Une initiative pour préserver le saumon sauvage à Chéticamp

Le gouvernement a annoncé, le 16 octobre, un financement de 75 000 $ pour la protection du saumon et de la truite dans la rivière de Chéticamp, un foyer d’espèces de saumon atlantique en voie de disparition.  

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Farida Agogno 

IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse - Atl

Cet investissement provient du Fonds pour le défi des collectivités durables, créé en octobre 2021. La protection du saumon s’inscrit dans la mission de la province de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de répondre au changement climatique.

Le Courrier n’a pas pu obtenir de commentaires du ministère de l’Environnement et du Changement climatique avant la date tombée de cet article.

L’Association de saumon de la rivière de Chéticamp (ASRC) utilisera ce financement pour effectuer le travail de protection. L’ASRC a été créée en 1981 avec la mission d'améliorer la pêche du saumon dans les rivières de la région.

Selon René Aucoin, président de l’association et l’un de ses fondateurs, le mandat de l’ASRC a changé ces dernières décennies à cause du déclin du saumon. Elle s’est donc réorientée vers la conservation et l'amélioration de l’habitat.

La somme de 75 000 $ permettra de créer un meilleur foyer pour les poissons et d’améliorer leur déplacement, qui s’est compliqué à cause des conditions météorologiques en changement depuis ces dernières années.

M. Aucoin explique que les bassins du Cap-Breton sont particuliers par rapport à ceux du reste de la province. Les géologies montagneuses et calcaires font que le potentiel d'Hydrogène (pH) de l’eau est significatif et neutre.

Le pH au Cap-Breton s’élève à 7 tandis, mais plus l’on descend au sud de la province et sur la côte de l’Atlantique, plus le pH diminue et varie aux alentour de 4 ou 4.5, ce qui est mortel pour les espèces comme le saumon dans les rivières de l’Atlantique, explique le président.

Une autre particularité qu’il évoque est le fait qu’au Cap-Breton, il n’y a pas beaucoup de développement industriel ou agricole. Donc, l'environnement rural de la région est un avantage.

Mais les changements climatiques menacent la vitalité des poissons dans les rivières, avertit M. Aucoin. « La truite, le saumon de l’Atlantique et d’autres espèces subissent les nombreuses répercussions du changement climatique. L’un de ces défis est l’élargissement des berges des rivières, qui deviennent larges et moins profondes, et la chaleur du soleil ne cesse de mettre en péril la vie des saumons. »

Voilà pourquoi l’ASRC a commencé l'année dernière un projet avec la Margaree Salmon Association et la Fédération du saumon atlantique appelé Bassin versant - saumon sauvage. Ce dernier, qui vise l'amélioration du maintien d’un habitat sain pour les poissons, touchera la rivière de Margaree et celle de Chéticamp.

Une partie des 75 000 $ investis ira à la planification et au recrutement d'experts pour déterminer où mettre les structures dans la rivière. L’autre partie aidera à les installer.

M. Aucoin mentionne qu’il existe différentes structures, mais les plus populaires sont les déflecteurs, et ce sont elles que l’équipe installe dans la rivière de Chéticamp.

« Ce sont des grosses roches placées à un certain angle, en descendant la rivière à 45 degrés. Donc, ça force la rivière à se rétrécir. On va les alterner à une certaine distance, calculée par le biologiste. On en installe depuis 2015 dans la rivière. On avait des endroits de la rivière qui étaient larges de 75 mètres et maintenant, ils sont à 35 mètres. Donc ça a beaucoup aidé jusqu'à cette date », ajoute-t-il.

M. Aucoin pense que ce financement est insuffisant, puisque l’association manque de ressources financières et rencontre des défis bureaucratiques. « Le monde ne comprend pas ce qu’on fait. Ils n’ont pas notre expérience dans le domaine. Donc, les approbations pour nos travaux prennent du temps, parfois plusieurs années », souligne-t-il.

Comme l’association est sans but lucratif, il affirme qu’elle n’a pas nécessairement de revenu tous les ans pour faire des demandes de fonds.

Quoique, le financement gouvernemental de cette année est une avancée. M. Aucoin espère que l’association recevra d'autres subventions pour continuer les travaux de rétrécissement du large de la rivière.

L’association souhaite également entreprendre des recherches afin de trouver des refuges d’eaux froides pour les poissons.

Le président rappelle que l’île du Cap-Breton abrite cinq rivières, dont la plus importante est Margaree. Il s’agit d’attractions touristiques avantageuses pour le Cap-Breton, car ces rivières attirent des milliers de pêcheurs tous les ans.

  • Nombre de fichiers 4
  • Date de création 3 novembre, 2023
  • Dernière mise à jour 3 novembre, 2023
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