Une nouvelle réserve de conservation pour protéger les pruches du Canada

Conservation de la nature Canada annonce l’obtention d’une nouvelle aire protégée dans la région de Tatamagouche, qui comprend 13 hectares de pruches du Canada, une espèce menacée par le puceron lanigère de la pruche. 

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Jean-Philippe Giroux

IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Détecté pour la première fois en 2017 dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, le puceron lanigère de la pruche (PLP) est un insecte originaire de l’Asie, aussi minuscule qu’une pointe de crayon, qui dévore et est responsable de la mort des pruches du Canada, un arbre historique sur le territoire.

Depuis son arrivée, l’insecte envahit les forêts et cause des pertes considérables. Puisqu’ils n’ont pas de prédateurs naturels dans leurs nouveaux écosystèmes, ces ravageurs tuent des pruches à un rythme astronomique, en consommant les nutriments contenus dans leurs aiguilles. 

Parcs Canada avertit la population que la grande majorité des pruches du sud-ouest, soit jusqu’à 80 % d’entre elles, vont disparaitre d’ici 2030, si rien n’est fait pour arrêter la propagation de la PLP.

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Même si l’espèce est actuellement contenue dans le sud de la province, Conservation de la nature Canada (CNC) sait que ce n'est qu'une question de temps avant que l'insecte, «qui se déplacent à un rythme alarmant», trouve son chemin vers le nord.

L’équipe provinciale va garder l'œil sur l’aire pour protéger les pruches ainsi que les oiseaux et les animaux qui habitent la forêt.

«Cette espèce a causé suffisamment de dégâts dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Bien souvent, lorsqu'on se rend compte de sa présence, il est presque trop tard pour sauver les arbres», explique Jaimee Dupont Morozoff, directrice des programmes de CNC en Nouvelle-Écosse.

Le plan de CNC est de demeurer attentif afin de contrôler la situation, du moins dans la zone près du lac Mattatall. L’organisme travaille étroitement avec des professionnels de Parcs Canada et du gouvernement provincial afin d’établir les meilleures pratiques à long terme et de sensibiliser la population.

L’équipe de CNC prend de l’avance depuis l'obtention de la propriété. Des employés et bénévoles étaient sur place, le 25 mars, afin de marquer les arbres qui seront les plus vulnérables.

En 2022, 80 pruches victimes d’une invasion de la PLP ont été abattues dans et près du parc DeWolf de la municipalité régionale d'Halifax. Il a fallu environ trois semaines pour enlever les arbres.

Assurer son entretien 

La propriété de la famille Bonnyman, à l’orée du lac Mattatall, a été transmise de génération en génération. Mais ses nouveaux propriétaires, Angus Bonnyman et Michael Ashton, ont décidé d’en faire don à CNC, n’ayant pas d’enfants à qui laisser ce legs.

Après quelques années de discussion avec CNC, M. Bonnyman est content que la forêt soit maintenant entre les mains de l’organisation.

Il dit qu’il suit de près la stratégie provinciale en matière de foresterie durable - qui inclut la désignation de zones de conservation sur les terres de la Couronne - et voulait contribuer à la cause.

Le don du territoire a également été motivé par la propagation de la PLP. «On n'était pas en mesure [d'agir]. On n’avait pas les ressources ni le personnel, rien pour prendre les mesures nécessaires pour le préserver», explique M. Bonnyman. C’était donc le bon moment pour le faire, selon lui.

Il exhorte la population à être plus vigilante et à ne pas déplacer le bois de chauffage d’une zone à l’autre, car il s’agit de la raison la plus commune de l’introduction des ravageurs.

À moins d’obtenir un permis de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, il est interdit de déplacer du bois de chauffage en dehors des zones réglementées de la Nouvelle-Écosse.

Protéger la propriété

«Ils voulaient s'assurer que la forêt allait être protégée», déclare Jaimee Dupont Morozoff, tant de la PLP et des ouragans que des projets de développement et de construction de chalets.

«Il y a beaucoup de pression pour le développement dans cette région, donc en donnant ces terres à CNC, on s'assure qu'elles resteront, qu'elles seront protégées», précise la directrice.

L’aire de conservation assurera la conservation des habitats naturels de diverses espèces, dont l’ours noir, le pygargue à tête blanche et des oiseaux forestiers comme le pioui de l’Est.

Hemlock Hill au lac Mattatall, le nom officiel de la réserve, inclut 37 hectares de terrains. Près de trois quarts de la superficie abrite une forêt acadienne (wabanaki). On y trouve également des écosystèmes d’eaux intérieures, de milieux humides et de tourbières boisées.

«La protection de tels écosystèmes permet de mettre à profit des solutions fondées sur la nature, comme la filtration et l’absorption de l’eau, ce qui en retour, profite aux collectivités situées en aval», précise CNC dans un communiqué de presse.

Le gouvernement fédéral souhaite conserver 30 % des terres et des eaux au pays d’ici 2030. Depuis la fin de 2022, 13,6 % du territoire terrestre, dont 12,7 % dans des aires protégées, et 14,7 % du territoire marin sont conservés.

Halifax a pour objectif de conserver 20 % de ses eaux et terres d’ici 2030. Depuis 2023, 13 % des zones de la province sont sous protection.

  • Nombre de fichiers 5
  • Date de création 2 avril, 2024
  • Dernière mise à jour 2 avril, 2024
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