Une immersion dans le monde politique pour quatre jeunes du Nunavut

La 12e édition du Parlement jeunesse pancanadien (PJP) a réuni près de 70 jeunes francophones âgés de 14 à 25 ans d’un peu partout au pays. Cette initiative de la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF) a permis à quatre Nunavummiut de se plonger dans l’univers de la politique.
__________
Karine Lavoie
IJL — Réseau.Presse — Le Nunavoix

Raymonde Talekang Lonla, Inez Canil, Kirsten Sessua et Princesse Siewe Vemo Sara ont débuté leur année en se rendant sur la Colline parlementaire d’Ottawa du 3 au 7 janvier dernier.

En participant au PJP, ces quatre jeunes ont vécu des simulations parlementaires en Chambre et ont pu débattre autour de projets de loi, tout en demeurant dans les lignes de leur parti.

L’expérience leur a aussi permis de découvrir la francophonie canadienne à travers les yeux de leurs pairs lors d’activités sociales.

Partager ses opinions

Âgée de 20 ans et étant la doyenne du groupe, Raymonde Talekang Lonla aime s’exprimer sur divers sujets et souhaitait vivre l’expérience du PJP.

Elle a apprécié le contact des jeunes de partout au pays, lui donnant l’occasion d’entendre des avis variés basés sur des expériences personnelles.

Native du Cameroun, où le français est majoritaire, Raymonde Talekang Lonla a pu partager son expérience en tant que jeune femme noire n’étant pas née dans un milieu francophone minoritaire.

Pour sa part, la jeune Princesse Siewe Vemo Sara présente un intérêt pour les professions qui touchent à la défense des droits.

« Ce qui m’intéresse le plus à propos de la politique, c’est de pouvoir parler de sujets qui nous affectent tous partout dans le monde, comme l’éducation ou les guerres [et] de pouvoir avoir un point de vue et des avis différents sur ces faits-là », explique-t-elle.

L’événement a débuté par une journée de formation sur le comportement à adopter à la Chambre du Sénat du Canada pour connaître, entre autres, la façon de prendre la parole ou de communiquer avec une autre personne.

Un premier projet de loi durant lequel aucun avis n’a été donné a d’abord été présenté en guise d’initiation.

Puis, il a été question de la péremption des lois.

« Le projet de loi disait que, normalement, les lois devraient avoir un temps de péremption, c’est-à-dire quand ce n’est plus dans la même situation éco-historique ou dans les mêmes circonstances, on doit la changer », explique Raymonde Talekang Lonla.

Il a aussi été discuté d’inclure davantage les jeunes de 7 à 14 ans puisque certaines décisions, comme celles sur le réchauffement climatique par exemple, auront un impact plus important sur cette tranche d’âge.

Un autre projet de loi concernait un changement radical pour l’écologie en proposant le transport en commun gratuitement et en abolissant tout ce qui utilise du pétrole, tel que les voitures et les avions.

Sur ce point, Raymonde Talekang Lonla a signifié son désaccord en soulignant la nécessité des avions concernant l’approvisionnement et les déplacements sur le territoire.

« En écrivant les lois généralement, les gens ne pensent pas au Nunavut », estime-t-elle

Kirsten Sessua a particulièrement aimé participer au projet de loi proposant de placer le Canada dans une « bulle », faisant en sorte que ce soit l’été tout au long de l’année.

« J’ai beaucoup aimé ce projet de loi parce que j’ai trouvé qu’il était plus clair et compréhensible que les deux autres projets de loi. J’ai également écrit un discours sur ce projet de loi, que les autres participants ont beaucoup apprécié », souligne-t-elle.

Renforcer la sécurité linguistique

Les journées de cet événement, que l’accompagnatrice des quatre participantes, Carine Siewe, qualifie de « haut de gamme », étaient plus que chargées avec un horaire débutant à 7 heures pour se terminer à 23 heures.

Carine Siewe se dit très fière de la représentation des jeunes du Nunavut au PJP.

« Elles ont démontré leur éloquence, leur assiduité, leur respect. Elles avaient un très bon comportement tout le temps et respectaient les règles », souligne-t-elle.

Les filles étaient aussi très engagées et dévouées et révisaient leur discours en soirée.

« J’ai beaucoup aimé l’opportunité de pouvoir présenter un amendement pour la première fois. J’étais très nerveuse de parler devant plus de 70 personnes, mais les membres de l’opposition m’ont beaucoup aidée et encouragée », affirme Kirsten Sessua.

Princesse Siewe Vemo Sara relève également que l’événement lui a permis de pratiquer ses compétences concernant la prise de parole en public.

De son côté, Inez Canil s’est adressée avec fierté à l’audience en inuktitut.

Se sentant d’abord un peu nerveuse, elle raconte que ses collègues l’ont aidé à trouver sa confiance et sa voix.

Son discours concernait le projet de loi qui proposait que le Canada soit dans une « bulle  » ; ce à quoi elle s’est opposée en raison de l’importance de l’hiver dans sa culture.

« J’espère que j’ai inspiré d’autres jeunes Inuit, Métis et/ou Premières Nations à parler leur langue. On doit être fier de qui on est », exprime-t-elle.

Carine Siewe a éprouvé un grand plaisir à constater que les voix des Nunavummiut étaient entendues et qu’elles permettaient à d’autres jeunes d’en apprendre davantage sur le territoire.

Tout au long de l’événement, l’accompagnatrice s’est sentie encouragée de voir que la jeunesse aimait la langue francophone et qu’elle souhaitait la préserver.

Selon Raymonde Talekang Lonla, l’expérience permet la création de liens avec d’autres jeunes, le renforcement de la sécurité linguistique et amène une fierté dans le fait d’être francophone.

Elle a joué en quelque sorte le rôle de « grande sœur » et se dit fière de ses collègues qui ont su prendre leur place au fil des jours.

Élue cheffe de l’opposition du Cabinet en prévision du PJP 2026, l’aventure se poursuit maintenant pour la jeune femme.

Donner une voix à la jeunesse franco-nunavoise

Nadine Petnkeu est l’une des fondatrices du Comité jeunesse francophone du Nunavut et œuvre pour la construction identitaire francophone des jeunes de la communauté. Elle considère que la participation des Nunavummiut au PJP est cruciale.

« Cette expérience offre aux jeunes une plateforme unique pour développer leurs compétences en leadership, élargir leurs perspectives et contribuer activement à la démocratie canadienne. La diversité des voix des jeunes du Nunavut enrichit les discussions et renforce l’inclusion, créant ainsi des opportunités significatives pour leur croissance personnelle et leur engagement civique », affirme-t-elle.

-30-

Photo 1
Crédit : PJP
Légende
Raymonde Talekang Lonla a été élue en tant que Cheffe de l'opposition officielle du Cabinet en prévision du PJP 2026.

Photo 2
Crédit : Carine Siewe
Légende
Lors de sa participation au PJP 2023, Inez Canil s’est adressée fièrement à l’audience en inuktitut. Elle espère avoir inspiré d’autres jeunes Inuit, Métis et/ou Premières Nations à parler leur langue. « On doit être fier de qui on est », exprime-t-elle.

Photo 3
Crédit : Courtoisie
Légende
Âgée de 20 ans, Raymonde Talekang Lonla était la doyenne du groupe lors du PJP 2023.

  • Nombre de fichiers 4
  • Date de création 31 janvier, 2023
  • Dernière mise à jour 22 février, 2024
error: Contenu protégé, veuillez télécharger l\'article