Une plaque pour immortaliser l’histoire de l’école St-Louis-de-Gonzague

Le Réseau d’action communautaire (RAC) de la haute-ville a poursuivi ses efforts de protection de l’ancienne école St-Louis-de-Gonzague. Reconnu comme édifice patrimonial en 2020 par la Ville du Grand Sudbury, une plaque de la Fiducie du patrimoine ontarien (FPO) sera installée devant la première école élémentaire de langue française de Sudbury le 25 septembre.

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Julien Cayouette

IJL – Réseau.Presse – Le Voyageur

 

Il y aura une cérémonie officielle de dévoilement de la plaque à 13 h au Sudbury Indie Cinema Co-op (juste derrière l’école au 162, rue Mackenzie). La plaque sera installée devant l’école «le côté français face [à la rue]», promet la présidente du RAC de la haute-ville, Cortney St-Jean.

«On voulait avoir quelque chose qui pouvait être mis devant l’école pour démontrer l’importance de cet édifice», dit-elle. Un employé de la Ville leur a conseillé de faire une demande auprès du FPO. Leur demande a été approuvée en janvier 2022. Le temps d’avoir la permission du propriétaire pour installer la plaque et écrire le texte, la plaque peut enfin être installée dans le cadre de la Journée des Franco-Ontariennes et des Franco-Ontariens.

Mme St-Jean rappelle que Sudbury a très peu de bâtiments historiques. «C’est la plus vieille école encore debout dans la ville. On a perdu l’école St. Aloysius, qui était derrière St-Louis-de-Gonzague, qui a été démolie. On a perdu l’orphelinat d’Youville. On a déjà perdu assez des édifices historiques importants dans notre quartier. Aussi, c’est le coin le plus visible du quartier.»

Une plaque, ce n’est pas si simple

Le chemin pour se rendre à cet évènement a été long. Le propriétaire de l’édifice, Autumnwood Group (une filière de Dalron), a décrit ses projets au RAC en 2019. Mme St-Jean se souvient qu’ils ne voulaient pas démolir l’édifice, mais ils auraient changé la façade et fait disparaitre les deux entrées iconiques

Rapidement, le RAC s’est mobilisé pour voir s’il serait possible de protéger au moins l’apparence extérieure — qui compte quelques éléments d’architecture uniques à Sudbury — afin d’éviter l’élévation d’une façade trop moderne qui ne respecte pas l’architecture du quartier.

À travers leurs recherches et leurs sondages, ils ont recueilli beaucoup d'informations sur l’école et un appui solide des résidents du quartier et de plusieurs intervenants et organismes. 

Après avoir fait ses propres recherches, le conseil municipal a adopté la résolution faisant de l’école un bâtiment patrimonial en décembre 2020.

Importance culturelle francophone

L’école St-Louis-de-Gonzague a été construite en 1915 et a été au premier plan de la lutte silencieuse des Franco-Sudburois contre le Règlement 17. Elle a ensuite été un haut lieu de l’éducation en français à Sudbury jusqu’à sa fermeture en 1999.

«C’est vraiment important d’être reconnaissant de l’histoire de cet édifice. Ça va donner aux francophones et à tous les citoyens de notre ville un moment pour réfléchir et être fiers», avance Mme St-Jean. L’école est le symbole d’un grand effort des francophones pour protéger leur langue, donc important pour l’histoire et la culture franco-ontarienne.

Le projet a également une importance personnelle pour Mme St-Jean. Elle a grandi en français, mais, comme d’autres, le domaine d’étude qui l’intéressait n’était pas disponible dans sa langue. Sur le marché du travail, le français était aussi plus rare. Elle a voulu renouveler sa connexion à sa langue maternelle lorsqu’elle a eu des enfants. «Chez nous, c’est complètement en français. C’est facile de le perdre. Dans notre société, il y a tellement de pression pour parler en anglais.»

«On a cette chance d’apprendre le français et d’envoyer nos enfants à l’école française. C’est quelque chose pour lequel il a fallu se battre», rappelle-t-elle.

 

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[Encadré]

Le texte de la plaque a été écrit par l’historien Serge Dupuis

La protection des droits linguistiques et des droits à l'éducation a fait l'objet d'une lutte continue dans l'histoire franco-ontarienne. Alors que le Règlement 17 (1912-1927) interdit l'enseignement en français après la deuxième année du cycle primaire en Ontario, le Conseil des écoles séparées romaines catholiques de Sudbury (CESRCS) décide de séparer les élèves anglophones des élèves francophones en bâtissant en 1915 l'École séparée centrale : là, la minorité anglophone suit ses propres cours et la majorité francophone continue de recevoir une éducation en français entre des visites de l'inspecteur provincial. En 1923, l'école est rebaptisée Saint-Louis-de-Gonzague et accueille désormais uniquement des élèves franco-ontariens.

Après la suspension du Règlement 17 en 1927, les conseillers scolaires du CESRCS persuadent les responsables de la Sudbury High School de subventionner, entre 1930 et 1940, un programme catholique et bilingue de niveau secondaire à Saint-Louis-de-Gonzague. C'est un fait rare à l'époque à cause de l'interdiction du financement de tels programmes par la législation provinciale. En 1940, le programme en français de niveau secondaire est réduit à un simple cours de français, intégré au programme d'anglais ordinaire et transféré à la Sudbury High School; Saint-Louis reste une école élémentaire française par la suite. Bien que l'École Saint-Louis-de-Gonzague ait fermé ses portes en 2000, elle témoigne de la résistance passive des Franco-Ontariens face à la suppression de leur langue dans les écoles ontariennes, ainsi que des débuts de l'enseignement secondaire public en français, pleinement reconnu par la province en 1968.

 

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L’école St-Louis-de-Gonzague

Photos : Archives

 

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L’école St-Louis-de-Gonzague comporte des éléments architecturaux uniques à Sudbury. 

  • Nombre de fichiers 4
  • Date de création 20 septembre, 2023
  • Dernière mise à jour 18 septembre, 2023
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