Un Noël responsable avec des jouets en bois

Dans un marché largement dominé par les jouets en plastique, une réalité préoccupante se dessine : bon nombre d’entre eux aboutissent dans les sites d’enfouissement après une très courte durée de vie. À l’aube du temps des fêtes, les jouets en bois pourraient cependant constituer une excellente alternative. Leur attrait réside non seulement dans leurs qualités environnementales, mais aussi dans leurs avantages pour la santé et le développement cognitif des enfants.

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Gabrielle Audet-Michaud

IJL-RÉSEAU.PRESSE-LE FRANCO

L'ingénieur mécanique et père de famille, Anson Wong, s'est lancé dans la fabrication de jouets en bois en 2015. Ce qui avait d’abord débuté comme un simple projet scolaire est rapidement devenu une entreprise, Cubos, et une véritable vocation pour lui.

«Des études démontrent que près de 80% des jouets finissent à la poubelle à peine six mois après leur achat. Sachant que 90% de ces jouets sont fabriqués en plastique, cela représente une quantité massive de gaspillage. On accorde beaucoup d’attention aux fameux gobelets et pailles en plastique, mais ce problème est bien pire», analyse-t-il.

À ses débuts, son idée était donc de confectionner des jouets pouvant être passés de génération en génération, de sorte à réduire leur empreinte écologique et à lutter contre la surconsommation. Un modèle imparfait, cependant, puisqu’il nécessitait une production élevée pour être rentable. «Produire en grande quantité, vendre en masse, ça contredit un peu mes valeurs», confie Anson.

Plus récemment, l’entrepreneur a donc lancé des kits de développement pour enfants, disponibles en location et échangeables tous les trois mois. Cette initiative réduit non seulement le gaspillage, mais permet également aux tout-petits d'avoir des jouets adaptés à leur stade de développement cognitif. Ces jouets sont conçus pour stimuler leurs sens et encourager leur imagination.

«En produisant moins à grande échelle et en proposant une location, nous pouvons réduire les prix et adopter un modèle plus circulaire», souligne Anson.

En plus d'être durables, les jouets offerts par cet entrepreneur sont exempts de tout additif chimique, avec une finition à la cire d’abeille, une caractéristique qu’il juge primordiale, notamment pour les nourrissons. Il rappelle que les plastiques mous, en particulier le PVC, contiennent des phtalates qui sont extrêmement nocifs pour la santé, car ils contiennent notamment des perturbateurs endocriniens et métaboliques qui sont associés à des effets nuisibles sur le neurodéveloppement.

«Les normes de sécurité imposées aux fabricants de jouets contiennent encore de nombreuses lacunes en ce qui concerne les matériaux toxiques. J’ai voulu créer quelque chose qui est 100% sécuritaire. Le bois a cette qualité, c’est un matériau fantastique qui a des propriétés antibactériennes», explique Anson.

Jouer en bois plutôt qu’en plastique

Geneviève Bouthot, propriétaire de la garderie en milieu familial Ratatouille à Sherwood Park, a amorcé un virage vers les jouets en bois, il y a six ans. Elle cherchait à mettre à la disposition des enfants des jouets non toxiques qui pourraient favoriser leur créativité et être moins restrictifs que les figurines populaires de «Spiderman ou de Barbie», ces dernières étant très en vogue depuis la sortie du film éponyme à l'été 2023.

«Ce que je remarque, c’est que c’est vraiment une philosophie. On revient à l’essentiel. Le bois, c’est plus naturel, plus neutre, ça calme les enfants, c’est aussi beaucoup plus polyvalent», note-t-elle.

Dans sa garderie, des blocs en bois, des figurines sans visage, des formes colorées permettent aux enfants de construire des mondes et des jeux au gré de leurs envies et de leur imagination. Un cercle peut devenir un biscuit un jour, de la monnaie le lendemain, s'adaptant à leur créativité. «Nous évitons les objets figés comme la nourriture en plastique. Avec des triangles, des carrés et des cercles en bois, tout peut devenir autre chose», précise-t-elle.

Geneviève remarque que les enfants qui ont été habitués aux jouets en plastique ont tendance à avoir de la difficulté à jouer avec ces jouets en bois surtout lorsqu’ils n’ont pas de fonction précise. «Ils ne savent pas quoi faire, c’est fou, c’est comme s’ils ont perdu une partie de leur créativité», dit-elle.

Cette situation est cependant facilement récupérable. «Le truc, c’est de leur donner des pistes, leur montrer différentes options de jeu et, avec le temps, ils deviennent plus libres et sont capables de jouer seuls», ajoute l’éducatrice.

Elle rappelle, enfin, que bien que le bois soit plus écologique pour les jouets, son utilisation excessive peut encourager la déforestation. À l’instar d’Anson Wong, elle prône le concept du «moins, c’est mieux». «L’idée des jouets en bois, c’est aussi d’acheter moins. Je sais que c’est une mode en ce moment, mais il ne faut pas exagérer comme consommateur. Moi, j’essaie de trouver la majorité des jouets en bois de la garderie en seconde main», dit-elle.

  • Nombre de fichiers 6
  • Date de création 23 décembre, 2023
  • Dernière mise à jour 23 décembre, 2023
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