Une peinture florale pour semer le bonheur

Isabel Mosseler

IJL – Réseau.Presse - Tribune : la Voix du Nipissing Ouest

L'artiste Raymonde Béland a contribué une nouvelle peinture murale au centre-ville de Sturgeon Falls, une œuvre lumineuse de fantaisie florale qui orne le magasin The Flower Shoppe, rue King. Mme Béland s’est lancée dans la création artistique tardivement, même si elle en rêvait depuis son enfance, et elle encourage les autres à ne pas attendre, comme elle, l’épuisement professionnel et l’âge avancé pour enfin donner libre cours à leur envie de créer. Elle vante les bienfaits de l’expression artistique, qui l’ont aidé à surmonter son épuisement et à s’épanouir.

Mme Béland raconte que son initiation artistique s'est faite lors d'un voyage en Toscane, en compagnie d'un éminent artiste auprès duquel son frère suivait des cours. «À l'époque, je travaillais des heures folles, j'avais ma propre entreprise, et il m'a dit : «Je vais en Toscane, en Italie, pour peindre.» Quoi?» Elle a décidé qu'elle voulait y aller aussi. Le cours était complet, mais quelqu'un s'est cassé la jambe et une place s'est libérée. Mme Béland est donc partie, réalisant un rêve qu'elle avait refoulé depuis trop longtemps. En tant qu'aînée d'une famille de sept enfants, «qu'est-ce qu'on fait? On s’occupe des autres enfants, bien sûr. (...) Il n'y a pas d'argent pour [les loisirs de] tout le monde,» raconte-t-elle.

Mme Béland a grandi à Coniston, puis a déménagé à Montréal, et plus récemment à Sudbury pour s'occuper de sa mère, avant de s'installer à Sturgeon Falls. «Lorsque j'ai commencé à peindre, j'étais sur le point de prendre ma retraite. Ce n’était pas dans mes projets, c'est juste arrivé comme ça. Vous savez, quand le hasard n’est pas du hasard…». En tant que femme d'affaires, elle n'avait pas beaucoup de temps à consacrer à l'art. C’était donc tout nouveau pour elle, arrivée en Toscane, de se livrer entièrement à la peinture.

Dès son arrivée, elle était plongée dedans. Le professeur, dit elle, «n’enseigne pas vraiment. Il fait ce truc en disant, «bon, montez, posez toutes vos affaires, redescendez avec vos peintures, prenez les chevalets près de la porte, et nous partons sur le terrain.» Je n'avais jamais touché un pinceau! Je ne savais pas ce que je faisais. La grande blague de cette semaine-là, c'est que le premier jour, je voulais faire des nuages, alors j'ai mélangé du bleu et du blanc encore et encore et je n'obtenais pas la couleur que je voulais (...) Je voulais faire des nuages, le genre tout duveteux. Il s'est mis à rire en disant que ce n'était pas comme ça qu'on faisait des nuages. Mais je ne savais pas, je peignais juste ce que je voyais, et ce n'était pas très réussi! Il a fallu six mois pour que la peinture sèche, tellement il y avait de couches dessus,» raconte-t-elle en riant.

C'est ainsi que Mme Béland s'est familiarisée avec la peinture à l’huile. Elle a peint pendant sept jours, entre les visites touristiques, et son amour de l’art est né. De retour au Canada, elle a consacré encore 12 mois à son entreprise, s'épuisant à la tâche, avant de vendre et revenir dans le nord de l'Ontario pour aider ses parents.

Elle a suivi des cours avec différents artistes, à Sherbrooke puis à Sudbury. «J'ai pris des cours de dessin parce que je m'étais rendu compte que j'avais du mal avec les bâtiments (...) C'était en mars 2013, et je me suis inscrite au club d'art de Sudbury cette année-là.» Elle est devenue trésorière de l’Association des arts du Nord de l’Ontario. Ayant quitté Sudbury à l'âge de 19 ans, c’était un processus de redécouverte de la région et de son milieu artistique.

Ensuite, elle s'est remise à travailler – à l’excès. «Juste avant de déménager à Sturgeon, j'ai réalisé que j'étais complètement épuisée.» Elle s’est installée à Sturgeon Falls en avril 2021, pendant la pandémie. «C'est à ce moment-là que j'ai commencé à guérir. L'art a fait partie de cette guérison.» Elle pense que tout le monde peut profiter de l’art, peu importe le médium choisi, pour extérioriser ses émotions et retrouver un équilibre. À cette fin, elle ouvre les portes de son studio pour les artistes en herbes, peu importe leur âge.

Quant à la peinture murale au centre-ville, c’est une autre façon pour elle de semer la joie et l’optimisme dans sa nouvelle communauté. «J'ai fait 12 à 15 petites peintures pour les présenter [à la fleuriste] avant que nous nous mettions d'accord.» L'artiste voulait plus de couleurs que le rose souhaité par la propriétaire, voulant créer un contraste pour attirer l'œil. «J'y ai mis plus de 50 heures de préparation et l'une des choses qui en ressort, ce sont mes petits bonhommes.» Elle fait référence aux orchidées dans le tableau, qui semblent avoir un visage souriant - de petits personnages parmi les roses. «Ce sont en fait des petites fleurs, des orchidées. Ces petites fleurs donneront de la joie aux enfants et aux adultes qui passent devant,» prédit Mme Béland.

Elle a appelé son tableau Les Roses et les Pinks. «Je voulais que ce soit amusant pour tout le monde, même pour les petits enfants. C'est pourquoi il y a ces petites poupées [les orchidées] (…). Ces différents petits pyjamas et ces différents petits chapeaux, et j'ai mis des lunettes à l'une d'entre elles (...) C'est juste une peinture amusante, vivante et lumineuse.» L’entreprise voulait quelque chose qui reprenne ses couleurs et reflète son activité. Mme Béland a extrapolé à partir de là, en ajoutant un peu de fantaisie et d'humour. «Il y a quelque chose pour tout le monde dans cette peinture murale. (...) J'ai choisi les iris parce que je pouvais jouer avec eux, ça donne une impression de mouvement (...) J'ai fait les pois et les roses (...) et toutes les différentes sortes de petites marguerites en arrière-plan (...) Et puis les petites au fond, je les ai vues dans le champ de canola cet été en allant à Verner (...) Je suis satisfaite du résultat. J'ai commencé, j’ai effacé, j’ai recommencé… mais je suis satisfaite maintenant.»

Raymonde Béland est ravie de pouvoir contribuer à la scène artistique du centre-ville et vit maintenant une vie sereine et comblée grâce à l’art. «Il y a un besoin pour l'art, pour que les gens communiquent par les arts. (...) La vie est intéressante lorsqu’on apprend de nouvelles choses,» peu importe à quel âge.

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Photo : L’artiste Raymonde Béland dit que l’art l’a aidée à guérir de l’épuisement professionnel, et elle a voulu créer une œuvre joyeuse au centre-ville de Sturgeon Falls pour semer le bonheur chez les autres. Sa peinture murale, Les Rose et les Pinks, orne la façade du magasin The Flower Shoppe.  Photo : Isabel Mosseler

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  • Date de création 19 janvier, 2024
  • Dernière mise à jour 19 janvier, 2024
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