Vérité et réconciliation : Un atelier pour connaitre la vérité

Le personnel et le conseil d’administration du Centre de santé communautaire du Témiskaming (CSCT) ont vécu une expérience de sensibilisation à la culture autochtone. Cet atelier s’est fait dans l’esprit des recommandations de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. Le Voyageur y a également participé.

_______________________

Marc Dumont

IJL – Réseau.Presse – Le Voyageur

 

Mélissa Cormier Gill de Témiskaming First Nation a coanimé l’expérience de sensibilisation avec une membre du conseil d’administration du Centre, Danielle Larouche. 

Le tout a débuté par la déclaration de reconnaissance que le Témiskaming se trouve sur les terres ancestrales des Anishinaabe. Un jeune autochtone, Jason, a offert un chant de bienvenu avec son tambour. Mme Cormier Gill a ensuite procédé au smudge : le rite de purification traditionnel des autochtones. 

La présidente des Métis de la Région 3 de l’Ontario, Laurette McKnight, a pris la parole pour donner le ton à la rencontre : «Je vous invite à participer à cette expérience difficile et nécessaire. C’est aussi une façon d’honorer les ancêtres.» 

Mélissa Cormier Gill

Après les cérémonies d’introduction, Mélissa Cormier Gill a parlé de son choix de retourner vivre avec les siens : «Au moment du décès de mon oncle, j’ai choisi de retourner à ma culture pour connecter avec elle et savoir qui je suis comme Anishinaabe».

Jamie Hunter

Un ainé anishinaabe, Jamie Hunter a raconté son parcours d’enfant des pensionnats autochtones à partir de l’âge de 6 ans. C’est le prêtre et un agent du gouvernement qui sont venus pour m’emmener dans un pensionnat à Fort George (Chisasibi), loin de sa famille. Là, il y avait d’autres jeunes de mon âge qui ne parlaient pas ma langue», raconte-t-il.

«Je n’ai pas vu mes parents pendant un an. Pour certains, c’était deux ans. De temps en temps, des enfants disparaissaient. Après un autre pensionnat et de nombreux changements d’écoles, à 15 ans, on m’a mis dans une famille d’accueil. C’est là que je leur ai dit que je m’en allais rester chez mes grands-parents», poursuit Jamie Hunter.

Aujourd’hui, ce sympathique ainé de 75 ans trouve important de raconter son histoire. «J’adore aller dans les classes pour parler avec les jeunes. Je me présente comme un survivant du génocide. Je n’ai pas oublié ni ma culture ni ma langue.»

Revivre l’histoire

Une activité interactive a mis en parallèle l'histoire des colonisateurs et celle des Autochtones du Canada. Elle a permis de comprendre comment, à coup de proclamations et de lois, les Européens et le gouvernement canadien ont tenté de déposséder les autochtones de leurs terres ancestrales et de les priver de leurs droits de la personne.

En suivant les évènements juridiques et les autres astuces des autorités à diverses époques, les participantes ont compris comment se sont déroulés le morcèlement progressif du territoire et la perte de droits de la personne. 

«Les Autochtones qui occupaient tout le territoire avant l’arrivée des Européens n’en possèdent plus que 0,02 % aujourd’hui. Pourtant, toutes les négociations avec les autochtones ont été tenues dans un esprit de partage», explique Mélissa Cormier Gill.

Au-delà de la culpabilité

En dernier lieu, le retour sur l’activité s’est fait avec le bâton de parole. En introduction, Laurette McKnight a relevé que : «même si l’histoire est lourde, c’est une expérience à vivre. Ça touche le cœur, mais ce n’est pas pour se sentir coupable». Les participantes, des gens de l'univers de la santé et des services sociaux, ont surtout été touchées par la cruauté de certaines mesures.

Parmi les plus notoires : le retrait des enfants de leurs parents pour les envoyer dans les pensionnats autochtones, la rafle des enfants des années 1960 pour les placer dans des familles d’accueil de Blancs, la perte de statut d’une autochtone mariée avec un Blanc, les couvertures infectées par le virus de la polio, l’interdiction de vivre certains rituels ou de revendiquer des droits sous peine d’emprisonnement...

Les Autochtones présents ont conclu en proposant des gestes de réconciliation : porter le chandail orange, mais surtout, changer ce qu’on dit en public et en privé. 

Jason, le chanteur, a proposé : «Quand un client se présente à votre salle d'examen, ayez un article autochtone dans celle-ci. Ça change tout pour l’Autochtone. Ça pourrait être un tambour par exemple.»

 

 — 30 —

 

Anishinaabe Mélissa Cormier Gill.JPG

Mélissa Cormier Gill, de la Témiskaming First Nation de Notre-Dame du Nord — Photos : Marc Dumont

 

Anishinaabe Jamie Hunter.JPG

Jamie Hunter, chef anishinaabe

 

Anishinaabe Mélissa et Jason.JPG

Mélissa Cormier Gill et Jason

  • Nombre de fichiers 4
  • Date de création 22 novembre, 2023
  • Dernière mise à jour 21 novembre, 2023
error: Contenu protégé, veuillez télécharger l\'article