Vancouver s’échauffe pour accueillir une nouvelle fois les Jeux olympiques d’hiver
Pour la deuxième fois depuis le début de la pandémie, la Ville de Vancouver a repoussé à nouveau le vote pour soumettre sa candidature pour l’organisation des Jeux olympiques d’hiver de 2030. Le projet suscite déjà de l’enthousiasme dans les secteurs économiques et sportifs.
Gratianne Daum
Initiative de journalisme local – APF - Ouest
La Ville de Vancouver souhaite proposer sa candidature pour l’organisation des Jeux olympiques (JO) d’hiver de 2030, après les avoir déjà accueillis, soit vingt ans plus tard. L’idée avait été lancée en février dernier par l’instigateur de la candidature de 2010 et directeur du comité organisateur local, John Furlong, à l’occasion des célébrations du dixième anniversaire. En avril, la conseillère municipale Melissa De Genova avait déposé une motion à ce sujet. Revenu à l’agenda début novembre, le vote a de nouveau été repoussé.
Pour justifier ce projet, Mme De Genova a cité les retombées économiques de 2010 arguant que l’organisation des Jeux pourrait permettre une relance post-pandémie. Elle s’appuie sur le rapport de PricewaterhouseCoopers (PwC), commissionné par le comité organisateur, qui fait état de 20 000 emplois créés, de revenus fiscaux de l’ordre de 70 à 90 millions de dollars et une contribution de près de 1 milliard de dollars au PIB national, pour un coût total de 4 milliards de dollars. Les jeux de 2010 auraient atteint le seuil de rentabilité.
Un terrain pour remédier aux problèmes auxquels la ville est confrontée
La question du logement prédomine depuis des années à Vancouver. La conseillère Jean Swanson, opposée au projet olympique, estime que la priorité doit être de régler le problème de l’accès au logement. L’ancienne directrice des communications du comité organisateur et Montréalaise, Suzanne Reeves, pense que l’organisation des Jeux olympiques permettrait de résoudre une partie de ce problème. En effet, il faudrait en outre construire un village pour les athlètes, celui de 2010 étant maintenant habité.
Robert Vanwynsberghe est professeur associé à l’UBC (University of British Columbia) au Département des études pédagogiques spécialisé sur les questions de santé et de ce qui revêt un caractère durable. « Un legs social est possible et, selon moi, est relativement facile à atteindre avec un peu de fermeté et de reddition de comptes », dit-il. Au sujet de la planification d’évènements de cet ordre, il soutient « qu’il faut absolument un niveau de collaboration et d’imagination bien plus profond. Cela doit inclure plus d’organisations non-gouvernementales, environnementales et autres, et des académiques. Je proposerais une équipe dédiée en charge de l’héritage d’après-jeux ». Et d’étayer : « L’héritage de Jeux olympiques doit être la continuation des composantes majeures, comme le transport, cela ne doit pas venir en bonus, car sujet aux imprévus, comme le budget. Ce doit être une partie intégrante dès le plan initial ».
Toutes les personnes interrogées ici rappellent que toutes les infrastructures sont déjà en place et ne nécessiteraient que de faibles dépenses de mise à niveau, ce qui réduirait grandement les coûts de ces Jeux. « Tout ce qu’il y a à faire, c’est d’allumer les projecteurs », lance Suzanne Reeves.
Un projet fédérateur
Elle voit cette candidature comme une très bonne nouvelle pour la communauté. « Cela aura un effet rassembleur qui peut donner une expérience à tous les Canadiens », précise-t-elle.
En repensant aux Jeux olympiques de 2010, elle dit qu’il « y avait à Vancouver et Whistler une énergie incontestable. Cela nous a rapprochés et nous a donné confiance. Nous en sommes sortis grandis ». Mme Reeves pense également que c’est une opportunité d’offrir à la nouvelle génération un but vers lequel tendre, faisant référence au contexte actuel incertain. « Il y aurait tant de joie, ce que nous avions pris pour acquis deviendrait une célébration humaine », enchaîne-t-elle.
