Une nouvelle catégorie francophone aux Prix MusicNL

Pour la 31ème édition de la Semaine MusicNL qui se déroulera du 18 au 21 octobre prochains, l’industrie musicale MusicNL a annoncé en août dernier la création d’une nouvelle catégorie de prix «artistes/groupes francophones de l’année». Retour sur cette nouveauté dans l’industrie musicale de Terre-Neuve-et-Labrador.

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Coline Tisserand

IJL - Réseau.Presse - Le Gaboteur - ATL

Lors de la conférence de presse de MusicNL du 30 août dernier, qui a dévoilé les nominations aux divers Prix MusicNL 2023, l’auteure-compositrice-interprète bilingue Colleen Power a interprété une chanson tirée de son album Le bonheur Domestique pour souligner cette nouvelle catégorie francophone. «Quand j’ai sorti mes albums en français Terre-Neuvienne et Bonheur domestique, il n'y avait aucun endroit, aucune sorte de plateforme pour en faire la promotion à Terre-Neuve-et-Labrador. Alors je suis ravie qu'il y ait une nouvelle catégorie de prix francophone!» a-t-elle souligné avant d’entamer sa chanson «Heureuse pas riche».

Selon la coordinatrice du Réseau culturel francophone de Terre-Neuve-et-Labrador (RCFTNL) Agnès Mamet, ce Prix MusicNL francophone tombe à point: «En ce moment, il y a une vraie énergie et un vrai appétit autour des artistes francophones dans la province. C’est un point positif et une vague sur laquelle il faut surfer!». D’où l’importance pour madame Mamet que le RCFTNL accompagne les artistes de la province qui chantent en français, que ce soient des artistes établis ou émergents. «Il est important de leur offrir les ressources nécessaires. [...] Le Réseau travaille aussi avec la jeunesse, pour assurer la relève artistique en français», souligne-t-elle.

«Un vrai élan créatif»

Le Prix «artistes/groupes francophones de l’année», financé par la RCFTNL, met en lumière de tout nouveaux visages de la scène musicale francophone avec les nominations de Ben’s Ekman Spiral, Liz Fagan, Louise Gauthier et le duo Port-Aux-Poutines. Tous les nominés se sont fait connaître durant la dernière année lors d'événements musicaux, comme le festival Folk.

«Il y a un vrai élan créatif en ce moment avec des nouveaux groupes qui apparaissent et ont le projet de composer et de sortir de nouveaux albums», observe, enthousiaste, la coordinatrice du RCFTNL. Si plusieurs facteurs peuvent expliquer ce bouillonnement artistique, Agnès Mamet pense que les projets et formations offerts ces dernières années par le Réseau y sont pour quelque chose. «Le travail de la RCTNL, notamment des initiatives mises en place par l’ancienne coordinatrice Nathalie Gagnon, commence à porter ses fruits. Je pense par exemple aux ateliers d’écriture de chansons, [...] ou encore au programme Jamais Trop Tôt qui s’adresse aux jeunes francophones [de 14 à 17 ans]», explique-t-elle.

Créer en français

L’idée d’une catégorie dédiée aux artistes francophones a surgi chez l’association MusicNL après un coup de fil d’un membre de MusicNL, Adrian House. «Et si vous créiez un prix francophone?», a suggéré l’artiste terre-neuvien bilingue, très investi sur la scène musicale francophone de la province. «Nous n'avions aucune raison de ne pas le faire», indique Rhonda Tulk-Lane, directrice générale de MusicNL. «D’ailleurs, on s’est demandé pourquoi nous ne l'avions pas fait avant. De plus, nous avons maintenant un nombre croissant d’artistes francophones ou qui composent en français parmi nos membres, donc c’était le bon moment, tout était aligné pour créer ce prix. [...] Nous sommes donc ravis d’avoir quatre nominés pour cette première année!», poursuit-elle.

MusicNL a donc concrétisé ce «et si?» avec notamment le soutien de Agnès Mamet pour définir les critères d’éligibilité du prix. Il a ainsi été décidé d’inclure les groupes francophones dans cette catégorie – et pas seulement les artistes solos – , mais également des artistes, comme le nominé Ben’s Ekman Spiral – qui composent de la musique instrumentale.

Qu’en est-il du terme «francophone»? Inclut-il au prix seulement les personnes qui ont le français comme langue première ou les non-francophones qui parlent aussi français? «On s’est posé la question [et] on a décidé que ce n’était pas nécessaire de faire la différence entre les deux», dit la coordinatrice du RCFTNL. «Si l’artiste compose en français et qu’il ou elle vit des choses en français et dans la communauté francophone, alors pourquoi l’exclure [de la catégorie francophone]? Cela ne change pas grand-chose, tant que la création est en français», poursuit Agnès Mamet, en prenant l’exemple de l’artiste Adrian House.

Tremplin musical

Les artistes en lice accueillent en tout cas ce Prix MusicNL avec un certain enthousiasme. Pour Liz Fagan, la création de ce prix est incroyable et excellente. «Cela faisait longtemps qu’on attendait ce prix!». Le groupe Port-aux-Poutines souligne que c’est une très belle initiative qui permet de mettre en valeur les nombreux talents de la scène francophone. Louise Gauthier ajoute que le prix donne la chance de se faire connaître dans la province et soutient le développement de sa carrière artistique. Ben’s Ekman Spiral souligne que cette création est une bonne chose, tant que cela ne devienne pas une catégorie «fourre-tout» en termes de genres musicaux. «À voir donc comment cette catégorie évoluera avec le temps», précise-t-il.

Selon la coordinatrice du RCFTNL, le nouveau prix représente dans tous les cas une vraie avancée dans le milieu musical. «C’est un vrai tremplin qui donne de la visibilité aux artistes francophones, tout en leur donnant aussi une place parmi le reste de la scène musicale.» Elle indique que le risque d’un tel prix aurait été de limiter et circonscrire les nominés dans une sorte de bulle francophone en dehors du reste des artistes, mais elle observe que ce n’est pas le cas.

«MusicNL a vraiment joué le jeu, notamment en nommant certains artistes francophones dans d’autres catégories.» Ainsi, Ben’s Ekman Spiral est également en nomination pour le Prix musique instrumentale et Port-Aux-Poutines dans la catégorie Artiste celtique/traditionnel de l'année.

Rhonda Tulk-Lane indique que MusicNL est très attentif à cette question. «Quand on a un groupe en milieu minoritaire qui a besoin de notre soutien, une catégorie dédiée est un coup de pouce pour grandir jusqu'à obtenir le nombre et la croissance dont il a besoin», dit-elle en prenant l’exemple des Prix Artiste/groupe de musique mondiale de l'année et Artiste autochtone de l'année. Ces catégories spéciales peuvent être donc temporaires et retirées une fois que ces artistes ont réussi à grandir.

Il faudra en tout cas attendre la Semaine MusicNL, qui se tiendra du 18 au 21 octobre, pour connaître le ou la récipiendaire de Prix 2023 «artistes/groupes francophones de l’année». En attendant, le public de St. John’s a pu découvrir trois des finalistes – Louise Gauthier ne pouvant pas faire le déplacement depuis Corner Brook – le 20 septembre dernier au pub The Ship lors de la Nuit francophone organisée par la NL Folk Arts Society en partenariat avec le RCFTNL.

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  • Nombre de fichiers 5
  • Date de création 9 octobre, 2023
  • Dernière mise à jour 10 octobre, 2023
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