Une Première Nation du Québec s’oppose au projet de cimenterie à L’Orignal

La Première Nation de Kanesatake demande une révision environnementale du projet de cimenterie à L’Orignal. Les rejets dans l’air de cette usine pourraient affecter la communauté entière, selon le grand chef.

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse –Le Droit

Kanesatake se situe sur le bord de la rivière des Outaouais, près d’Oka, à 60 km du site de la future cimenterie. Le chef de la communauté mohawk, Victor Akwirente Bonspille, relève que les déchets de l’usine vont polluer l’eau et contaminer les poissons qui y habitent.

«En ce moment, le gouvernement ne fait rien pour se réconcilier avec les Premières Nations, mentionne M. Akwirente Bonspille. C’est préoccupant, c’est difficile d’avancer avec ce type de gouvernement.»

Il a acheminé, le 19 décembre 2022, une lettre au ministre de l’Environnement et du Changement climatique du gouvernement fédéral, Steven Guilbeault, ainsi qu’à David Piccini, ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs de l’Ontario, pour revoir l’approbation environnementale de l’usine. «Kanesatake perçoit que la Couronne en chef du Canada et de l’Ontario n’ont pas rempli leurs obligations de consulter notre communauté concernant ce projet, écrit M. Akwirente Bonspille dans sa lettre. Nous demandons que vous obligiez l’Agence d’évaluation d’impact du Canada à revoir sa décision de désignation du projet jusqu’à ce que la Couronne en chef du Canada ait fait face à ses obligations légales de consulter notre communauté.»

Le gouvernement canadien mentionne que ce dernier «a l’obligation de consulter et, s’il y a lieu, d’accommoder les groupes autochtones lorsqu’il envisage des mesures susceptibles d’avoir un effet préjudiciable sur des droits ancestraux ou issus de traités, établis ou potentiels».

Pour ce qui est de l’évaluation environnementale, «l’Agence [...] mènera, si cela s’avère nécessaire, des consultations auprès des Autochtones tout au long du processus d’évaluation environnementale».

Le ministre Paccini a finalement répondu au grand chef qu’il ne va pas revoir l’évaluation environnementale du projet.

Impacts sur les cours d’eau

Le grand chef soutient qu’il n’a pas été consulté dans cette affaire et que c’est le groupe Action Champlain qui lui a appris le projet de construction de la cimenterie. Cependant, il rapporte que Colacem lui a indiqué qu’elle les a consultés en 2018, à l’époque où M. Akwirente Bonspille n’était pas aux commandes de la communauté mohawk. «J’étais au conseil à ce moment-là et je n’ai aucun souvenir ni preuve d’une consultation», dit-il.

Colacem lui a répondu avoir informé toutes les communautés autochtones dans un rayon de 200 km du site. La communauté mohawk d’Akwesasne, voisin de Cornwall, dit ne pas avoir été consultée non plus, mais ne veut pas commenter le sujet.

Les rejets dans l’air et dans l’eau de la cimenterie pourraient contaminer les poissons de la rivière des Outaouais et son eau, qui se rend jusqu’à la réserve de Kanesatake, selon le grand chef.

Colacem n’a pas répondu aux demandes d’entrevues du Droit.

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Photos

L’usine Colacem à Champlain. (David Boily, La Presse)

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  • Date de création 24 mars, 2023
  • Dernière mise à jour 24 mars, 2023
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