Un festival porteur d’identité et de créativité francophone

Le septième Festival de slam/poésie en Acadie a été officiellement lancé le 5 octobre. Les intervenants ont souligné l’importance de l’événement pour la Francophonie et le développement des élèves dans les écoles. Il se déroule dans la région jusqu’à la fin de la semaine.

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Damien Dauphin

IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien

 

Marius Samba est un poète des temps modernes. Natif du Congo, le slammeur déclame des textes de sa génération avec une prose engagée qui interpelle les consciences. Jeudi dernier, il a présenté au public une œuvre de sa composition.

« Le slam est pour moi un exutoire, une façon de voguer vers les sentiers les plus étranges de l’être humain. Je peints le monde avec les mots de la manière la plus crue possible, et mes textes déambulent entre sentiments refoulés, revendications et amour », analyse-t-il.

Huit poètes et slammeurs sont montés sur la scène de la Place de la Cathédrale, à l’issue de la cérémonie d’ouverture officielle du 7e Festival de slam/poésie en Acadie. Première à fouler les planches, Marielle Salmier a ouvert le bal avec un texte poignant qui traite d’un sujet sensible : le féminicide.

Autrefois engagée auprès du Festival littéraire Frye avant d’entrer en politique municipale, la mairesse de Moncton a exprimé sa fierté de constater que les artistes font de sa ville une plaque tournante des arts et de la culture. Le Festival de slam/poésie en Acadie est le premier du genre dans la Francophonie des Amériques. « Le développement de ce festival va de pair avec celui de notre ville, estime l’édile. Il contribue au rayonnement de la ville de Moncton et de la province dans le monde. »

Découvrir les francophones de demain

Faisant écho aux propos de la mairesse, le consul général de France, Johan Schitterer, a reconnu que la ville où se trouve le siège de la représentation diplomatique française dans les Provinces atlantiques « s’est taillée une réputation internationale de ville de lettres ». Alors que ce festival est placé sous le thème de la dualité, le diplomate a comparé l’Acadie et la Francophonie, toutes deux « vastes pays sans frontières » où se pose la question de l’avenir de la langue française.

« L’avenir de la langue française, ce sont nos jeunes qui sont dans le système scolaire et universitaire. Ce n’est pas facile d’attirer leur attention : ils sont très souvent sur les réseaux sociaux où ils sont pris dans un flux d’informations en anglais. Le slam et la poésie sont des moyens extrêmement intéressants pour leur inculquer le goût de la créativité et celui de la langue française. Ainsi, les jeunes jouent avec notre langue, apprennent à la maîtriser et deviennent les enseignants de demain, les francophones de demain dont nous avons tant besoin », croit M. Schitterer.

Ce n’est pas Ghislaine Foulem qui va le contredire. La présidente du conseil d’administration du Conseil provincial des sociétés culturelles (CPSC), également présidente d’un conseil d’éducation dans le nord de la province, est d’avis qu’il est essentiel de développer cet art dans les écoles pour transmettre aux jeunes l’amour de la langue. Tel est le but du programme scolaire Âme-Slam-Trame qui s’adresse aux élèves. Il permet aux jeunes en milieu minoritaire et parfois en situation d’insécurité linguistique de prendre la parole en français sans la contrainte de la compétition.

Dualité et complémentarité

L’approche de la dualité, thème central de ce festival, permettra aux artistes participants d’explorer des thématiques sans fin, croit encore Mme Foulem. Il est pertinent dans la seule province officiellement bilingue du Canada, où la dualité est déclinée à de nombreux niveaux. Dans cette perspective, des entités a priori antagonistes sont des éléments interdépendants et inséparables qui forment un tout collectif.

« La dualité est le caractère de ce qui est double en soi, la coexistence de deux éléments de nature différente. C’est par exemple l’intelligence artificielle versus la créativité humaine. On peut penser aussi à la dualité entre l’âme et le cœur, le bien et le mal, l’ombre et la lumière, le désir et le devoir », dit-elle avec une pointe de poésie dans les termes choisis.

Le mot de la fin revient à la directrice générale du CPSC, Marie-Thérèse Landry. Décorée il y a quelques mois par le consul général de France qui lui a remis la médaille de chevalier des Arts et des Lettres au nom de la ministre de la Culture, elle s’est présentée devant le micro avec une épée et un bouclier de théâtre symbolisant sa récente décoration.

« Quelqu’un m’a demandé si ça valait vraiment la peine de faire tout ça. Je lui ai répondu par l’affirmative. Quand on devient chevalier, on se bat pour préserver nos acquis ! » lance-t-elle en brandissant ses accessoires colorés. Pas de doute : elle est prête à défendre son noble point de vue dans de nouvelles tables rondes.

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Photos

Titre : FISPA groupe
Légende : De gauche à droite : Morgane Savary, Philip Meersman, Marie-Thérèse Landry, Marielle Salmier, Lila Roty, Martine Delannoy, Ghislaine Foulem et Johan Schitterer.
Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre : Mahus Samba
Légende : Originaire du Congo, Mahus Samba affirme voguer avec le slam à travers les sentiers les plus étranges de l’être humain.
Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre :  Chevalier
Légende : Chevalière des Arts et des Lettres, Marie-Thérèse Landry est prête à défendre les acquis des communautés acadiennes et francophones.
Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

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  • Date de création 11 octobre, 2023
  • Dernière mise à jour 11 octobre, 2023
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