TLM et relève : même combat !

La perte récente de Gisèle Lalonde amène non seulement de la tristesse, mais soulève aussi la question du passage du flambeau dans la défense et la vitalité de la francophonie ontarienne. Ceux et celles qu’on surnomme les TLM pour «toujours les mêmes» ont-ils de la relève ? Et fait-on suffisamment de place aux 40 ans et moins ?

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André Magny
IJL – Réseau.Presse – L’Orléanais

«Ça, c’est vrai que c’est toujours les mêmes !» Celle qui s’exclame ainsi, ce n’est nulle autre que Trèva Cousineau, figure émérite de la communauté franco-ontarienne. Mais du même souffle, celle qui fut lauréate notamment de l’Ordre de la Pléiade et du dialogue des cultures en 2001 et de l’Ordre des francophones d’Amérique en 2014, exprime son espoir envers les jeunes.

Lorsqu’elle regarde autour d’elle, elle souligne les nouveaux visages, souvent jeunes, qui forment des organismes comme l’Association des communautés francophones de l’Ontario (ACFO) chapitre Ottawa. Le nouveau directeur général, Louis-Alexandre Pen, s’est entouré d’une jeune équipe féminine. Mme Cousineau donne aussi l’exemple des jeunes qui sont dans l’équipe de l’Assemblée de la francophonie de l'Ontario (AFO). Elle salue également au passage les francophones venus d’horizons divers comme on en retrouve au Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO).

Le recul du français… une poussée d’adrénaline ?

Mais lorsque des statistiques annoncent le recul du français au Québec et au Canada, et particulièrement à Ottawa, est-ce que Trèva Cousineau croit que les jeunes ont la couenne assez solide pour se retrousser les manches ? Quelques secondes de silence avant que la «Citoyenne de l’année» nommée par l’ACFO Ottawa en 2007 se dise «confiante, mais tout de même inquiète». Dans les unions exogames, les enfants parleront-ils les deux langues ou iront-ils davantage vers l’anglais, se questionne Mme Cousineau.

Pour le nouveau directeur du MIFO, Arash Mohtashami-Maali, les jeunes sont prêts à monter au front, mais d’une manière différente des précédentes générations. «Avant, dans les années 1980, précise-t-il, il fallait mettre en place de nouvelles structures pour défendre les droits des francophones. Maintenant, il faut se battre pour défendre les acquis.»

Pour l’ancien directeur des Éditions l’Interligne, la nouvelle du recul du français ne lui fait pas non plus particulièrement plaisir. «Ça ne me décourage pas vite, mais c’est inquiétant.» Selon lui, le danger de l’assimilation pour les nouveaux arrivants, qui n’arrivent pas travailler en français est toujours possible.

Créer de l’espace aux jeunes

À 31 ans, directrice depuis trois ans de la  Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), Mélina Leroux a reçu également la nouvelle du lent déclin du français «comme une douche froide». Cependant, n’étant pas le genre de femme à se laisser abattre, son passage au mois d’août à titre de participante au Forum des jeunes ambassadeurs de la francophonie des Amériques à l’Université Saint-Paul, événement organisé par le Centre de la francophonie des Amériques, l’a plus que motivée. En parlant de ces jeunes venus de tout le continent américain, elle dira «qu’on oublie que le français est parfois un choix de 2e ou 3e langue, qu’ils sont encore plus minoritaires que nous.»

Quant à la place des jeunes dans la francophonie ontarienne, ça tombe bien d’en parler avec celle qui fut la première à obtenir une mineure en études des francophonies de l’Université d’Ottawa. Mélina Leroux s’est donnée comme engagement lors de son passage au Forum de «confronter les TLM afin de créer de la place aux jeunes», qui peuvent devenir des agents de changement. «Il faut ouvrir le cercle. Les jeunes cherchent des projets. Il faut arrêter de dire : "Ce n’est pas pour vous autres!" ». La jeune DG propose même de créer des postes jeunesse au sein des organismes franco-ontariens. «Il faut les impliquer, ils sont tellement smarts !», de conclure la native d’Ottawa.

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Bas de vignette : Mélina Leroux, la directrice générale de la FESFO, compte bien rappeler aux instances des différents organismes franco-ontariens de ne pas oublier de faire une place aux jeunes. Crédit : gracieuseté de Mélina Leroux.

Bas de vignette : Arash Mohtashami-Maali est en poste comme directeur général du MIFO depuis le 15 août seulement. Crédit : gracieuseté d’Arash Mohtashami-Maali

Bas de vignette : Trèva Cousineau est l’une des figures de proue de la communauté franco-ontarienne. Crédit : gracieuseté de Trèva Cousineau.

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  • Date de création 12 septembre, 2022
  • Dernière mise à jour 12 septembre, 2022
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