Travailler fort dans les coins pour les Francos

La Fédération des francophones de Terre-Neuve-et-Labrador (FFTNL) s’inquiétait, fin octobre, dans un communiqué de presse, des «faibles cibles en immigration francophone» visées pour l’Atlantique jusqu’en 2026 par le ministre canadien de l’immigration des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marc Miller. Mais comment faire venir et retenir les nouveaux francophones à Terre-Neuve-et-Labrador? Réflexions de ceux qui sont sur le terrain.

André Magny

IJL - Réseau.Presse - Le Gaboteur

Depuis 2018, le COMPAS propose à partir de St. John's des services d’accompagnement aux nouveaux arrivants francophones afin de faciliter leurs démarches d'établissement dans la province. À Corner Brook, le Coin Franco offre aux personnes d’expression française de l’ouest de Terre-Neuve diverses activités, mais aussi des renseignements sur la santé, la justice, la culture, l’emploi et, bien sûr, l’immigration. Les deux organismes font partie de la FFTNL.

Agente d'animation communautaire, Kenny Grady tient toute seule depuis déjà quatre ans le fort du Coin Franco, au 50, Main Street. Outre le fait de proposer une palette d’activités en français comme les Samedis Tartine & Chocolat pour les enfants de 5 à 12 ans ou encore des cours de français pour les débutants les lundis en soirée, selon Kenny Grady le plus grand défi pour le Coin Franco, pour attirer les francophones de la région de Corner Brook, demeure la visibilité. «Nous sommes l’une des seules régions de la province à n’avoir ni école, ni garderie, ni centre communautaire francophone, ce qui complique notre visibilité.» L’agente d’animation communautaire déplore aussi le fait que la radio de Radio-Canada ne soit pas disponible à Corner Brook.

Selon elle, pour permettre notamment de diffuser des nouvelles comme l’atelier de création de décorations de Noël le 28 novembre à 18h au Coin Franco ou la parade de Noël le samedi 2 décembre à 17h, il n’y a guère que «les réseaux sociaux, l’affichage et le bouche à oreille qui sont nos seuls moyens de communication.» Reste aussi des partenaires comme le campus de Grenfell de l'université Memorial, l’Association pour les nouveaux arrivants ainsi que le festival d’arts CB Nuit avec lesquels il y a tout de même des activités conjointes.

De son côté, son collègue à St. John’s, Mohamed Madiou, agent d’établissement en immigration francophone, constate que la communauté des nouveaux arrivants francophones, qu’ils soient tunisiens, marocains ou français, ne sont pas suffisamment au courant des services offerts par le COMPAS. «Il n’y a pas vraiment de promotion de la part du gouvernement sur le français. On passe souvent en 2e voire en 3e position pour la promotion de cette langue.»

Le logement est aussi un autre facteur qui nuit à la rétention des arrivants parlant français. «Le logement est très cher», affirme monsieur Madiou. Selon lui, il n’est pas rare de devoir débourser 550$ par mois pour une seule chambre. La professeure Jacqueline Rideout, coordonnatrice du programme de français à la Faculté de l’éducation de l'université Memorial au campus de St. John’s va dans le même sens: «Je ne peux pas faire de commentaires sur la situation du logement à Corner Brook, mais si elle ressemble à la situation ici à St. John's, cela doit être un défi.» Kenny Grady en sait quelque chose. «Cette année, à Corner Brook, 50 étudiants inscrits se sont retrouvés sans logement. Difficile d’apporter une aide quelconque quand il y a plus de demandes que d’offres. Il y a quelques années, déjà certains étudiants s’étaient vu proposer des chambres d’hôtel à un coût réduit en attendant de trouver une location, mais ont malheureusement dû abandonner et rentrer chez eux après plusieurs semaines, car toutes leurs économies ont été épuisées à payer l’hôtel.»

Si le ministre Miller vise une augmentation de 6 à 8% en matière d’immigration francophone dans les provinces de l’Atlantique, la FFTNL et la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada optent plutôt pour une cible de 12% et ce, dès 2024, afin de freiner le déclin de la démographie francophone.

Sur le terrain, on ne demande pas mieux que d’œuvrer pour la francophonie de la province, mais encore faut-il que le gouvernement en fasse aussi la promotion.

-30-

Photo: pro-HF82FCko - Le Coin Franco 2

Photo: Courtoisie

Caption: Depuis 2019, le Coin Franco permet aux francophones de la région de Corner Brook et de la région ouest de Terre-Neuve de se réunir autour de diverses activités.

-30-

  • Nombre de fichiers 2
  • Date de création 3 décembre, 2023
  • Dernière mise à jour 4 décembre, 2023
error: Contenu protégé, veuillez télécharger l\'article