Transport en commun: couvrir un plus grand territoire dans le Nord-Ouest

Le dossier du transport en commun a atteint quelques étapes importantes au Nord-Ouest. En plus d’avoir fait un pas de l’avant dans les communautés d’Edmundston, de Haut-Madawaska et de la Première Nation Malécite du Madawaska, une nouvelle étude de faisabilité a été enclenchée pour le reste de la région.

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Bobby Therrien

IJL – Réseau.Presse – Acadie Nouvelle

 En 2022, une étude au sujet du transport en commun pour les communautés d’Edmundston, Haut-Madawaska et de la Première Nation Malécite du Madawaska a été réalisée.

À la suite de la réforme de la gouvernance locale, qui a été mise en branle en janvier, les Commissions de services régionaux du Nouveau-Brunswick ont reçu le mandat de développer certains éléments, dont le transport.

C’est donc dans cette optique que les communautés de Vallée-des-Rivières, Grand-Sault et Saint-Quentin auront droit à une étude similaire à ce qui a été réalisé à Edmundston et ses environs.

«Les consultations s’en viennent dans les deux prochaines semaines, on a soumis les noms des membres de notre comité de travail à la firme Vecteur 5 et on prévoit avoir cette étude-là pour le début de la prochaine année», a expliqué Mélanie Ruest, stratège régional à la CSRNO et impliquée dans le dossier du transport en commun.

Le comité responsable du dossier du transport dans la région du Nord-Ouest qui comprend Edmundston et ses environs s’est également dit prêt à passer à la première étape du projet de mise en place d’un service de transport en commun, notamment par l’entremise de demandes de financement à Infrastructure Canada et à la Société de développement régional.

«On peut soumettre plusieurs demandes, mais quand il n’y a plus d’argent, il n’y a plus d’argent. On n’attendra donc pas les résultats de l’étude en janvier 2024 (pour Grand-Sault, Vallée-des-Rivières et Saint-Quentin) avant de faire une demande pour la première partie (Edmundston, Haut-Madawaska et PNMM)», a mentionné Mélanie Ruest.

Le financement du véhicule serait assuré à 80% par Infrastructure Canada. La SDR financerait, quant à elle, la moitié du 20% restant.

La Société de développement régional financerait aussi, sur une période de trois ans, les frais associés à l’exploitation du service, ce qui n’inclut toutefois pas les salaires.

Selon Mélanie Ruest, d’autres sources de financements pourraient être disponibles, que ce soit les entreprises avec, entre autres, l’achat de publicités visuelles qui peuvent être posées sur les véhicules ou les abribus; les frais aux utilisateurs du service; et par l’entremise des municipalités concernées.

De plus, la création d’un organisme mandaté par la CSR, qui serait gestionnaire du projet, pourrait permettre le financement des salaires des opérateurs de ce service.

Pour l’instant, l’utilisation d’un autobus a été l’option privilégiée dans le coin d’Edmundston. Cependant, comme la livraison de tels véhicules pourrait prendre jusqu’à deux ans, on souhaite développer des options temporaires comme la location d’autres véhicules provenant d’organismes ou d’entreprises de la communauté, afin de lancer le service aussi tôt que possible.

«Des autobus, la Première Nation Malécite en a un, l’Université de Moncton en a un, la Cité des jeunes aussi. Il y a des foyers de soins et des garderies qui en ont. Ce qui est fascinant, c’est qu’il y en a beaucoup d’entre eux qui sont stationnés 22 heures sur 24. Il y a des possibilités», a soutenu le maire d’Edmundston, Eric Marquis.

Beaucoup d’optimisme, mais quelques inquiétudes

Dans la région d’Edmundston et du Haut-Madawaska, le temps presse pour l’implantation d’un service de transport en commun. Selon Eric Marquis, l’impact positif qu’un projet de la sorte aurait sur le développement économique surpasse les investissements requis pour mettre le service sur pied.

