Un diagnostic de l'environnement des baleines

Comment le réchauffement des eaux et les changements de conditions touchent-ils ces visiteurs sous-marins de la province?

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Cody Broderick | IJL - Réseau.Presse - Le Gaboteur - ATL

Que des baleines soient présentes ou non, les chercheurs de Marine Atlantique peuvent toujours trouver sous l'eau d'autres signes de la santé de leur environnement. Par exemple, s'il est possible de trouver des tortues luth aussi loin au nord que le Labrador, Jack Lawson, chercheur à Marine Atlantique, décrit une tortue particulière près de Witless Bay qu’un groupe de poissons-pilotes suivait. Trouvés normalement dans les eaux tropicales, «c'est un indicateur de la chaleur de nos eaux cette année», nous dit-il.

«Comparé à tout le reste de l'Atlantique, les Grands Bancs sont le point chaud», déclare le chercheur. «C'est ridicule de voir à quel point il fait chaud!» Le 5 octobre, la CBC a rapporté que les températures de surface ont atteint des niveaux record dans le Canada atlantique, avec un pic de température de 6,7°C au-dessus de la température normale au large de l'île pendant toute une semaine.

Des espèces en danger

Avec l'augmentation de la température des océans, des espèces déjà en danger, comme la baleine noire, ont été particulièrement surveillées par le ministère des pêches et des océans. «Il y a eu quelques nouveaux baleineaux cette année [et] tout un groupe de baleines qui sont revenues cette année dans les eaux canadiennes du golfe du Saint-Laurent», explique le chercheur, mais l’espèce risque quand même de disparaître. «Nous travaillons d'arrache-pied pour sauver l'espèce, mais le nombre de baleines continue de chuter en raison du faible taux de reproduction.» Il reste aujourd'hui moins de 70 femelles adultes reproductrices dans la population, ajoute-t-il.

D’autres espèces de baleines, comme le cachalot, bien qu’il nage dans les eaux plus profondes, sont repérées plus souvent comparativement aux baleines noires. Les cachalots adultes, créatures sociales et intelligentes, interagissent avec les chalutiers et les pêcheurs en essayant d'obtenir un repas gratuit «comme des mouettes». Le cachalot est classé vulnérable par l'Union internationale pour la conservation de la nature, c'est-à-dire deux niveaux au-dessus de la baleine noire en danger critique. En revanche, Terre-Neuve-et-Labrador accueille normalement la plus grande migration de baleines à bosse, espèce de préoccupation mineure, de l'hémisphère nord.

Selon la Commission des mammifères marins de l'Atlantique Nord, la température de surface de la mer dans les zones de reproduction des baleines à bosse se situe entre 24 et 28 degrés Celsius. Les baleines noires de l'Atlantique Nord, selon le Center for Biological Diversity, «sont très sensibles à la température et ont besoin de températures de 13 à 15 degrés Celsius pour que le vêlage soit réussi.»

Le nombre de baleines pourrait-il changer dans les années à venir? Pour en être sûrs, les chercheurs surveillent l'environnement qui les attire, comme les conditions d'alimentation.

Le capelan et le régime des baleines

Comme beaucoup de leurs cousins géants, les cachalots se nourrissent de capelans, un élément central de la chaîne alimentaire dans les eaux de Terre-Neuve et du Labrador. «Le capelan est un élément essentiel de notre écosystème: baleines, oiseaux, poissons - tout est lié au capelan ou l'utilise», dit le chercheur.

Il existe deux stocks de capelan dans l'est et le sud de Terre-Neuve-et-Labrador. Le total autorisé des captures pour cette année a été fixé à 14 533 tonnes, le même qu’en 2022.

En juillet, CTV News a rapporté que certains chercheurs de l'Université Memorial, comme l'écologiste du comportement marin Bill Montevecchi, réclament une pause dans la pêche au capelan. Dans un communiqué de presse publié le même mois, le syndicat FFAW (Fish, Food and Allied Workers) déclare que «les pêcheurs restent optimistes et pensent que des conditions environnementales plus favorables permettront la croissance des stocks», citant l'augmentation du zooplancton comme exemple.

Et si, un jour, la population de capelans connaissait le même sort que la morue, que ça soit à cause des changements climatiques ou de la surpêche? Qu'adviendrait-il des nombreuses espèces de baleines qui fréquentent les eaux de la province?

«Le problème, c'est que nous ne comprenons pas comment les animaux passent d'une proie à l'autre», dit Jack Lawson. Les moyens de connaître le régime alimentaire des baleines étant limités, les chercheurs s'appuient sur la collecte de biopsies.

Les baleines à bosse, en particulier, ont un régime mixte, mangeant des proies minuscules et des proies plus grosses. «Si le nombre de capelans s'effondre, ces baleines pourront-elles passer à autre chose, comme le hareng? C'est une possibilité, mais d'après ce que je sais, le maquereau et le hareng se nourrissent également de capelan.»

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Photo1: Louisc2

Photo: Louis Morissette

Photo2: Louisc3

Photo: Louis Morissette

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  • Date de création 22 octobre, 2023
  • Dernière mise à jour 20 octobre, 2023
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