Touristes à deux pieds et visiteurs à deux nageoires

Peu importe d’où viennent les observateurs de baleines, d'ici ou d'ailleurs, ils ont eu droit à une saison riche en activité baleinière, surtout pour ce qui est des orques.

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Cody Broderick | IJL - Réseau.Presse - Le Gaboteur - ATL

De St. Vincent’s et Witless Bay, en passant par Grates Cove et Bonavista, jusqu'à St. Anthony et la mer du Labrador, certains des visiteurs estivaux annuels de la province passent juste sous notre nez - et sous nos pieds. Pour être plus précis, ces visiteurs circulent à environ 100 mètres sous le niveau de la mer!

L'exploration de l'océan, bien plus proche de nous que les étoiles, peut être tout aussi mystérieuse qu'une plongée dans le cosmos. Fermement ancrés sur le vieux Rocher, des gens comme Jack Lawson, spécialiste en mammifères marins au ministère des Pêches et des Océans, et Robert Bartlett, propriétaire de Trinity Eco-Tours sur la péninsule de Bonavista, brossent un tableau de la santé des mammifères marins et de l'océan, en particulier les orques.

Orques: Rencontres rares sur l'eau

Si la saison touristique touche à sa fin, au moment de la rédaction de cet article il y a encore pas mal d'activités baleinières! Lors d'un appel téléphonique le 6 octobre, Robert Bartlett affirme qu’il continue toujours d'amener des gens sur l'eau. «Cette année, nous avons eu beaucoup de voyageurs du Québec et de Saint-Pierre [ainsi que] de la Suisse et de la Belgique», précise-t-il en notant que l'industrie provinciale a vu de plus en plus de touristes aux «saveurs internationales» cette année.

Bien que les chiffres aient rebondi depuis quelques années, lorsque la COVID-19 a interrompu le monde, il ne pense pas que le secteur puisse retrouver une certaine normalité avant 2025. Selon le rapport Tourism Highlights récemment publié par le ministère provincial du Tourisme, de la Culture, des Arts et des Loisirs, la province a accueilli 295 477 visiteurs entre août 2022 et août 2023. S'il s'agit d'une augmentation de 9% par rapport à l'année dernière, le nombre de visiteurs dans la province reste inférieur de 12% aux chiffres de 2019.

Certains visiteurs qui auraient pu passer sous le radar des enquêteurs n'ont pas échappé aux chercheurs du ministère des Pêches et des Océans,, qui ont signalé une présence marquée d'orques dans les eaux entourant la province à la fin de l'été.

Fin septembre, Jack Lawson a été informé de la présence de trois orques dans la baie de Trinity et d'une petite activité sur la côte nord. Un groupe de trente orques a même été observé au large de Cape Race à la mi-septembre. «Nous n'avons qu'une poignée d'observations de groupes d'orques de cette taille en cent ans de données», souligne-t-il afin d’indiquer l’importance de ce signalement. Environ un mois plus tôt, une observationsimilaire avait été faite au large de Saint-Pierre. Difficile de savoir s'il s'agit du même groupe ou non, c'est tout de même «inhabituel».

Depuis son bateau, monsieur Bartlett a également vu «au moins» trois orques cet été. Apercevoir l'un de ces géants est toujours un plaisir, dit le propriétaire de Trinity Eco-Tours. «C'est toujours un événement intéressant parce qu'ils quittent la zone très rapidement», témoigne-t-il. Monsieur Lawson est d’accord, expliquant que les orques peuvent nager des centaines de kilomètres par jour, même lorsqu'elles dorment.

À la poursuite de données

En juillet dernier, Jack Lawson et son équipe ont étiqueté une orque femelle à St. Anthony - la première femelle à être étiquetée dans le Canada atlantique. Elle a passé beaucoup de temps à faire des allers-retours dans le détroit de Belle Isle, mais elle est repartie vers le sud à la fin du mois de septembre. «Il est très intéressant de voir ce groupe d'animaux patrouiller le long de la côte nord», déclare-t-il, expliquant la rareté des observations.

À Terre-Neuve-et-Labrador, par rapport à la Colombie britannique, il est un peu plus difficile de comprendre les orques car leurs visites sont moins prévisibles. Sur la côte pacifique du Canada, les chercheurs peuvent s'attendre à voir un groupe spécifique à un moment précis. Ici, «il y a des endroits où l'on voit des orques plus souvent qu'ailleurs, mais on ne peut pas choisir un mois [pour les voir]», dit le chercheur. Cette différence s'explique en partie par le fait que le territoire de Terre-Neuve-et-Labrador est beaucoup plus dispersé que celui de la Colombie-Britannique.

S'appuyant sur les yeux de ceux qui font de la randonnée le long de la côte, de ceux qui admirent les baleines depuis leurs maisons saltbox surplombant les baies et de ceux qui voyagent ou travaillent en bateau, Jack Lawson reçoit principalement des données de personnes travaillant dans le secteur de la pêche alimentaire. Heureusement, en 2023, dit-il, la plupart des gens, comme ceux qui montent à bord le bateau de Robert Bartlett, ont toujours un appareil photo sur eux - leur téléphone portable. Une grande partie des données qu’il reçoit du public lui permet de «rencontrer» autant de baleines que possible aux quatre coins de la province.

«Depuis que je suis venu ici en tant que chercheur, le nombre d'orques observées dans ces rapports a considérablement augmenté. Mais je pense que c'est certainement parce que moi-même ou mes étudiants avons posé la question.» Cependant, il lui est toujours difficile de dire si l'augmentation du nombre de rapports fait état d'un «changement réel» ou si «personne n'a vraiment demandé [au public de participer] auparavant.»

Photo: louisc4

Photo: Louis Morissette

Caption: Terre-Neuve-et-Labrador accueille normalement la plus grande migration de baleines à bosse de l'hémisphère nord, explique Robert Bartlett. Pour les photographes et les observateurs de baleines comme Louis Morissette, un Québécois qui passe ses étés à Grates Cove, sur la péninsule d'Avalon, il est beaucoup plus facile de capturer ces baleines que les orques.

Photo: louisc1

Photo: Louis Morissette

 

  • Nombre de fichiers 4
  • Date de création 22 octobre, 2023
  • Dernière mise à jour 20 octobre, 2023
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