Un marché immobilier de plus en plus hors de portée

Une étude publiée par l’Association canadienne de l’immobilier (ACI) révèle que le cout moyen d’une maison à North Bay a grimpé de 85,8 % en cinq ans, passant de 220 000 $ en juin 2018 à 408 900 $ en juin 2023.

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Éric Boutilier

IJL – Réseau.Presse – Le Voyageur

 

Le montant du loyer d’un appartement est également à la hausse. En 2019, les locataires déboursaient en moyenne 921 $ par mois. Cette somme se chiffrait autour de 1062 $ en 2022.

Par ailleurs, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) rapporte une légère baisse du nombre d’unités locatives d’initiative privée dans la région, de 3144 à 3128. Ceci a entrainé une diminution du taux d’inoccupation qui est passé de 2,3 % à 2,1 %.

«C’est une question d’approvisionnement. Nous n’avons pas assez d’unités résidentielles pour aider tout le monde», explique la présidente de l’Association des propriétaires de logements du Moyen Nord, Tricia Marshall.

Une tempête parfaite

Il y a plusieurs facteurs qui expliquent la crise immobilière canadienne. 

L’élimination ou la réduction de programmes gouvernementaux pour faciliter la construction de nouveaux logements abordables, l’embourgeoisement de certains quartiers et l’émergence d’investissements spéculatifs sont des défis auxquels font face ceux et celles qui sont à la recherche d’un domicile.

Le manque d’unités locatives ne fait qu’accentuer le problème. 

«Durant la pandémie, plusieurs propriétaires de logements à North Bay et à Nipissing Ouest se sont retirés et ont vendu à des acheteurs venant de l’extérieur. Souvent, ces logements et duplex ont été convertis à des maisons unifamiliales et, conséquemment, ont été retirés du marché locatif», précise Mme Marshall. 

Des expériences communes pour des raisons différentes

Une résidente de Powassan, Amy Craft, note que les prix des loyers dépassent de loin la limite suggérée par les bonnes pratiques financières. «N’importe qui avec une seule source de revenus ne peut même pas se permettre de louer une chambre. Je serais chanceuse d’en trouver une pour 800 $ par mois, mais voilà un chèque de paie déjà partie», dit-elle. 

À deux paies par mois, cela signifie qu’environ 50 % du revenu net est consacré au loyer, alors que le gouvernement recommande de ne pas dépasser 35 % du revenu brut (avant impôt).

Pour ceux qui ont droit d’accéder à des logements abordables, la situation n’est pas plus facile. Ghislaine Shank de North Bay raconte qu’elle a dû déraciner ses quatre jeunes enfants de la ville où ils vivaient depuis huit ans afin de pouvoir accéder à un logement abordable. 

«En mai 2022, j’ai fait une demande pour un logement à North Bay et une autre dans un milieu autochtone, sans succès. Un an et demi plus tard, nous avons été approuvés pour une unité de trois chambres. Par contre, nous avons dû déménager de Mattawa. Mes enfants ont dû changer d’école et laisser derrière eux tout ce qu’ils connaissaient en raison d’un manque de logements abordables», raconte Mme Shank.

Les prix et la compétition peuvent également détruire des rêves. C’est le cas d’Allison Smith, qui cherchait une maison dans sa ville natale de Sturgeon Falls en 2021 pour se rapprocher de sa famille. «Il n’y avait pas de maison dans notre tranche de prix — 250 000 $ à 300 000 $ —qui répondait à tous nos besoins. Nous n’avions pas l’argent pour faire compétition aux gens qui déménageaient ici du Sud de l’Ontario. Nous avons été forcés de chercher ailleurs et nous avons acheté à Markstay», explique-t-elle.

Elle espère pouvoir déménager dans cinq ans, mais elle surveille les prix de l’immobilier et ça continue à grimper. «Pour être franche, ça ne parait pas être dans les cartes.»

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Complexe immobilier, North Bay (2).jpeg

Photo : Éric Boutilier

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  • Date de création 4 octobre, 2023
  • Dernière mise à jour 2 octobre, 2023
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