Transformer Timmins en Planète jeunesse

Timmins sera la première ville du Nord de l’Ontario à tester une nouvelle façon de documenter et de prévenir les problèmes de consommation de drogues chez les adolescents. Le processus Planète jeunesse a été créé en Islande et a depuis été mis en application dans 16 pays, incluant le Canada où trois autres villes procèdent à sa mise en place.

_______________________

Julien Cayouette

IJL – Réseau.Presse – Le Voyageur

 

L’approche est fondée sur une collecte de données régulière «qui se concentre sur la prévention de la consommation de substances et la promotion du bienêtre de nos jeunes», explique l’agente de promotion de la santé du Bureau de santé Porcupine (BSP), Kaidan Hardy.

Timmins est aux prises avec un grave problème de consommation et d’itinérance. Il n’y a pas seulement des jeunes qui sont touchés, mais ils font partie des victimes, faisant de la ville un endroit propice pour le projet pilote de 5 ans. 

Mme Hardy précise que Planète jeunesse fournira de l’expertise et de l’aide pour l’analyse des données au cours de ces cinq premières années. Les solutions seront déterminées par l’équipe. Le programme continuera après, mais sans l’aide de l’équipe qui a créé le processus. Elle espère aussi qu’il sera appliqué à d’autres villes du territoire du BSP d’ici là.

Planète jeunesse a été créé parce que les autorités islandaises ont constaté que les méthodes de prévention traditionnelles — l’éducation à propos des risques — ne fonctionnaient simplement.

L’importance de données claires

Planète jeunesse s’attaquera d’abord «au grand manque de données» sur la santé des jeunes dans la région. Les données fournies rassemblent souvent plusieurs régions ou l’Ontario au complet. «Mais on sait qu’en général, nos taux de consommation de substances sont plus hauts que la moyenne provinciale», affirme Kaiden Hardy.

Les données seront recueillies avec l’aide des conseils scolaires. Un sondage écrit sera distribué aux élèves de la 10e année de Timmins tous les deux ans. «Ça va permettre de suivre ces données régulièrement et de les partager avec nos partenaires», précise l’agente de promotion de la santé. L’accès aux données anonymes sera libre afin qu’un maximum d’organismes s’en servent.

La date de distribution du premier sondage n’a pas encore été déterminée, mais Mme Hardy espère que ce sera pendant cette année scolaire. Les quatre conseils scolaires de la région ont promis qu’ils participeront au projet. «On veut au moins 80 % de taux de réponse. On a été rassuré par les conseils scolaires [que ça devrait être atteint].»

Prévention avant tout

Planète jeunesse vise la mise au jour des «causes profondes» des problèmes qui peuvent mener à la consommation de substances afin de trouver des solutions appropriées, au lieu de se concerter sur les symptômes. Il s’agit donc d’un outil de prévention.

Comme tout outil de prévention, Mme Hardy prévient qu’il faudra être patient. Les résultats ne se feront pas sentir immédiatement. Tout le monde — intervenants et public — doit changer sa façon de voir les choses pour adopter une perspective collective, non pas individuelle, et penser à des objectifs à long terme.

Les causes de la consommation de substances peuvent être complexes et inattendues. Mme Hardy donne un exemple tiré d’un projet pilote mené dans la région d’Ottawa. «Ils ont trouvé que les jeunes ne dorment pas assez. Alors ils vont faire des interventions pour trouver comment on peut faire sûr que nos jeunes vont avoir le nombre d’heures de sommeil recommandé par nuit.»

On sait déjà que le manque de sommeil peut entrainer toutes sortes de problèmes. Mais pour fonctionner malgré cette carence, un jeune pourrait se tourner vers une substance stimulante, qui pourrait à plus long terme l’amener vers d’autres types de dépendances.

«Le modèle est conçu pour renforcer les facteurs de protection et atténuer les facteurs de risques pour créer des environnements communautaires sains, explique l’agente de promotion de la santé. On veut se concentrer sur les temps libres, la famille, le groupe de pairs et la communauté plus large.»

Ces facteurs peuvent être différents d’une communauté à l’autre, c’est pourquoi Planète jeunesse est un processus d’analyse et de collaboration, et non un programme prédéfini.

Partenariats communautaires

Pour être efficace, Planète jeunesse demande la participation des parents, des éducateurs et des intervenants communautaires. 

Les trois premières des dix étapes du processus concernent le renforcement des capacités communautaires. «Ça veut dire créer une coalition communautaire, trouver du financement et s’engager avec des groupes communautaires», dit Mme Hardy. L’entente de participation des conseils scolaires en fait partie, mais ils ont aussi l’appui d’organismes sociaux, en santé et en éducation.

Les étapes suivantes, concernant le choix du mode d’interventions et la mise en œuvre de celles-ci, nécessitent tout autant la participation des partenaires.

Résultats en Irlande

Dans son Évaluation du projet Planète jeunesse dans les comtés Galway, Roscommon & Mayo entre 2018 et 2022, les Irlandais notent que les données et les liens créés avec les écoles et les parents étaient les forces du projet dans leur région.

Selon leur sondage d’évaluation, les données sont utilisées d’une façon ou d’une autre par tous les groupes participants. Certains s’en sont servi pour des demandes de subventions, d’autres pour de la recherche, du lobbying, le développement de plans de travail, etc.

Les parents qui ont participé aux séances d’éducation et de formation semblaient extrêmement satisfaits, citant le projet comme étant très utile et ayant influencé leur façon d’éduquer leurs enfants. Ils sont impatients de voir plus d’actions inspirées par les données.

Il reste tout de même des défis. Particulièrement le manque de financement et de ressources humaines pour mettre certaines solutions efficacement en application. Certains organismes semblent aussi avoir de la difficulté à changer leur culture organisationnelle vers la prévention plutôt que l’intervention. 

— 30 —

Kaiden Hardy-Agente de promotion de la santé Porcupine.jpg

L’agente de promotion de la santé, Kaidan Hardy — Photos : Courtoisie

 

Le président du conseil d’administration de Planète jeunesse, Jón Sigfússon.jpg

Des représentants de Planète jeunesse sont venus à Timmins en février pour présenter le processus. «Après la présentation, pour tout le monde, la question n’était pas “Est-ce qu’on va le mettre en place?”, mais plutôt “Comment on va le mettre en place”», raconte l’agente de promotion de la santé, Kaidan Hardy. Sur la photo, le président du conseil d’administration de Planète jeunesse, Jón Sigfússon, lors de la présentation. 

 

Jón Sigfússon et Robin Katrick-Planète Jeunesse.jpg

Jón Sigfússon, président, et Robin Katrick, gestionnaire, de Planète Jeunesse.

  • Nombre de fichiers 4
  • Date de création 30 août, 2023
  • Dernière mise à jour 28 août, 2023
error: Contenu protégé, veuillez télécharger l\'article