Une région à risque géographiquement

CORNWALL — Située sur la route qui relie Toronto er Montréal, pas loin d’Ottawa et collée aux États-Unis, la ville de Cornwall est aussi au cœur des axes de la contrebande de drogues. Elle compte le plus grand nombre de surdoses d’opioïdes dans l’Est ontarien.

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse –Le Droit

En 2022, 17 personnes sont décédées d’une surdose d’opioïdes, confirme le Bureau du coroner en chef de l’Ontario. Ce chiffre comprend des cas probables qui sont «des conclusions en attente sur la cause du décès, mais soupçonnent d’être liées à la drogue et toxicologique positif pour les opioïdes». Moins de cinq cas de surdoses ont été rapportés en 2018.

«Nous avons vu une hausse fulgurante de la possession de fentanyl dans les dernières années», affirme l’inspecteur responsable des opérations sur le terrain et d’investigation criminelle, Chad Maxwell.

Le fentanyl est responsable de la majorité de ces cas de surdose.

Cette drogue consommée illégalement contient nombre d’autres substances, confirme le Bureau de santé de l’est de l’Ontario (BSEO).

«Probablement qu’il y a du fentanyl, rectifie le gestionnaire de prévention d’utilisation de substances au BSEO, Nikolas Hotte. Ajoutons à cela d’autres analogues de fentanyl et d’autres opioïdes. C’est bourré de substances dangereuses. Tu ne sais jamais ce que tu vas avoir.»

Cocaïne, héroïne, benzodiazépine, xylazine, hydromorphone, méthadone et oxycodone ne sont que quelques-unes des substances dangereuses qui ont le potentiel de se cacher dans un comprimé de dit fentanyl.

«Dans certains cas, la trousse de naloxone [qui renverse les conséquences d’une surdose] ne fonctionne pas, comme sur la benzodiazépine», relève M. Hotte.

Diminuer la stigmatisation

Malgré les campagnes de prévention et d’éducation que mènent la police, les centres de santé mentale et les cliniques, une barrière mentale reste ancrée chez plusieurs toxicomanes et les empêche d’aller chercher de l’aide. Ils craignent d’être maltraités ou punis par la police vu leur consommation de drogue illégale.

«La Loi réglementant certaines drogues et autres substances est toujours en vigueur, alors c’est à la discrétion de chaque officier de donner un constat d’infraction ou non», dit l’inspecteur Maxwell.

Un groupe de partenaires regroupant entre autres la police, l’hôpital, les Premières Nations, les centres de santé mentale et de toxicomanie et la santé publique, viens d’être mis en place pour tenter de remédier aux problèmes des opioïdes.

Le Substance Use Health Strategy prévoit une consultation, sur le terrain, avec les utilisateurs de substances. Ce travail devrait commencer dès la mi-juin.

Empêcher la contrebande

Le contraste est grand entre ce qu’on retient des bribes de discussions avec les Cornwalliens et les autorités entourant la question de la contrebande de drogues.

«Il y a beaucoup de contrebande à la frontière entre Cornwall, New York et Akwesasne», affirme Dominic, un consommateur de drogues qui a lui-même un passé de contrebandier, pour d’autres marchandises que de la drogue.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) et l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) ne sont pas aussi catégoriques.

«Je n’ai pas eu connaissance de grosses saisies de fentanyl depuis que je suis en poste ici», indique la responsable du détachement de la GRC à Cornwall, Angélique Dignard, cheffe depuis 2014.

La GRC veille sur l’application des lois canadiennes entre les points d’entrée, de Cardinal en Ontario jusqu’à Bainsville. Elle surveille la contrebande qui pourrait se dérouler sur le fleuve ainsi qu’aux autoroutes environnantes.

Quant à l’ASFC, qui est responsable de contrôler les postes de douanes, elle ne peut révéler des statistiques sur un point d’entrée précis «pour des raisons de sécurité».

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Photos

Melanie Astle (Charles Fontaine, Le Droit)

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  • Date de création 19 juin, 2023
  • Dernière mise à jour 19 juin, 2023
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