Vers un retour à la normale dans les bibliothèques de l’Est ontarien

Les bibliothèques de l’Est ontarien retrouvent tranquillement leurs usagers après le bouleversement pandémique.

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse –Le Droit

Certaines peinent encore à se relever des fermetures forcées. Fermetures qui ont eu un impact notoire sur l’apprentissage des enfants.

Les habitudes de lecture chez plusieurs usagers ont été chamboulées durant la pandémie. À Hawkesbury, le nombre de prêts a chuté de 47,5% et le nombre de visiteurs a baissé de 45,9% en 2022 par rapport à 2019.

«On sent que ça s’améliore depuis l’automne 2022, mais très tranquillement, remarque la directrice générale de la bibliothèque de Hawkesbury, Nathalie Saint-Jacques. Il faut travailler fort pour ramener les gens à la bibliothèque. En 2023, je dirais que la fréquence augmente de mois en mois.»

Même situation à La Nation, où le nombre d’emprunts a dégringolé de 39% de 2019 à 2022. La plupart des activités habituelles, comme l’heure du conte, ont repris. «Ça revient tranquillement, rapporte la directrice générale, Jeanne Leroux. Espérons que les activités amènent plus de monde. Il y a des gens qui empruntent des livres régulièrement alors que d’autres s’abonnent et je ne les revois jamais, sauf pour les livres numériques.»

Du côté d’Ottawa, la circulation des articles a baissé de 14,2% et les visites en personne ont diminué de 37,5%.

À Alfred et Plantagenet, qui compte cinq bibliothèques, les usagers ont changé leurs habitudes de lecture, remarque la directrice Dominique Lacelle. «Ça a baissé drastiquement. Les abonnés qu’on avait avant la pandémie ne sont pas tous revenus. Ça revient tranquillement, mais tranquillement pas vite.»

Le nombre de prêts a diminué de 17,9%. Mme Lacelle veut relancer certaines activités, comme des jeux et des casse-tête, mais ce n’est pas toujours évident étant donné qu’elle est la seule employée à temps plein à travers les bibliothèques du canton.

Bibliothèques méconnues

Presque l’entièreté de la population ontarienne est desservie par une bibliothèque (99%). Les bibliothécaires s’entendent pourtant pour dire que leur bibliothèque n’est pas assez connue de leur communauté.

«Il n’y a pas assez de monde qui sait qu’il y a une bibliothèque à Casselman», témoigne la directrice Linda Desjardins Bergeron.

«Il faut ramener les gens à la bibliothèque, ajoute Nathalie Saint-Jacques. Ça passe par la publicité.»

À Clarence-Rockland, malgré un taux de prêts record de 102 216 articles, la bibliothèque remarque que leurs services ne sont pas assez populaires. Ce sont 41,5% des citoyens qui détiennent une carte de bibliothèque. L’équipe travaille sur une campagne publicitaire pour ramener la clientèle à leurs succursales.

L’importance de la bibliothèque dans l’apprentissage de la lecture

L’environnement de la bibliothèque tient une grande importance dans l’apprentissage de la lecture chez les petits. Les professeurs ont pu le remarquer avec ceux qui étaient à l’âge d’apprendre la lecture pendant la pandémie.

«Les professeurs nous disent que deux ans plus tard, ces enfants-là sont habitués à être chez eux et n’ont pas pu réaliser ce qu’il y a dans leur environnement, souligne Mme Saint-Jacques. Les parents ne sont pas sortis avec eux, alors ils sont craintifs de sortir. On doit faire cette rééducation-là.»

La succursale d’Embrun de la bibliothèque de Russell est justement située dans une école primaire. Le nombre de prêts a quelque peu augmenté après la pandémie par rapport à 2019, ce qui est encourageant pour la directrice générale France Séguin. Les visites sur place ont cependant chuté de 35,5%.

«On recommence à voir les gens en personne, c’est très excitant. Quand les bibliothèques ont rouvert, ça n’a pas pris de temps que les gens sont revenus. Nos programmations d’été et d’automne ont été assez populaires en 2022.»

La fille de la résidente d’Embrun Sophie Séguin commençait à apprendre à lire au début de la pandémie. «J’avais des livres à la maison, mais c’était difficile de l’encourager, se souvient la mère. Lire en ligne et avec un livre dans les mains, ce n’est pas la même chose. On dirait qu’elle se lasse plus rapidement en ligne. On s’échangeait des livres entre voisins, ce qui a beaucoup aidé.»

L’enseignante de 3e année à l’École élémentaire catholique d’Embrun, Miriam Benoit, a remarqué que les mois d’enseignement à la maison ont grandement affecté le niveau de lecture des élèves.

«Beaucoup d’élèves ont perdu leur routine de lecture à la maison. On le voit juste dans le débit et le niveau de lecture de mes élèves. Mes collègues qui enseignent depuis plusieurs années en 3e année ont remarqué que les résultats des élèves étaient plus élevés avant la pandémie. Les textes étaient plus difficiles. On doit s’adapter et faire des groupes d’intervention pour tenter de les rattraper. Je le vois avec mes élèves de 3e année qui étaient en première année pendant la pandémie. C’est une base qui a été ébranlée. Ils n’avaient pas un livre concrètement dans les mains. On est en train de renverser la vapeur.»

Pour un enfant, la bibliothèque est un lieu de grande importance pour lui transmettre l’amour de la lecture. «Quand ils voient leurs pairs lirent, ça les incite à faire de même, soutient Miriam Benoit. Souvent les élèves n’aiment pas lire, mais c’est parce qu’ils n’ont pas trouvé leur style. On veut que les élèves lisent des livres qui les intéressent. La bibliothèque permet aux élèves d’avoir plein d’options.»

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Photos

Les habitudes de lecture chez plusieurs usagers ont été chamboulées durant la pandémie (Simon Séguin-Bertrand/Archives Le Droit)

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  • Date de création 14 juin, 2023
  • Dernière mise à jour 14 juin, 2023
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