Un héritage historique qui demande plus qu’un festival

Le Flying Canoë Volant n’est pas inconnu des Edmontoniens. Ce qui l’est un peu plus, c’est le volet éducatif qui a eu lieu le mois d’avant. Celui-ci donne la part belle à l’histoire culturelle des communautés canadiennes-françaises, des Premières Nations et des Métis, tout en sensibilisant les nombreux jeunes qui se sont déplacés à La Cité francophone.

_____________________________

Véronique Vincent

IJL-RÉSEAU.PRESSE-LE FRANCO

Cette année, l’expérience est interactive et encourage donc la participation du public. Animé par Felice Gladue, animatrice métisse de Beaumont, et par Roger Dallaire, conteur canadien-français de Saint-Paul, le programme était riche d’histoire et d'enseignements.

Cette année, c’était Émilie Ringuette qui était la coordonnatrice des ateliers éducatifs du Flying Canoë Volant. Elle avait très hâte de reprendre cette programmation qui a dû être mise sur pause pendant les trois années de pandémie. «Les écoles sont très enthousiastes de participer à nos ateliers et ça se remplit très vite», partage celle qui est originaire de Bonnyville.

«Nous accueillons surtout des écoles d’immersion française, car c’est une programmation qui permet une immersion culturelle en lien avec le curriculum de l’Alberta.» Ces ateliers ne vont pas sans quelques difficultés. «Le plus grand défi de mon travail est de mesurer le niveau de français des différents groupes d’élèves, car il faut parfois que je jumelle des groupes de différentes écoles d’immersion.»

Laurie-Anne Lüchinger, originaire de Sherwood Park, est monitrice de langue française dans le cadre du programme Odyssée. Le 9 janvier dernier, elle a amené à La Cité francophone les 50 élèves d’immersion française de 7e année de l’école Sherwood Heights Junior High (Sherwood Park). Son expertise en animation et dans la préparation d’activités pour les élèves qui sont axées sur la communication orale en français et sur la culture francophone lui a permis d’apprécier amplement le travail effectué par les deux artistes présents ce jour-là.

«Les élèves ont adoré écouter, danser et chanter avec les animateurs!» Pour elle, la programmation était bien adaptée au niveau de français des élèves. «Ils ont bien compris puisque Felice parlait en anglais et Roger en français.»

Tawow

C’est en langue crie que Felice Glaude souhaite la bienvenue au public qui entre dans la salle transformée en musée interactif pour l’occasion. On y retrouve des objets liés aux traditions des Métis, à la traite des fourrures et aux pratiques des peuples des Premières Nations, en plus d’une tente de trappeur. «J’ai des membres de ma famille encore en vie qui ont grandi dans une tente comme celle-ci!» Un clin d'œil pour démontrer que son histoire n’est pas si ancienne malgré la perception des enfants.

La mère de Felice vient de Saint-Laurent, une communauté historique de la région de Rivière-Rouge au Manitoba. Son père, lui, est de la Barbade. Très fière de son héritage, Felice explique aux élèves ses origines canadiennes-françaises malgré qu’elle ne puisse pas s’exprimer dans sa langue maternelle. «Ma mère était francophone, mais l’utilisation de la langue a sauté une génération.» Citoyenne de Beaumont, elle est heureuse de voir ses propres enfants apprendre le français, «c'est quelque chose à célébrer!» De son côté, Felice redonne vie à la langue crie qu’elle voit se revitaliser au fil des années.

Elle estime d’ailleurs que c’est un grand plaisir de donner vie aux livres d’études sociales que les élèves étudient à l’école. «Je veux qu’ils sachent que ma culture est vivante et prospère.» Ainsi, lorsqu’elle prépare «du pemmican pour les lunchs de mes enfants, nous continuons d’avoir une relation avec notre terre et de pratiquer nos traditions».

Felice souhaite que les ateliers du Canoë Volant apportent de la joie et pique la curiosité chez les élèves. «En tant qu’animatrice, je me nourris de l'énergie de la foule et j'aime voir les enfants interagir, toucher et jouer avec les objets exposés.» Elle ajoute, «j'aime évoquer différentes émotions. J'aime parfois choquer les enfants, en particulier avec l'histoire de la création de l'Île de la Tortue!»

Un des moments forts que Felice a vécu, c’est lorsqu’un groupe d’élèves s’est mis à chanter la chanson Waniska. Une chanson crie en hommage au lever du jour et à la nature. «J'ai découvert qu'ils avaient appris cette chanson à l'école et ça m'a réchauffé le cœur de les entendre la chanter!»

Comme Felice, Roger Dallaire a beaucoup à cœur son héritage. «J’ai grandi en français à Saint-Paul en Alberta. Je trouve ça important de leur faire comprendre qu’il y a des gens qui vivent en français.» Lorsque Roger se présente aux élèves, il leur explique qu’il est «un conteur, un musicien et que je m'intéresse beaucoup à l’histoire!»

Guitare, accordéon et chansons pour conter l’histoire

Lorsque vient le tour de Roger Dallaire d’animer l’atelier, il le fait accompagné de sa guitare, de son accordéon et de son accent bien particulier. Il invite les jeunes à l’accompagner tout au long de sa prestation et à réfléchir sur l’Histoire avec un grand «h».

«Je fais comprendre aux enfants que non seulement il y a une histoire générale de la planète, mais il y a une histoire de nous, de la Nouvelle-France, des voyageurs», et ce, afin de comprendre et de vivre cette histoire. Il insiste sur le besoin d’être curieux pour mieux la vivre. «L’histoire des voyageurs, je voulais la comprendre et aussi la vivre», explique l’artiste. Pour ce faire, il a, dans le passé, entrepris un grand voyage en canoë jusqu’à la baie d’Hudson et il le présente sur grand écran.

Le conteur et chansonnier met tout en place pour que les jeunes comprennent ce pan de l’histoire qui les relie au présent. «Dans le curriculum, ils vont toucher à la traite des fourrures et j’espère qu’avec mon atelier, ils vont être plus intéressés et avoir plus d’images dans leur tête.»

Les activités et les informations partagées avec les élèves lors de ces ateliers «touchent vraiment au curriculum quand on parle de la traite des fourrures et de l’identité», assure-t-il. Lui aussi espère développer la curiosité de ces élèves afin que «cette curiosité puisse les inspirer à en apprendre plus sur les Premières Nations et les Métis et crée une ouverture d’esprit». De plus, il souhaite les encourager à explorer leur propre patrimoine culturel.

Et même si ces ateliers sont riches en connaissances, il dit «aux enfants qu’ils ne peuvent pas dire qu’ils sont venus au festival après être venus à la programmation scolaire! C’est tout autre chose!» D’ailleurs, il garde ses meilleurs contes pour les froides soirées du festival. Avant de partir, il encourage donc les élèves à venir au Flying Canoë Volant qui se déroule, cette année, du 1er au 4 février. «Venez au festival et envoyez-moi la main!»

  • Nombre de fichiers 7
  • Date de création 1 février, 2023
  • Dernière mise à jour 31 janvier, 2023
error: Contenu protégé, veuillez télécharger l\'article