«Ce serait probablement le plus beau projet régional que notre CSR pourrait avoir depuis la mise en place du système de collecte des déchets (…) Ne pas le faire aura un impact significatif sur notre communauté. On le voit avec nos restaurants et nos Tim Horton’s qui ferment plus de bonne heure, nos magasins qui n’ouvrent plus les jeudis et les vendredis soir. On le voit tous les jours.»

Selon M. Marquis, le service de transport pourrait atténuer les impacts du manque de logement, mais aussi de la hausse du prix de l’essence.

Il a ciblé quelques groupes, dont les étudiants et les travailleurs qui pourraient poursuivre leurs activités, même s’ils demeurent un peu plus loin de leur institution d’études postsecondaires ou de leur lieu de travail.

«Les gens pourront choisir de s’installer plus en périphérie. Ils pourront demeurer chez eux, mais voyager chaque jour, comme c’est le cas dans la Péninsule acadienne.»

«On n’a pas besoin d’avoir ce qui existe à Saint-Jean ou Moncton. On veut un service pour la communauté, pour aider les gens à se déplacer vers les endroits où ils ont besoin d’aller.»

Des doutes

De son côté, le maire de la Municipalité régionale de Grand-Sault, Bertrand Beaulieu, a éprouvé une certaine ambivalence à l’idée d’implanter un service de transport en commun dans sa municipalité, surtout qu’il existe peu de données pour sa région actuellement.

Ce dernier souhaite que le projet proposé pour sa région soit viable et qu’il n’ait pas d’impact négatif sur les finances des citoyens à long terme.

«Je ne veux pas être négatif, mais j’ai travaillé 14 ans dans un organisme qui offre un service de transport en commun, soit le district scolaire. Je peux vous dire qu’on a beaucoup de gens qui disaient qu’ils voulaient avoir un service de transport, mais qui ne le prenaient pas (…) Soyons vigilants, car c’est beau quand c’est neuf, mais quand les gens vont réaliser qu’ils sont obligés d’attendre l’autobus au lieu de se rendre chez eux plus rapidement en auto, il y en a qui n’embarqueront pas.»

De leur côté Mélanie Ruest et la nouvelle coordonnatrice du volet Transport à la CSRNO, Stéphanie Beaulieu, reconnaissent qu’il faudra travailler à changer la mentalité des gens qui n’ont jamais été habitués à avoir un tel service dans les environs.

«Il y a des opportunités et il faut savoir vendre notre produit (…) On va montrer à une génération comment l’utilisation d’un service de transport en commun peut être importante», a ajouté Mme Ruest.

Pour sa part, la maire de Saint-Quentin, Nicole Somers, s’est réjouie du développement de ce dossier. Selon elle, un projet du genre viendra changer beaucoup de choses au Nord-Ouest.

Elle souhaite toutefois avoir certaines statistiques pour évaluer les impacts financiers d’un tel service dans sa communauté.

«Le transport en commun, ça dépend de la définition que tu veux lui donner. Chez nous, je vais en avoir besoin, mais ça n’aura pas la même définition qu’à Edmundston. On a néanmoins besoin de transport en commun, parce qu’on est loin de tout», a indiqué Mme Somers.

«Ça nous prend toutefois des chiffres sur lesquels se baser.»

Les responsables du dossier du transport au Nord-Ouest ont confirmé qu’ils n’auraient pas ce genre de chiffres à présenter tant qu’une étude pour ces régions n’est pas enclenchée.

«Pour les chiffres qui vont avoir un impact sur Saint-Quentin ou Grand-Sault, on ne les aura pas tant que l’on ne saura pas s’il y a un besoin à Grand-Sault ou à Saint-Quentin. C’est l’étude qui va nous le démontrer», a expliqué Mélanie Ruest.

 

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Photos :

Légende : Le centre-ville de Grand-Sault.

Crédit  Photo : - Archives

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  • Date de création 12 juin, 2023
  • Dernière mise à jour 12 juin, 2023
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