Un premier lien entre deux établissements postsecondaires du «nord»
Un nouveau cours en bloc sur la nordicité sera offert conjointement par l’Université de Hearst et le Collège nordique francophone de Yellowknife. Ce partenariat permettra à l’université nord-ontarienne de prendre davantage sa place dans le monde de l’éducation postsecondaire et au collège des Territoire-du-Nord-Ouest de progresser dans son parcours pour devenir un établissement postsecondaire accrédité.
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Julien Cayouette
IJL – Réseau.Presse – Le Voyageur
Le cours en bloc de trois semaines s’intitule «La nordicité : approche transdisciplinaire des enjeux du Nord». Les deux premières semaines de théories seront offertes en ligne à partir du 12 juin et la dernière semaine se déroulera sur place, à Yellowknife. Elle coïncidera avec les festivités de la St-Jean. Les étudiants de l’Université de Hearst (UdeH) peuvent s’y inscrire comme cours au choix, mais tous les francophones du Canada, y compris ceux de Yellowknife, peuvent faire une demande pour l’une des 25 places disponibles.
«Un des points communs des deux organisations est d’appartenir au nord», explique le professeur de littérature et de sémiologie du programme interdisciplinaire en Études des enjeux humains et sociaux de l’UdeH, Stéphane Girard. Comme Hearst est considéré comme étant au sud par Yellowknife, cette différence de point de vue démontre que le nord est à la fois composé de définitions similaires et relatives, dans le sens où «le nord on le définit, on le comprend, on l’appréhende toujours en fonction de quelque chose d’autre», dit le professeur.
Le cours explorera justement ces différences par le biais de la transdisciplinarité. La nordicité sera étudiée par rapport à sa géographie, son histoire, ses communautés, sa culture, la politique… «Ce n’est pas uniquement à l’aune d’une seule discipline qu’on est capable de rendre compte de toute la complexité du nord», affirme M. Girard.
La troisième semaine répondra au critère expérientiel qui fait partie de la philosophie de l’UdeH. Sur place à Yellowknife, ils participeront aux célébrations de la St-Jean, visiteront l’Assemblée législative, des artisans autochtones, feront du canot sur le Grand lac des Esclaves, etc.
Les couts d’inscription sont les mêmes que pour un cours de l‘Université de Hearst. Il faut cependant prévoir débourser un montant supplémentaire pour le voyage à Yellowknife. L’Université utilisera un de ses fonds pour l’appui à l’apprentissage expérientiel afin de réduire le cout du déplacement et du logement pour les étudiants.
Sur la voie de l’accréditation
Le Collège nordique francophone (CNF) est, pour l’instant, un organisme à but non lucratif qui offre principalement de la formation en langues.
La première Loi sur l’éducation postsecondaire des Territoire-du-Nord-Ouest (T.-N.-O.) a été rendue publique en décembre 2022 et a ouvert la porte à la transformation du CNF. «On s’est fait confier le mandat par le gouvernement territorial de devenir un collège pleinement accrédité qui offre des diplômes et des certificats. C’est l’angle que l’on a utilisé pour obtenir notre financement», explique le directeur général du CNF, Patrick Arsenault.
Le CNF a reçu près de 5 millions $ sur trois ans provenant du gouvernement des T.-N.-O et des 121,3 millions $ que le gouvernement fédéral a investi dans l’éducation postsecondaire en milieu minoritaire.
Des partenariats avec Hearst et d’autres établissements — comme l’Université de l’Ontario français pour un cours de langue autochtone tłı̨chǫ et le Collège La Cité pour un programme en petite-enfance — ont été créés afin que le Collège développe son expertise et «démontrer au gouvernement territorial dans la prochaine année qu’on a atteint le niveau et réussi à prouver qu’on était capable de prendre notre envol et de devenir indépendant», dit M. Arsenault.
Lorsque l’objectif sera atteint — idéalement en 2024 —, le CNF pourrait devenir le premier établissement postsecondaire francophone accrédité au nord du 60e parallèle au monde. Avec leur nouvelle notoriété, ils espèrent aussi mieux faire connaitre les réalités des Territoires-du-Nord-Ouest aux Canadiens. «On trouve qu’on est un peu méconnu.»
Le CNF surveille l’UdeH depuis quelques années déjà. «Ils font les choses différemment, ils innovent beaucoup. Ils sont petits aussi, on se reconnaissait mieux dans une petite structure plus agile. Et eux aussi font une transition en ce moment», dit M. Arsenault en référence à la nouvelle indépendance de l’Université de Hearst.
Une première pour l’UdeH
Aussi bien pour Stéphane Girard que pour le recteur de l’UdeH, Luc Bussières, le sentiment d’être considéré comme un établissement du sud est étrange, car ils ont l’habitude d’être l’établissement du nord par rapport aux autres.
Pour M. Bussières, ce partenariat avec un autre petit établissement postsecondaire était tout naturel. Il a permis de signer une première entente avec une institution canadienne hors de l’Ontario. Il révèle qu’une autre entente sera bientôt dévoilée avec l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
«C’est devenu un peu la norme que les institutions aient plusieurs partenaires un peu partout. Parfois, c’est juste pour un programme, parfois c’est pour la mobilité des étudiants ou des profs», précise M. Bussières.
Il croit que le principal avantage de ce partenariat pour l’UdeH se compte en gain de notoriété et de visibilité. «On est en train de se faire connaitre sous un nouveau jour. L’Université à 70 ans cette année, mais là, on vole de nos propres ailes, on développe nos propres partenariats. On montre qu’on est un joueur intéressé à collaborer», explique-t-il. Lorsqu’elle relevait de l’Université Laurentienne à Sudbury, l’établissement de Hearst n’avait pas ce niveau de liberté.
Ce cours ne sera pas le dernier offert par l’UdeH et le CNF. L'entente initiale prévoit trois cours; celui-ci au printemps, un à l’automne et un à l’hiver 2024 avec l’option de continuer ou de modifier le partenariat pour la suite. Le sujet des prochains n’a pas encore été choisi et ils seront très probablement seulement offerts en ligne.
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Le recteur de l’UdeH, Luc Bussières — Photo : Courtoisie
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Le directeur général du CNF, Patrick Arsenault — Photo : Courtoisie
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Photo : Courtoisie
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Le campus de l’Université de Hearst — Photos : Archives Le Voyageur
- Nombre de fichiers 4
- Date de création 22 mars, 2023
- Dernière mise à jour 21 mars, 2023