Vers la vérité et la réconciliation, le cheminement peut se faire aussi en français

À l’approche de la troisième Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, plusieurs activités et occasions d’apprentissage se dessinent afin de permettre à de plus en plus de personnes de comprendre et de s’éduquer.

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Maryne Dumaine

IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale

 

Le 30 septembre, plusieurs activités seront organisées par le Conseil des Premières Nations du Yukon (Council of Yukon First Nations). À 11 h, une marche commencera au niveau du totem situé au bout de la rue Main et se dirigera vers le Centre culturel des Kwanlin Dün, où une cérémonie d’ouverture se déroulera autour du feu sacré. Les Walking Warriors (les guerrier·e·s marcheurs et marcheuses) termineront leur parcours à pied entamé à Dawson le 24 septembre dernier.

Dans l’après-midi, une mise à jour sera faite à propos du projet de l’ancien site de l’école résidentielle de Choutla (à Carcross). L’organisme mentionne que du personnel de soutien émotionnel sera présent sur le lieu de l’événement.

Honorer la vie et l’héritage des enfants autochtones arrachés à leur foyer

Ce programme démontre que cette journée, bien qu’elle soit « fériée », n’est pas une journée de congé comme les autres. Elle a été mise en place dans le but de libérer du temps pour « honorer les survivant·e·s, leurs familles et leurs communautés, et veiller à ce que la commémoration publique de l’histoire et l’héritage des pensionnats demeure un élément vital du processus de réconciliation », selon le 80e appel à l’action de la Commission de vérité et réconciliation. Avant 2021, le 30 septembre était la Journée du chandail orange. Cette couleur reste emblématique pour les commémorations. Des t-shirts orange sont d’ailleurs en vente dans certains commerces locaux à Whitehorse. Teints et imprimés à la main par les élèves de l’École secondaire de Porter Creek du programme FADS (Fashion Art Design School), les t-shirts seront vendus au profit de l’organisme CAIRS (Committee For Abuse in Residential Schools).

Sensibiliser en français

La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada et la Fondation dialogue ont proposé le 26 septembre dernier un événement en ligne : le visionnage du film Hommage au sénateur Murray Sinclair, suivi d’une discussion animée par Zakary-Georges Gagné, leadeure communautaire crie.

Hommage au sénateur Murray Sinclair est un film d’une trentaine de minutes, réalisé par Alanis Obomsawin. En tant que président de la Commission de vérité et réconciliation, le sénateur a sensibilisé le monde entier aux atrocités commises sous le régime des pensionnats autochtones du Canada. Dans ce film s’entremêlent les propos de Murray Sinclair et des témoignages de personnes survivantes. Le film est disponible gratuitement sur le site Web de l’Office national du film. Si cette activité visait « à poursuivre la sensibilisation et la prise de conscience », c’était surtout une opportunité pour toutes les personnes d’expression française de comprendre les enjeux de cette journée dans leur propre langue.

Les actions franco-yukonnaises vers le processus de réconciliation

Depuis 2020, l’axe diversité et inclusion avait été intégré au Plan stratégique communautaire francophone 2020-2025, document qui guide les actions des organismes franco-yukonnais. Cet axe visait entre autres à favoriser les relations entre les Autochtones et les francophones au territoire. Puis, l’Association franco-yukonnaise (AFY) a intégré cette sensibilité au sein de son plus récent plan stratégique.

Cette stratégie se manifeste par quelques actions concrètes.

Dénoncer le colonialisme médical

Sandra St-Laurent, directrice du Partenariat communauté en santé (PCS), rappelle l’existence d’une section sur le colonialisme médical dans le Centre de ressources du PCS. Dans cette bibliothèque située dans le Centre de la francophonie, on trouve notamment des ouvrages tels que Plus aucun enfant autochtone arraché - pour en finir avec le colonialisme médical canadien. Elle mentionne également des ressources à modèles positifs, tels que Mon chemin innu sur la résilience et l’identité autochtone.

La directrice ajoute une nouvelle dimension autochtone dans la formation (en français) sur les milieux de travail et de soins qui prennent en compte les traumas, offerte en collaboration avec le Crisis and Trauma Resource Institute. « Bien que cette formation soit financée par notre projet en immigration/santé, il y avait un lien avec les traumas vécus par les populations autochtones », explique Sandra St-Laurent.

Elle conclut en mentionnant qu’un projet de rapprochement concernant des services d’interprétation, bien qu’encore embryonnaire, pourrait voir le jour prochainement.

La sororité au rendez-vous

Du côté des femmes, Les Essentielles ont depuis longtemps un lien de qualité avec les autres organismes de femmes au Yukon, notamment avec les groupes autochtones.

À ce titre, elles ont été invitées à contribuer à l’élaboration de Changer la donne pour défendre la dignité et la justice : la Stratégie du Yukon sur les femmes, les filles et les personnes bispirituelles+ autochtones disparues et assassinées. En mai dernier, Laurence Rivard, directrice de l’organisme, a signé la déclaration 2020 sur les FFADA2S+ lors de la journée de présentation du plan d’implémentation de la stratégie, à Carcross.

« Nous avons aussi identifié quelques actions où nous pourrions contribuer à notre façon, notamment en s’assurant que des initiatives des organismes de femmes autochtones soient partagées à la communauté francophone, via la traduction et le partage de leurs communications », ajoute Laurence Rivard.

L’organisme féministe offre également du soutien financier et du temps de ses employées lors de certaines activités comme la Journée de la robe rouge. « Nous travaillons aussi en collaboration avec les groupes de femmes autochtones sur nos enjeux communs de lutte à la violence fondée sur le genre », conclut-elle.

Du côté de l’éducation

Marc Champagne confie quant à lui avoir un projet en cours : créer un affichage trilingue pour accueillir les visiteurs et visiteuses dans les écoles de la Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY), dont il est le directeur général. Il explique également que de plus en plus, des aîné·e·s des Premières Nations viennent ponctuellement rendre visite à l’École Émilie-Tremblay. Enfin, le directeur mentionne que plusieurs activités sont organisées dans les écoles francophones autour de la Journée du 30 septembre.

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Photos

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Légende : Un cercle de tambours ainsi que des activités d’art seront proposés après la cérémonie, au Centre culturel des Kwanlin Dün, le 30 septembre prochain.

Photo : Maryne Dumaine

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  • Date de création 29 septembre, 2023
  • Dernière mise à jour 27 septembre, 2023
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