Un premier mandat au conseil municipal, un mandat d’apprentissage

La période de mise en candidature pour les élections municipales et scolaires prend fin le 19 aout. Quatre conseillers sortants interrogés à propos de leur premier mandat s’entendent sur une chose : la courbe d’apprentissage est importante. 

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Andréanne Joly

IJL – Réseau.Presse – Le Voyageur

 

Julien Boucher, qui est arrivé au conseil de Kapuskasing avec une liste en poche, s’est vite rendu compte que les changements ne s’opèreraient pas du jour au lendemain. Dans les premiers mois, il estime avoir fait beaucoup, «mais on n’accomplit pas tant de changements parce qu’il faut apprendre beaucoup de dossiers. Après, on peut commencer à faire bouger certaines choses.»

Conseillère sortante à Timmins et aspirante maire, Michelle Boileau, s’intéressait aux dossiers environnementaux lorsqu’elle a été élue en 2018. Elle a rapidement découvert de nombreuses initiatives étaient en cours. 

Ses collègues nouvellement élus ont aussi constaté tout le travail qui se fait dans les bureaux de la Ville. «On a tous pris un recul», partage-t-elle. Plutôt que de penser qu’on va rentrer là, tout changer, peut-être qu’on devrait apprendre ce qui se fait déjà, quels sont les plans par département.» 

Pour sa part, la Kapuskoise Guylaine Scherer s’est rendu compte que la machine municipale est complexe. «L’ampleur des structures m’a surpris.» Elle le voit d’un bon œil. «Tout est régit par un code de conduite, des politiques, des directives, des by-laws, des processus. […] Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de place pour la discussion, la réflexion, pour faire des changements. C’est juste un peu plus compliqué quand on veut faire les choses différemment et légalement.»

Un lien entre la communauté et le personnel 

«Les gens s’imaginent qu’on a une grande flexibilité dans ce qu’on peut faire. C’est plus compliqué que ça», poursuit la candidate. 

À Moonbeam, Jessica Demers souligne que le rôle d’un conseiller est bien différent aux yeux de la loi qu’aux yeux du grand public. «On pense souvent qu’un conseiller est impliqué dans les opérations d’une communauté, dans les décisions sur l’embauche et l’utilisation du budget, illustre-t-elle. Mais notre rôle, c’est plus d’élaborer des politiques, de mettre des grandes lignes en place et de laisser les employés faire les choses.» 

Michelle Boileau utilise l’analogie du fil conducteur : le conseil est là pour «faire les liens entre les priorités du personnel municipal et les ressources dont il a besoin».

Le défi des communications

Jessica Demers estime cependant que ce rôle de liaison n’est pas à une contradiction près. Le public aime être informé, mais ne s’intéresse pas vraiment à la politique municipale. À Moonbeam, par exemple, seules deux ou trois personnes assistent aux rencontres du conseil, pourtant ouvert au public. «Alors il y a des décisions qui se prennent et le public n’est pas nécessairement informé», remarque-t-elle. Selon la candidate, ce n’est ni dans le mandat du personnel, ni dans celui des conseillers, d’assurer la communication. 

Julien Boucher cite l’exemple des taxes sur l’eau, à Kapuskasing. Au début du mandat, la facturation se fondait sur la valeur foncière. Aujourd’hui, l’eau est payée à l’utilisation, et ce, dans toute la municipalité. «C’est plus juste, mais les gens voient une augmentation et ne voient pas nécessairement que ça a été enlevé de leurs taxes municipales. Ça a beau être partagé aux médias, sur la page Facebook, on voit que c’est un challenge de communiquer ces choses-là», explique-t-il.

Un engagement à sa mesure

En plus des rencontres régulières du conseil, il y a beaucoup de comités auxquels les conseillers sont affectés. Et chacun s’engage à sa mesure. 

Michelle Boileau et Julien Boucher font le même constat : «Tu peux juste te présenter au meeting, faire le meeting et rien d’autre, dit l’un. Des fois ça en prend plus que ça pour être vraiment au courant des décisions que tu prends», dit le conseiller Boucher. 

Mme Boileau ajoute : «Si tu demandes des informations, des mises à jour, ça peut être beaucoup plus exigeant, mais on peut en faire beaucoup plus aussi.»

Des ressources

Les élus ne sont pas sans ressources. Chacun des mandats commence avec des formations sur le traitement des eaux, entre autres. Julien Boucher rappelle les cas de Flint au Michigan et de Walkerton en Ontario, où l’eau a été contaminée. On a fait comprendre aux élus municipaux qu’ils sont les ultimes responsables de chacune des décisions du conseil et qu’elles peuvent les mener devant les tribunaux ou en prison. «Il y a certaines choses auxquelles on ne s’attend pas et, quand tu es élu, tu te dis : “Ok. Il ne faut pas faire n’importe quoi et [en] arriver là”.»

Aux formations qui viennent armer les élus, s’ajoutent les grandes conférences municipales. Michelle Boileau a eu la chance d’y rencontrer des élus d’ailleurs. «Ça m’a ouvert les yeux : les localités du Nord ont des réalités très semblables, on a des gros défis très semblables. Si on se concerte, on pourrait trouver de bonnes solutions. Il faut saisir ces occasions», croit l’aspirante maire.

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Les élections municipales et scolaires se dérouleront le 24 octobre en Ontario. Les intéressés ont jusqu’au 19 aout pour poser leur candidature.

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Les conseils d’un conseiller sortant 

Julien Boucher a décidé de ne pas renouveler son expérience au conseil municipal de Kapuskasing — du moins pas pour l’instant. Quels conseils donnerait-il à une personne qui souhaite se lancer en politique municipale?

Dresser une liste de choses à faire

«Si je me représente, je vais dresser une liste pour ne pas perdre de vue ce que je veux accomplir. Il ne faut peut-être pas avoir en tête que tout va changer [selon notre volonté]. Même si on est convaincus que c’est la bonne chose à faire, il faut prendre en considération les choix des autres conseillers. C’est arrivé plusieurs fois que l’idée que j’avais n’était pas partagée. Mais il faut avoir une liste et la modifier selon qui est autour de la table.»

Prendre son temps

«Quand j’ai été élu, Al Spacek [le maire sortant de Kapuskasing] m’avait dit de prendre le temps de me mettre au courant avant de faire des changements drastiques. Il y a toujours plus de facteurs à considérer que ce qu’on pense qui est le gros bon sens.» 

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Le conseiller municipal de Kapuskasing, Julien Boucher.

Photo : Courtoisie

 

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Jessica Demers et des participants au camp Ongrandi.

Photo : Courtoisie

 

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La conseillère municipal de Timmins, Michelle Boileau.

Photo : Courtoisie

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  • Date de création 10 août, 2022
  • Dernière mise à jour 10 août, 2022
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