Un été enflammé

L’été 2023 a été marqué par des feux plus sévères que les autres années et plus proches des communautés, causant des évacuations et des mises en alerte à plusieurs endroits sur le territoire.

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Manon Touffet

IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale

 

Le premier événement majeur de l’été au Yukon a été le feu dans la région d’Ibex Valley. Signalé pour la première fois le 8 juillet, il a engendré une veille d’évacuation, levée le 17 juillet. S’il n’a toutefois pas abouti à une évacuation, le feu a atteint une superficie de 1 546 hectares à la fin de l’été.

C’est ensuite le feu proche de la ville de Mayo qui a suscité des inquiétudes. Signalé pour la première fois le 1er août, ce feu a très vite pris de l’ampleur puisque, le 6 août, un ordre d’évacuation était donné à la population de la communauté.

Pour Mylène Lecavalier, la situation était « apocalyptique ». Arrivée du Québec le 3 août, elle a dû quitter Mayo trois jours plus tard, le 6 août. « On sentait la chaleur du feu, il y avait des cendres qui tombaient sur nous, un peu comme de la neige », décrit-elle. Elle explique s’être rendue jusqu’à Pelly Crossing, où le groupe avec qui elle avait évacué a été accueilli par la communauté Selkirk. « Le gouvernement du Yukon nous a vraiment bien appuyés. Il y avait une épicerie devant nous, et il a offert de l’argent pour le gas et d’autres achats. La seule chose, c’est qu’il n’y avait pas beaucoup d’informations en rapport à l’évacuation », précise la nouvelle arrivante. Elle estime toutefois avoir été chanceuse d’être accueillie par la communauté Selkirk. « Il y avait un bébé avec nous, et ils sont venus nous apporter des couches et de la nourriture pour bébé », conclut-elle.

Pour le gouvernement du Yukon, l’événement le plus important cette année reste toutefois l’évacuation de Old Crow. Nécessitant l’aide de la compagnie aérienne Air North, c’est le 9 août que l’ordre d’évacuer a été prononcé.

Selon Mike Fancie, agent d’informations incendie au Gouvernement du Yukon, il faut toutefois relativiser. « Ce n’est pas chaque année qu’on évacue comme ça, mais je suis content que nous n’ayons pas de morts. Aucune communauté n’a été brûlée et rayée de la carte, il faut voir ça comme des victoires », déclare-t-il.

Une entraide nationale

Au Yukon, il y a 23 équipes d’attaque initiale, chacune composée d’environ trois membres. Ces équipes sont soutenues par deux groupes d’avions-citernes et près d’une dizaine d’hélicoptères. Pourtant, selon Mike Fancie, « il y a beaucoup de demandes, et un manque de ressources ». Les provinces se sont montrées solidaires, et la Nouvelle-Écosse, la Saskatchewan, Terre-Neuve-et-Labrador et l’Ontario ont envoyé des moyens humains et techniques. À cela s’ajoute l’aide des Premières Nations du Yukon. Pour Mike Fancie, il est « important de travailler en partenariat avec les Premières Nations, ce sont les premiers à être affectés par les feux ».

Au début du printemps, les forces du Yukon étaient allées prêter assistance au Québec, à l’Alberta, et aux Territoires du Nord-Ouest.

Le Yukon n’est pas le seul témoin de ces ententes nationales. D’autres endroits ont même bénéficié d’un soutien international : en Colombie-Britannique par exemple, des pompiers et pompières du Brésil sont venu·e·s prêter main-forte aux équipes déjà sur place.

La météo, principale coupable

Officiellement, la saison des feux débute le 1er avril et se termine le 30 septembre. « De façon réaliste, la saison est en vigueur jusqu’à ce que la neige tombe sur les feux », explique Mike Fancie. Cette année, c’est le 10 mai qu’on a signalé le premier feu – un début plus tardif qu’à l’accoutumée – mais la saison s’est ensuite intensifiée. « La partie sévère s’est déclenchée plus tard que d’habitude. Mais en juillet, on a subi un phénomène avec les foudres qui ont déclenché beaucoup de feux en peu de temps », affirme Mike Fancie.

Selon lui, l’erreur humaine n’est pas responsable, car c’est la météo qui a causé la plupart des feux. Il estime que les Yukonnais et Yukonnaises ont un comportement responsable en ce qui concerne la prévention des feux.

À l’heure d’écrire ces lignes, c’est au total 211 feux qui ont enflammé le territoire, dont environ 95 % déclenchés par la foudre, pour 216 284 hectares brûlés. « En volume, c’est une année moyenne, mais la saison nationale est plus élevée en sévérité », ajoute l’expert franco-yukonnais.

Pour Mike Fancie, le défi de cette année et de celles à venir va donc être la météo. « On essaie de prévoir la météo pour se préparer, mais c’est dur de savoir où la foudre va tomber », conclut-il.

Cette année est marquée par des événements météorologiques majeurs, tant au Yukon qu’au niveau national, comme à Yellowknife ou Kelowna.

À cela se sont ajoutées de fortes pluies, souvent responsables d’inondations comme celles de Whitehorse, au mois de juillet, qui ont causé la fermeture de la 2e avenue.

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Photos

Titre : Feu_Mayo_2023_CR_Maryne_2.JPG

Légende : La fumée du feu du ruisseau Talbot s’étendait au dessus de la route de Mayo.

Photo : Maryne Dumaine

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  • Date de création 1 septembre, 2023
  • Dernière mise à jour 31 août, 2023
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