sur la situation humanitaire dans la bande de Gaza.

La chef du NPD de l’Ontario, Marit Stiles, et les membres des caucus libéraux et verts demandent au gouvernement d’annuler l’interdiction et d’autoriser le port du keffieh à la Chambre et sur le terrain de l’Assemblée législative.

Marit Stiles a déjà proposé deux motions de consentement unanime, toutes deux refusées, et le libéral John Fraser a fait une nouvelle tentative, jeudi.

Il a demandé le consentement unanime de la chambre pour pouvoir tenir un débat sur la question, afin d’éventuellement mener à un vote des élus. Il a lui aussi essuyé un refus.

Les élus ne siégeront pas la semaine prochaine, à compter du 29 avril, et seront de retour au parlement ontarien la semaine suivante, soit le 6 mai.

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  • La députée indépendante, Sarah Jama (Émilie Gougeon-Pelletier/Le Droit)
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  • Date de création 26 avril, 2024
  • Dernière mise à jour 26 avril, 2024
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