Vers une élimination progressive du mercure : les avancées de la Convention de Minamata 

La cinquième rencontre de la Convention de Minamata sur le mercure, qui a réuni plus de 846 personnes, s’est tenue du 30 octobre au 3 novembre 2023 à Genève en Suisse.

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Nelly Guidici – IJL

Réseau.Presse – L’Aquilon – Arctique

 


Pour Alison Dickson, responsable de la gestion des risques liés aux substances organiques et aux métaux à Environnement et Changement climatique Canada à la tête de la délégation canadienne lors de cette cinquième réunion des parties, cette semaine de travaux a été très encourageante, car plusieurs consensus ont été conclus.

« Il y a eu beaucoup de bonne volonté de la part de toutes les parties et nous avons été en mesure de prendre des décisions et de parvenir à un consensus sur certaines questions qui, par le passé, ont été très difficiles et qui ont été l’objet de discussions depuis la première réunion de la COP en 2017. Il est donc très encourageant de constater que les parties s’unissent enfin et que nous progressons dans la résolution de plusieurs questions clés, » pense-t-elle.

Claudia-Serina Dumitru, la présidente sortante, estime aussi que des progrès significatifs ont été réalisés notamment par l’adoption de 21 décisions visant la protection de la santé humaine et de l’environnement contre les effets nocifs du mercure. Dans son discours lors de la journée de clôture, Mme Dumitru a souligné que les délégations ont le devoir « d’assurer la santé et le bienêtre de nos populations et des générations futures en réduisant l’exposition humaine au mercure. N’oublions pas que nous sommes ici pour que le mercure fasse partie de l’histoire ancienne. »


Des avancées significatives

Depuis les années 1990, le Canada a réduit ses émissions de mercure anthropiques (générées par l’homme) de plus de 95 %. Cependant, plus de 97 % de la pollution au mercure résultant de l’activité humaine et déposée au Canada, y compris dans des zones sensibles comme l’Arctique canadien, provient de sources étrangères. 

L’une des avancées notables concerne l’élimination progressive de certains types de piles, de lampes fluorescentes ou encore de produits cosmétiques. Les parties ont également convenu de rendre obligatoire l’élimination progressive du mercure en tant que catalyseur dans la production de polyuréthane d’ici à 2025. Toutefois « les efforts déployés par le groupe africain et d’autres parties pour convenir d’une élimination progressive de l’amalgame dentaire, qui est encore largement utilisé pour les obturations dentaires, n’ont pas abouti à un consensus. »

Enfin, toute nouvelle centrale au charbon devra répondre à des exigences technologiques combinées à des mesures environnementales qui permettront de capter environ 90 % des émissions de mercure. 

« Au fil du temps, nous nous attendons donc à ce que les niveaux de mercure commencent à stagner avant de diminuer (de façon continue), » pense Mme Dickson. 

Réguler l’exploitation minière artisanale et à petite échelle de l’or

L’un des défis majeurs de la Convention concerne l’exploitation minière artisanale et à petite échelle de l’or qui est actuellement le plus grand contributeur de mercure aux émissions mondiales. La Convention de Minamata tente d’aider les pays en développement à résoudre ces problèmes en aidant les mineurs à utiliser de meilleures technologies pour capturer le mercure ou en utilisant des technologies qui n’utilisent pas du tout de mercure. Il s’agit donc d’un effort à long terme d’après Mme Dickson qui se dit confiante pour la suite.

« Nous avons constaté une grande différence d’attitude de la part de certains pays en voie de développement et qui produisent beaucoup de mercure. Au début, ils étaient un peu réticents au dialogue, mais, maintenant qu’il existe des technologies alternatives et un soutien financier, ces pays sont prêts à faire les changements nécessaires. C’est une bonne nouvelle, car ils sont maintenant ouverts à la discussion. Leur développement économique peut se poursuivre avec des normes plus élevées en termes d’outils et de technologies qu’ils peuvent utiliser, » estime-t-elle.

La perspective des peuples autochtones 

Depuis sa création, la Convention de Minamata a toujours considéré la participation des organisations autochtones et inuites comme primordiale. À l’issue de cette semaine de négociations, les parties ont adopté des décisions qui renforceront potentiellement l’engagement et la participation des peuples autochtones dans la lutte contre les effets nocifs de l’exposition au mercure dans l’exploitation minière artisanale et à petite échelle de l’or.

Au Canada, « nous reconnaissons que les peuples autochtones et les communautés locales sont particulièrement vulnérables au mercure et à d’autres polluants, précise Mme Dickson, nous sommes donc très heureux de voir que la conférence des parties a adopté cette proposition, qui permettra d’accorder plus d’attention aux besoins des peuples autochtones et des communautés locales dans les zones touchées. »

Le 31 octobre 2023, Herb Nakimayak, membre du conseil exécutif du Conseil Circumpolaire Inuit (Canada), a rappelé, lors d’une intervention au deuxième jour de la rencontre, que le peuple inuit est impliqué dans le développement de la Convention de Minamata depuis 2013. 

« L’Arctique est une région particulièrement vulnérable. La recherche doit se fonder non seulement sur la science, mais aussi sur notre savoir autochtone, qui fournit des informations cruciales sur l’écosystème et la compréhension de l’exposition au mercure dans nos aliments traditionnels » conclut-il.

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Photos

Titre : 2023.11.24_AA_Convention Minamata_NG

Légende : Pour Alison Dickson, à la tête de la délégation canadienne lors de la Convention de Minamata, les discussions et travaux ont été très encourageants car plusieurs consensus ont été conclus. (Photo : IISD:ENB | Natalia Mroz)

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  • Date de création 29 novembre, 2023
  • Dernière mise à jour 29 novembre, 2023
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