Un premier foyer pour des sans-abri à Cornwall

En réaction à une situation d’itinérance qui s’empire de plus en plus dans sa municipalité, et après la mort tragique d’une dame dans un camp de sans-abri, la Ville de Cornwall annonce la mise sur pied d’un refuge temporaire pour les gens dans le besoin cet hiver.

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse –Le Droit

La Ville a loué l’ancien Manoir Parisien, situé au 439, rue Second Est, pour accommoder 20 personnes dans des chambres individuelles lors des soirées glaciales.

Ce résultat fait suite à plusieurs mois de démarches, notamment avec Centraide Stormont-Dundas & Glengarry.

«Ce type de projet n’est pas une solution qui réglera tout du jour au lendemain et il a pris du temps à démarrer. Nous avons dû identifier un emplacement, entamer des négociations avec les propriétaires, attendre que les réparations soient effectuées, acheter des meubles, coordonner le personnel et les ressources, et élaborer un plan d’exploitation et d’aménagement des gens», a commenté le maire de Cornwall, Justin Towndale.

Ce dernier convient qu’une certaine confusion régnait dans la communauté quant à leurs plans pour venir en aide aux itinérants à la recherche d’un toit cet hiver.

«Nous n’avons pas suffisamment bien communiqué nos projets actuels, ce qui a semé beaucoup de confusion. Nous n’avons pas commenté le plan hivernal, car franchement, nous ne le pouvions pas. La plupart des éléments sur lesquels nous travaillons doivent rester privés jusqu’à ce qu’ils soient prêts», a-t-il indiqué.

Or, la mort d’une femme de 67 ans dans un camp des sans-abri en fin de semaine dernière a secoué la communauté de la ville de l’Est ontarien. La cause de son décès n’a pas encore été confirmée par la police.

M. Towndale s’est dit «attristé» par le décès de Diane Herbert et a ajouté que cette «tragédie n’aurait dû jamais se produire».

«Elle méritait mieux. Nous l’avons laissé tomber. Je l’ai laissé tomber. En tant que maire, j’assume l’entière responsabilité de cet incident tragique qui s’est produit sous ma direction», a-t-il déclaré dans sa déclaration étonnante.

Encore des besoins

Bien que l’annonce d’un nouveau logement de 20 places temporaires répond à un certain besoin, la liste nominative des sans-abri s’élève actuellement à 122 individus selon les chiffres de la Ville. Plusieurs personnes sont sans logement, mais profitent de la générosité de certains pour se réfugier sous un toit (couchsurfing).

La Ville mentionne que les résidents qui vivent encore dans des campements et ceux qui se sont inscrits sur la liste nominative seront prioritaires pour l’obtention d’une chambre.

La propriété sera surveillée par des agents et des caméras de sécurité.

Dans l’immeuble, plusieurs agences locales fourniront de l’aide aux résidents, tels des services de toxicomanie, des soutiens en matière de santé mentale et de l’aide pour les besoins personnels.

Une aide attendue depuis longtemps

Les organismes sociaux de Cornwall ont poussé un soupir de soulagement à la suite de cette annonce. Oeuvrant au cœur du problème depuis quelques années, l’ouverture d’un foyer devenait nécessaire à leurs yeux.

«On est soulagé que la Ville fasse quelque chose, mais on aurait aimé des actions plus rapides, dit Taylor Seguin, directeur général du Centre 105, qui sert des déjeuners aux personnes dans le besoin. Ça aurait peut-être permis d’éviter cette tragédie [mort de Mme Hebert]. On espère que la conversation soit prise au sérieux et qu’il y ait un foyer en place à l’année.»

«J’aurais aimé que nous puissions avancer plus rapidement, explique le maire Towndale. Notre personnel des services sociaux, soutenu par d’autres départements, a fait de ce projet une priorité. Ils visitent également les campements au moins deux fois par semaine. Je sais que notre personnel des services sociaux a été en contact avec Mme Herbert à plusieurs reprises et lui a proposé des options de logement, ce qu’elle a refusé. Les gens ont parfaitement le droit d’être en colère et d’être bouleversés. Je le suis également.»

Bien que M. Seguin salue l’arrivée du logement temporaire, il rappelle que l’endroit ne sera toutefois pas suffisant pour accommoder tout le monde.

«Seulement au camp, il y a plus que 20 personnes dans le besoin», soulève-t-il.

La situation de pauvreté est relativement nouvelle à Cornwall, ajoute-t-il.

«Il y a quelques années, on a réalisé que le nombre de sans-abri augmentait, mais c’était encore très caché. C’est à partir de l’été dernier que la pauvreté est devenue visible pour la communauté. C’est majoritairement lié à l’augmentation du coût des loyers, qui était une aubaine avant à Cornwall. Les prix des loyers s’approchent de plus en plus de ceux d’Ottawa.»

De nombreux enjeux

De son côté, Tina Point voit la situation s’aggraver depuis plusieurs années.

Fondée il y a quatre ans, son association Unity Street Help se rend régulièrement au campement de sans-abri, situé aux abords du fleuve Saint-Laurent, pour offrir de l’aide.

«C’est un endroit difficile à vivre, relate-t-elle. C’est choquant que la Ville se réveille enfin. On dirait que la tragédie leur a ouvert les yeux. La Ville travaillait sur une aide, mais elle est arrivée trop tard. Mais bon, je vois le positif et je suis heureuse qu’on avance dans ce dossier.»

Dépendances aux substances, maladie mentale, trafic humain, Mme Point en voit de toutes les couleurs dans les camps. La situation a pris une telle ampleur qu’il reste de nombreux enjeux à couvrir pour régler le problème, relève-t-elle.

«Ça fait longtemps qu’on voit le besoin d’un foyer, surtout dans une ville de cette grandeur», affirme-t-elle.

Le personnel des services de logement de Cornwall tentera d’obtenir un logement permanent pour les résidents d’ici la fin du bail, d’une durée de sept mois.

L’ancienne école Vincent Massey, acquis par la Ville, pourrait servir de logement pour cette clientèle après l’hiver. Plus de détails seront fournis à ce sujet lors de la prochaine réunion du conseil municipal, le 14 novembre.

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Photos

Bien que l’annonce d’un nouveau logement de 20 places temporaires répond à un certain besoin, la liste nominative des sans-abri s’élève actuellement à 122 individus à Cornwall. (Tiré de Facebook)

Justin Towndale, maire de Cornwall. (LE DROIT, CHARLES FONTAINE)

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  • Date de création 13 novembre, 2023
  • Dernière mise à jour 13 novembre, 2023
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