Une uniformisation qui pourrait nuire aux francophones

Le milieu de l’éducation francophone accueille froidement le projet de Loi sur l’amélioration des écoles et du rendement présenté par le gouvernement de l’Ontario le 17 avril. En l’absence de détails, le véritable test viendra lors des consultations pour la mise en œuvre.

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Julien Cayouette

IJL – Réseau.Presse – Le Voyageur

 

«À l’heure actuelle, les conseils scolaires établissent leurs propres priorités en matière d’éducation, ce qui entraine des différences au sein du système d’éducation», peut-on lire dans le communiqué du gouvernement. 

Encore une fois, les principaux intéressés n’ont pas été consultés. Aussi bien l'Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC) que l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l'Ontario (ACÉPO) le confirment. Pourtant, le «projet de loi a un potentiel d’impacts significatifs sur le système d’éducation publique de l’Ontario», affirme l’AFOCSC dans un communiqué.

«Le projet de loi propose aussi un certain degré d’uniformisation des processus scolaires, ce qui laisse présager un désir de contrôle accru de la part du ministère de l’Éducation. Cette législation propose des changements d’envergure et a un très large éventail d’impacts potentiels sur le système d’éducation publique en Ontario», avance l’ACÉPO par voie de communiqué.

«Ça nous dérange parce que l’on veut protéger cette structure scolaire qu’on a avec des élus et qui font une gestion au niveau local», ajoute la directrice générale de l’ACÉPO, Isabelle Girard, en entrevue avec Le Voyageur. «Il y a toujours des choses à améliorer et on ne renie pas ça. Mais on aurait préféré que ça se fasse plus dans la consultation.» 

Elle a cependant pu confirmer qu’ils allaient être consultés pour la mise en œuvre. «Il y a d’autres éléments qui pourraient être positifs pour les conseils scolaires de langue française. Bien sûr, tout dépend comment la mise en œuvre sera faite», dit-elle.

Le directeur général de l’AFOCSC, Yves Lévesque, affirme qu’ils analysent minutieusement le rapport et attendent de pouvoir collaborer avec le gouvernement. «Il est important pour l’Association de s’assurer que les modifications proposées dans ce projet de loi tiennent compte de la spécificité des conseils scolaires catholiques de langue française. Nous devrons probablement proposer des amendements ou modifications.»

«On sait que souvent, ce genre de décisions très large ont des conséquences non prévues sur les conseils scolaires de langue française et ils sont rarement positifs», renchérit Mme Girard.

Loin d’un record

Aussi bien l’opposition officielle que l’Association des enseignantes et enseignants franco-ontariens (AEFO) contestent la déclaration du gouvernement que «l’octroi de 693 millions $ de plus en financement de base pour les Subventions pour les besoins des élèves (SBE) par rapport à l’année précédente» permet d’affirmer que le financement pour l’éducation n’a jamais été aussi élevé.

Pour la critique néodémocrate en éducation, la députée d’Ottawa Ouest-Nepean Chandra Pasma, l’augmentation de 2,7 % au SBE est loin du 6,8 % nécessaire pour suivre l’inflation. 

Les syndicats des enseignants contestent aussi cette affirmation. «C’est faux. Ses calculs sont des tours de passepasse. C’est faux à cause du facteur de l’inflation», considère Anne Vinet-Roy.

Visées de transparence

Comme pour l’investissement en mathématiques, en lecture et en écriture, les mesures avancées par le gouvernement dans ce projet de loi contiennent peu de nouveaux éléments, nous dit-on. Ce que les associations de conseils scolaires surveilleront surtout, ce sont les règlements qui dicteront la mise en œuvre du projet de loi. 

Le gouvernement ontarien dit vouloir augmenter la responsabilisation et la transparence «pour permettre au ministre de l’Éducation de fixer des priorités dans des domaines importants liés au rendement des élèves». Cette transparence serait aussi à l’avantage des parents, car le ministère de l’Éducation «ordonne» que leur participation soit accrue. 

D’autres objectifs incluent la construction plus rapide d’école, l’adoption d’un code de conduite pour les conseillères et conseillers scolaires avec un processus de règlement des différends et un meilleur accès des élèves au counseling thérapeutique pour les élèves victimes d’abus sexuels. 

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  • Date de création 26 avril, 2023
  • Dernière mise à jour 25 avril, 2023
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