Un Franco-Albertain à la tête des écoles catholiques d'Edmonton
Robert Martin, originaire de Saint-Paul, a entrepris ses nouvelles fonctions de surintendant du Conseil scolaire catholique d'Edmonton le 1er mai dernier. Fort de 33 années d'expérience dans l'éducation en tant que professeur et directeur d'établissement, il relève ses manches pour offrir le meilleur à ses étudiants et à son personnel. Une tâche colossale à la vue des prochaines prévisions budgétaires provinciales.
Arnaud Barbet
Initiative de journalisme local – APF - Ouest
Lorsqu'on lui demande pourquoi il se retrouve à ce poste, il réplique humblement et avec humour : « Ce ne peut être que le Saint-Esprit qui m'a mis là ! ». Plus sérieusement, il suppose qu'il a les habiletés pour répondre au mandat qui lui a été confié. Il remercie d'ailleurs les conseillers qui ont pris cette décision, et espère mériter leur confiance pendant cette période incertaine.
De sa voix calme et posée, il rentre très vite dans le vif du sujet. Il regrette les compressions budgétaires tout en restant pugnace. « C'est un moment difficile et important pour notre conseil scolaire, mais aussi pour tous ceux de l'Alberta. L'éducation de nos enfants est notre priorité, il ne faut pas baisser les bras et l'on doit continuer à lutter pour notre système d'éducation ».
Alors que le gouvernement albertain joue à la chaise musicale et déshabille le budget de l'éducation pour habiller celui de la santé, Robert Martin reste circonspect. « La santé et l'éducation doivent être priorisées. Pourquoi doit-on aujourd'hui se séparer de 770 employés dans notre conseil scolaire ? », s'interroge-t-il, avec amertume, tout en insistant sur l'extrême dévouement de ceux-ci et leur retour, qu'il espère rapide.
Un travail d'équipe et des besoins sans cesse renouvelés
Le conseil scolaire catholique d'Edmonton regroupe aujourd'hui 44 000 enfants, 4500 employés, dont 2800 professeurs. Autant dire que lorsque le surintendant Robert Martin souligne l'importance du travail d'équipe et la présence de tous afin d'accompagner les élèves et leur famille dans les meilleures conditions possible, il est aisé d'y consentir.
Il remercie à nouveau ceux qui l'accompagnent pendant cette pandémie qui, souligne-t-il, a révélé certaines inégalités sociales. « De nombreux enfants n'avaient ni accès à internet ni à la technologie. « Nous avons travaillé très fort pour qu'ils (les élèves) aient tous un ordinateur ». Ses équipes ont pu en distribuer des centaines afin de ne laisser personne « sur le bord du chemin ».
Dévoué, il rend hommage à ces enseignants qui se sont retrouvés isolés instantanément. « Certains ont eu quelques difficultés à répondre aux besoins des élèves. Ce n'est pas si simple d'être du jour au lendemain derrière un écran d'ordinateur », comprend-t-il.
Le virtuel, cela va un temps
Robert Martin l'affirme : « En virtuel, c'est tout le côté social, physique et affectif d'une salle de classe qui disparait ». Un sentiment difficile à appréhender. « Le contact visuel, le langage corporel, les paroles, les soupirs, tout cela n'est plus palpable. Il devient donc compliqué de comprendre les besoins des élèves, dit-il. Nous travaillons avec des enfants, nous sommes des êtres humains qui avons besoin de cet aspect affectif et émotionnel ».
Il espère donc que le confinement va s'arrêter très vite et signale que le retour à l'école sera sûrement compliqué. « Nous aurons des défis inédits. Il va falloir anticiper les besoins médicaux et psychiques de nos élèves. La pandémie va laisser des traces pour longtemps, c'est certain ! »
Il montre d'ailleurs du doigt la nécessité d'avoir du personnel d'accompagnement, des aides-élèves, des thérapeutes, tout en rassurant timidement les parents d'élèves. « Notre conseil a les ressources nécessaires. De là à dire que cela soit suffisant ? ». La menace des prochaines coupes budgétaires plane.
De la francophonie à l'excellence pédagogique
Personnage réservé, il se laisse aller à la confidence lorsqu’on évoque la francophonie. « La francophonie touche mon cœur. Je suis francophone et je le serai toujours ! », affirme-t-il avec passion. Il est d'ailleurs très fier de participer à la promotion de la langue française en milieu minoritaire.
« Nous avons énormément d'écoles et de programmes d'immersion française et nous travaillons fort pour développer encore plus de programmes dans un pays qui est, ne l'oublions pas, un pays bilingue », soutient-il. Il éprouve un bonheur non dissimulé de pouvoir communiquer dans la langue de Molière avec ceux qui le désirent, sans jamais perdre une occasion de le faire.
Finalement, il insiste sur l'excellence de l'éducation catholique. Il signale aussi les nombreux sacrifices faits chaque jour pour répondre aux besoins des élèves toujours plus nombreux. D'ailleurs, il ne s'empêche pas de lancer une petite pique sympathique à tous ceux qui croient que les enseignants travaillent de moins en moins. « Nos enseignants et le personnel qui les accompagnent n'arrêtent jamais, ne l'oublions pas ! »
-30-
Photo 1 - Robert Martin, originaire de Saint-Paul, a pris ses fonctions de superintendant au Conseil scolaire catholique d'Edmonton. Crédit : Conseil scolaire catholique d'Edmonton.
Photo 2 – L’école J. H. Picard est la seule école qui propose un programme complet d'immersion en français à voie unique dans la ville d'Edmonton et le seul programme complet d'immersion française de la maternelle à la 12e année dans l'Ouest canadien. Crédit : Conseil scolaire catholique d'Edmonton.
Photo 3 – L'école Grandin s'est spécialisée dans l’apprentissage des langues française et espagnole. Elle fait partie de l'excellence en Alberta. Crédit : Conseil scolaire catholique d'Edmonton.
---------------------
Pour en savoir plus sur le Conseil scolaire catholique d'Edmonton.
-30-
- Nombre de fichiers 4
- Date de création 8 mai, 2020
- Dernière mise à jour 14 mai, 2020