Un demi-siècle d’engagement et de fierté pour Val Rita-Harty

Au-delà de l’entrain festif qu’engage pareille célébration, il y avait surtout de la fierté à l’occasion de la commémoration du cinquantenaire du jumelage des deux communautés francophones de Rita et de Harty. Les festivités n’étaient pas seulement l’occasion de faire la fête, mais aussi de remercier les bâtisseurs. 

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Mehdi Mehenni

IJL – Réseau.Presse – Le Voyageur

La municipalité de Val Rita-Harty a soufflé les bougies de son demi-siècle de fondation le jeudi 20 octobre. La cérémonie d’ouverture d’une série de festivités s’est déroulée dans l’enceinte de la caserne des pompiers, symbole d’une grande mobilisation citoyenne pour la création d’un département de lutte contre les incendies, au lendemain de la jonction des deux cantons. 

«C’était une manière de dire merci et de reconnaitre les efforts de nos pompiers volontaires, qui ont répondu à l’appel de la communauté, cinquante ans durant», souligne Johanne Baril, mairesse du Val Rita-Harty. 

Le vendredi soir, il y a eu un souper communautaire, organisé grâce notamment à la contribution d’agriculteurs et de fermiers locaux. Ils ont fait don, entre autres, de pommes de terre, de carottes et de poulets. «Il y a eu aussi des desserts traditionnels, comme les tartelettes au beurre et le pouding chômeur. Ma grand-mère en faisait dans le temps et c’est encore populaire de nos jours», affirme Johanne Baril.  

Après le souper, des groupes de musique locaux se sont relayés sur l’estrade du Centre communautaire, qui occupe l’espace de l’ancienne école de Harty. 

Fait émouvant, raconte la mairesse, l’artiste locale Renay Ray, récipiendaire du prix de l'artiste francophone de l'année au CMAOntario Awards 2022, a pris la parole pour partager toute son émotion de chanter devant ses enseignantes d’antan, dans les locaux mêmes où elle avait fait sa scolarité. 

«Cela m’a beaucoup touché de me retrouver parmi tout le monde de ma petite enfance», confie la chanteuse au Voyageur. Elle réside maintenant au Québec.

«Un succès» 

Le samedi et le dimanche, il y a eu, entre autres activités, une course insolite. Une liste d’endroits où les gens ne se rendent pas souvent a été partagée. Le principe était que chaque participant court vers le lieu indiqué et se prend en égoportrait (selfie). Les photos étaient ensuite publiées sur la page Facebook créée pour la circonstance, Val Rita-Harty 1973-2023. «Les coureurs sont revenus avec plein d’anecdotes et c’était drôle», raconte Mme Baril. 

Selon elle, les festivités ont été un grand succès et l’ensemble de la communauté a mis la main à la pâte.

«Cela faisait longtemps que la communauté ne s’était pas autant mobilisée. Aujourd’hui, les deux parents travaillent, les enfants ont leurs activités, ça fait que les occasions de se regrouper et de partager sont moins courantes. Je crois que c’est la raison pour laquelle il y avait un véritable engouement», note la mairesse. 

Mais Johanne Baril a surtout perçu «un immense sentiment de fierté» chez la communauté. «C’est parce que nous avons réussi à garder notre identité franco-ontarienne», assure-t-elle.   

Un peu d’histoire 

Avant 1973, les deux cantons de Rita et Harty n’avaient pas de source d’eau potable commune. Il n’y avait aussi ni centre communautaire ni services municipaux. «Les résidents s'occupaient de leurs choses eux-mêmes. Ils avaient leur propre champ d’épuration. C’était donc moins sanitaire», se souvient un ancien maire de Val Rita-Harty, Laurier Bourgeois.

C’est ainsi que la ville de Kapuskasing, unilingue et majoritairement anglophone à l’époque, avait initié, en 1970, un plan d’organisation et de développement pour incorporer les cantons de Rita et Harty. «Les deux communautés s’y étaient opposées. L’ancien député conservateur René Brunelle avait alors récolté des signatures pour faire joindre une pétition au gouvernement provincial. C’était au début de l’année 1972. La demande a été approuvée en novembre de la même année», poursuit M. Bourgeois, qui avait 27 ans à l’époque. 

Les premières élections municipales de Val Rita-Harty se sont déroulées le 15 janvier 1973. L’ancien maire se rappelle quand le premier maire, Joseph Étienne Tremblay, avait été plébiscité à la faveur d’une acclamation générale. «Il n’avait pas d’opposants. Il y a eu, en revanche, une compétition électorale entre sept candidats, pour combler les quatre postes de conseillers municipaux», précise-t-il. 

Les quatre premiers conseillers de l’histoire de la municipalité sont Marcel Couture, Lorenzo Dagenais, Laurent Fortin et Paul Emile Tremblay. 

Les deux priorités

M.Bourgeois se souvient aussi de l’euphorie générale qui régnait durant les élections. «C’était vraiment spécial et quelque chose de tout à fait nouveau pour nous. Et puis nous allions avoir nos propres services», témoigne-t-il. 

Laurier Bourgeois affirme que leur premier conseil municipal s’était penché sur deux dossiers prioritaires : la mise en place d’un système de canalisation des égouts et la création d’un département de lutte contre les incendies.  

Heureux qui comme M. Lachance… 

Roger Lachance faisait partie de la toute première équipe qui a constitué la caserne de pompiers. De cette équipe-là, il est le seul à être encore opérationnel. Il occupe, aujourd’hui, le poste de député-chef du département d’incendies.

«Les gens étaient enthousiastes, au début. La caserne comptait 48 membres durant les premiers mois de son existence. Le nombre des volontaires a baissé par la suite pour se stabiliser autour d’une vingtaine d’agents, aujourd’hui», raconte-t-il.

M. Lachance admet qu’il est plus difficile de trouver des bénévoles aujourd’hui. Néanmoins, il est tout content d'enregistrer dans ses rangs, depuis récemment, six jeunes nouveaux membres. Un bon signe, selon lui.

À la question de savoir comment il a pu honorer un tel engagement 50 années durant, M. Lachance répond : «C’est très important pour moi d’aider la communauté. Les gens nous sont reconnaissants. Ils sont contents et cela nous rend heureux.» 

Roger Lachance souhaite continuer à porter son uniforme décoré de deux médaillons aussi longtemps qu’il le pourra. 

Johanne Baril s’estime chanceuse de compter des personnes aussi dévouées dans sa municipalité. 

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Johanne Baril, mairesse de Val Rita-Harty — Photos : Courtoisie

 

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Roger Lachance, député-chef du département d’incendies de la municipalité de Val Rita-Harty. 

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  • Date de création 1 novembre, 2023
  • Dernière mise à jour 3 novembre, 2023
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