L’ancien membre de l’équipe canadienne de triathlon et avocat en droit environnemental à Canmore, Alberta, Adam Campbell, ajoute l’effet galvanisant pour les athlètes de tous rangs. « [Vancouver 2010] a inspiré les athlètes sélectionnés à s’investir encore plus pour atteindre le niveau international et ce faisant, ils ont à leur tour inspiré des athlètes en devenir, affirme-t-il. De plus, [ces Jeux olympiques] ont laissé de nombreuses infrastructures d’entrainement et de compétition pour le bénéfice des athlètes. »
L’athlète canadienne olympique de javelot, Liz Gleadle, adhère à ce propos, car elle parle en connaissance de cause. « C’est vraiment formidable de constater ce que notre ville a fait pour les athlètes et cela m’a personnellement encore plus motivée pour me qualifier pour les jeux olympiques de 2012, raconte-t-elle. Le centre sportif de Richmond est mon principal site d’entrainement et c’est vraiment très agréable ».
Vanwynsberghe abonde en ce sens. « Pour les villes-hôtes, il peut y avoir deux leviers pour influencer la santé de la communauté, indique-t-il. L’un est par les jeux en tant que tels, qui génèrent de l’entrain pour se mettre en forme et faire du sport. L’autre est au travers des sites à vocation communautaire financés par le budget des jeux. Ce legs peut être spécifique, comme le logement, ou avec une vision plus large de rendre la région plus saine. »
Si Calgary a dit non, Vancouver convaincra-t-elle ?
Sur les résultats potentiels d’un référendum, Suzanne Reeves évoque le rejet des résidents de Calgary pour une candidature aux Jeux de 2026, qui est à prendre en compte selon elle. « Je suis prudemment optimiste », conclut-elle. M. Campbell pense que c’est une comparaison difficile à faire. « Vancouver 2010 et le succès de ces Jeux est encore très présent dans les esprits des gens, alors que Calgary 1988 est bien derrière nous, déclare-t-il. De plus, les Calgariens ont dû se prononcer sur l’organisation des Jeux et en assumer le coût pendant une récession (NDLR : chute des prix du pétrole pendant la crise de l’industrie pétrochimique des années 1980). Vancouver n’est pas dans cette position ».
« Je crois que le timing est très, très bon », avait déclaré John Furlong en février. « Nous avons les installations. Nous pourrions devenir la première ville de l’histoire à accueillir les JO dans les mêmes installations ».
Et si des commanditaires ont déjà manifesté leur intérêt, le maire de Vancouver, Kennedy Stewart, a lui botté en touche. S’il a déclaré que l’idée était « amusante », il a surtout dit que le projet ne pourrait voir le jour qu’avec le soutien des gouvernements fédéral et provincial. À voir comment la pratique réduite des sports de glisse (ex., le ski) ces deux derniers hivers, en raison de la pandémie, jouera sur les opinions au moment du référendum.
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Bas de vignettes – Crédit pur toutes les photos : Gratianne Daum
Les anneaux olympiques sur la piste officeille de descente de Whistler.
Le chaudron olympique sur la Place Jack Pool à Vancouver.
En 2012 à Whistler, les mascottes officilles des JO 2010 étaient encore présentes.
En 2012, les Vancouvérois affichaient encore les signes des JO 2010.
Des skieurs dans les rues de Whistler, site olympique des JO 2010.
La station de ski Grouse Mountain, site de compétition officiel des JO 2010.
Une télécabine de Whistler, site de compétition des JO 2010.
Le gazouilli (tweet) de la conseillère municipale Melissa De Genova à la suite du report du vote sur une candidature possible de Vancouver pour l’accueil des JO d’hiver de 2030.
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- Nombre de fichiers 9
- Date de création 19 novembre, 2020
- Dernière mise à jour 19 novembre, 2020