Une journée de réconciliation à l’École acadienne de Pomquet 

L’École acadienne de Pomquet passe à l’action pour améliorer ses relations avec les membres de la Nation Mi'kmaq de Paqtnkek et contribuer à la réconciliation avec les peuples autochtones. 

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Jean-Philippe Giroux

IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

La journée de réconciliation, qui s’est déroulée le 15 novembre à l’École acadienne de Pomquet, a rassemblé autochtones et allochtones pour s’éduquer sur la culture et les expériences de l’autre.

Les élèves de Pomquet de la 3e à la 9e année ont rencontré des Aînées de la Nation Mi'kmaq de Paqtnkek, des survivants du pensionnat de Shubenacadie ainsi que les élèves de la 3e et 4e année de Paqtnkek.

L’école a comme objectif d’améliorer ses relations avec les membres de la communauté mi’kmaq. Au dire de l’enseignant Chris Demers, les élèves de Pomquet ont compris qu’il faut aller au-delà des excuses officielles pour construire un monde meilleur et réparer les dommages qui toucheront les prochaines générations d’autochtones.

« C’est une chose de s’excuser, c’est une autre chose de commencer à bâtir des liens avec les autres communautés », affirme l’enseignant.

M. Demers, qui se spécialise dans l’enseignement en plein air, a eu la tâche de créer un abri pour accueillir entre 150 et 200 participants pour l’événement extérieur.

Les élèves de Pomquet lui ont donné un coup de main en préparant de la nourriture, soit du fricot et du ragoût de viande d’orignal.

Danielle Root, coordinatrice des programmes et services mi'kmaq, mentionne avoir contribué au repas en apportant du Lu’skinikn, un pain mi’kmaq.

Elle était épatée de voir à quel point les jeunes ont fait preuve de leadership tout au long de la journée. « C’est un effort collectif, lance-t-elle. On ne fait pas ça tout seul. »

Au cours de la cérémonie officielle, les élèves de Pomquet de la 5e année ont chanté en chœur la chanson Wleyuti (Amazing Grace) et les jeunes de la 6e année ont présenté une toile de la réconciliation aux membres de l’école autochtone.

Il y a eu également des échanges de cadeaux et d’autres activités pour les jeunes, dont une chasse aux mots mi’kmaq.

Chanie Wenjack

Les participants ont assisté à une présentation sur la Fondation Downie Wenjack, organisme sans but lucratif fondé par Gord Downie de Tragically Hip avec l’appui de la famille Wenjack.

Il s’agit d’une fondation pour honorer l’héritage de Chanie Wenjack, un jeune Anishinaabe mort en 1966 en essayant de s’échapper de l’école résidentielle de Cecilia Jeffrey, près de Kenora, dans le nord-ouest de l’Ontario.

Ce dernier avait tenté de terminer un trajet d’environ 600 kilomètres à pied pour retrouver sa famille à Okoki Post. Son histoire a inspiré un mouvement national destiné à promouvoir la vérité et la réconciliation entre les populations autochtones et allochtones.

La Fondation Downie Wenjack est l'instigatrice du Programme des écoles héritées, dont l’École acadienne de Pomquet fait partie. Au cours du semestre, des élèves de Pomquet ont eu la chance d’en connaître davantage sur l’histoire des écoles résidentielles et des enjeux modernes qui touchent les peuples autochtones.

Les écoles héritées s’engagent à mener des gestes de réconciliation (réconciliACTION) à différents moments de l’année scolaire pour « rassembler les personnes autochtones et non autochtones dans un esprit de réconciliation pour sensibiliser, partager et apprendre ». 

Pour M. Demers, le but de l’événement du 15 novembre lui a permis « d’avoir la conscience tranquille sur le fait que mes élèves connaissent la vraie histoire du Canada et qu’ils sont prêts à se retrousser les manches pour rectifier la situation ».

Il dit que l’école planifie d’organiser cet hiver une activité de pêche sur la glace pour unir les membres des communautés autochtones et allochtones.

Préservation de la langue 

L’École acadienne de Pomquet a eu l’honneur d'accueillir le Dr Bernie Francis, linguiste, musicien et cofondateur du système d'orthographe mi'kmaq Smith-Francis. Cette orthographe est la plus largement reconnue par les Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse. 

Depuis 2021, les jeunes du primaire à la 4e année de la Nation Mi'kmaq de Paqtnkek peuvent aller à leur propre école où ils apprennent le mi’kmaq.

Chris Demers voit un lien important à souligner entre la lutte acadienne et la lutte autochtone, notamment en ce qui concerne la protection de la langue.

« On vit dans la même situation aussi parce que, si on n'avait pas nos écoles françaises, ça serait difficile de ne pas se faire assimiler », explique l’enseignant.

Il est d’avis qu’il faut encourager les autres groupes minoritaires à faire comme les Acadiens pour s’assurer que les prochaines générations ne perdront pas leur langue et leur culture, mais aussi leur philosophie et leur vision du monde.

« Il y a des choses dans la langue [mi’kmaq] qu’on ne peut pas traduire et des concepts qu’on ne peut pas mettre dans une autre langue », précise Danielle Root.

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  • Date de création 13 décembre, 2022
  • Dernière mise à jour 13 décembre, 2022
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