Une fresque honore les Sept enseignements sacrés

Isabel Mosseler

IJL – Réseau.Presse

Tribune : la voix du Nipissing Oues

Une nouvelle fresque murale orne la clôture bordant la fontaine publique le long de la rue King à Sturgeon Falls, celle-ci dépeignant les Sept enseignements sacrés, transmis de génération en génération depuis des milliers d’années par les peuples autochtones. Juliana «Jules» Armstrong, enseignante à l’école publique Whitewoods, a créé la fresque avec ses élèves des 7e et 8e années du cours de langue Anishinabemowin. Le 10 août, la fresque a été dévoilée par l’enseignante-artiste et la coordonnatrice du projet des fresques murales à Sturgeon Falls, Gayle Primeau.

Mme Armstrong est membre de la Première nation Nipissing et elle est déjà bien connue comme artiste, auteure, illustratrice et gardienne de la langue. Elle a vécu dans plusieurs communautés au cours des années, ce qui lui a permis de connaître les diverses traditions et les enseignements variés, puis d’en dénicher les points communs. «Je suis née à Attawapiskat, puis nous avons déménagé à l’île Christian puis à la première nation Beausoleil, puis j’ai travaillé dans le nord où j’ai vécu avec les premières nations du lac Kasabonika et du lac North Spirit… Au cours des années, j’ai reçu beaucoup d’enseignements, très similaires, et je voulais partager ça d’une façon dont les gens de tous les âges pourraient bénéficier.»

Cela fait partie de son travail comme enseignante de la langue, bien sûr. «C’est l’un des aspects les plus importants de ma vie. Je n’ai pas toujours été aussi fière de mon identité et c’est seulement lorsque j’ai eu mes enfants que c’est devenu important au jour le jour. Il fallait que je vive de manière à honorer qui je suis afin que mes enfants n’aient jamais à avoir honte, pour qu’ils soient fiers de leur identité aussi. (…) Il m’a fallu 31 ans pour décider que c’était précieux et il fallait que je m’y accroche avant de le perdre.»

Cette nouvelle fresque au centre-ville de Sturgeon Falls est une expression de cette identité et des enseignements qui l’ont nourrie spirituellement. «J’ai commencé à la maison à tout préparer, à faire le fond, puis c’est devenu un projet de classe alors les élèves ont offert des idées et nous l’avons conçu ensemble, en groupe. J’ai fait l’esquisse de l’image finale en consultation avec eux, ensuite nous avons joué avec les couleurs. Chacun avait la même image et y ajoutait ses couleurs, puis nous avons tout réuni pour choisir en groupe ce que nous voulions créer, puis nous l’avons mis sur les panneaux en bois, l’esquisse d’abord et puis la peinture, tour à tour. (…) Nous avons commencé à Noël et nous y avons travaillé jusqu’au dernier jour d’école.»

Mme Armstrong a été agréablement surprise devant l’enthousiasme des participants et même de la communauté scolaire entière. «J’avais des élèves des autres classes qui disaient «est-ce que je peux prendre le cours d’ojibwé l’an prochain pour pouvoir faire ça?» C’était bon pour l’école de voir ce projet évoluer; les élèves le voyaient et le personnel voyait le progrès, et tout le monde se sentait impliqué.»

Maintenant, c’est toute la collectivité locale qui pourra en profiter, et c’est source de fierté pour les jeunes. «Ils vont être fiers d’avoir participé à cette œuvre qui est là, à la vue de tous.»

La fresque est formée de 3 panneaux de 1,2 x 2,4 mètres, fixés à l’horizontal pour une largeur totale de plus de 7 mètres. Elle représente les animaux associés aux Sept enseignements sacrés, reflétant les vertus de la Vérité (Debwewin), le Respect (Minwaadendamowin), l’Honnêteté (Gwayakwaadiziwin), l’Humilité (Dabasenimowin), la Sagesse (Nibwaakaawin), le Courage (Aakode’ewin) et l’Amour (Zaagi’idiwin). «Nous avons choisi de mettre les animaux liés aux enseignements dans la fresque, 3 de chaque côtés, représentant 6 des 7 enseignements. Au milieu, il y a deux personnes qui font une purification pour représenter l’Humilité, au lieu du sasquatch traditionnel. Nous avons choisi d’inclure des humains pour représenter l’humanité dans son ensemble.»

L’artiste est satisfaite du résultat. «J’ai vraiment aimé le processus, c’était une belle expérience et j’ai aimé le faire avec mes élèves. J’étais réticente à le faire toute seule par manque de temps et d’espace. Lorsque j’ai eu l’idée de le faire comme projet de classe, j’étais emballée tout d’un coup. Je cherche toujours des moyens de rendre les cours passionnants pour les élèves.» Elle serait même prête à recommencer. «Je suis reconnaissante envers Gayle [Primeau] de nous avoir donné cette opportunité et d’avoir été aussi patiente avec moi.»

Cette patience a été bien récompensée, car le Nipissing Ouest a maintenant une nouvelle œuvre d’art à admirer grâce aux talents de Jules Armstrong et ses élèves.

  • Nombre de fichiers 2
  • Date de création 19 août, 2022
  • Dernière mise à jour 19 août, 2022
error: Contenu protégé, veuillez télécharger l\'article