Terre accueillante : quand l’immigration francophone enrichit les Acadiens et les nouveaux arrivants

Terre accueillante : quand l’immigration francophone enrichit les Acadiens et les nouveaux arrivants

En marge du festival multiculturel « Monde en fête », et pour lancer la Semaine de l’immigration francophone, le CAFi a organisé une discussion au Centre des arts et de la culture. Immigrants et Acadiens y ont partagé leurs expériences.

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Damien Dauphin

IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien

 

Au cœur de l’Acadie, la province du Nouveau-Brunswick offre non seulement une belle qualité de vie, mais également une communauté chaleureuse prête à accueillir de nouveaux visages. Deux immigrants et un couple d’Acadiens ont partagé leurs histoires de transition et d'intégration dimanche 5 novembre lors d'un panel animé par Alain Lavoie. Ces récits personnels mettent en lumière l'importance de l'accueil, de la compréhension et du multiculturalisme.

Nadia Angélique : de Paris à l’Acadie

Pour la Française Nadia Angélique, la décision de s'installer au Nouveau-Brunswick a été un moment de réflexion. Venue via le volet Initiative stratégique, réservé aux francophones, elle a entrepris une visite exploratoire en 2016 et créé une chaîne YouTube pour partager son expérience. L'un des principaux défis pour Nadia était de surmonter les préjugés initiaux concernant les hivers rigoureux du Canada atlantique.

« J’avais cette représentation du froid perpétuel et de l’hiver interminable, admet-elle. Au début, je ne me voyais pas immigrer là-bas. » C’est en effectuant des recherches et en fréquentant des salons que son a priori a fondu comme neige au soleil. Sa visite exploratoire lui a donné une image concrète de la réalité. Nadia dit que les premiers contacts ont été merveilleux et lui ont permis d’élargir son réseau et de la conforter dans son choix.

Aurélen Douandji : le hasard a bien fait les choses

Le Camerounais Aurélien Douandji a atterri au Nouveau-Brunswick en 2022, mais contrairement à Nadia, son parcours d'immigration a dû ses rebondissements au hasard. Le climat hivernal, redouté par beaucoup, a été une surprise pour lui, qui a appris à s'y préparer mentalement. Aujourd’hui employé par la CSR Chaleur, Aurélien fait la navette entre Dieppe et Bathurst pour le travail.

Aurélien a eu la chance de rencontrer des Canadiens amicaux et accueillants, et il se considère heureux d'avoir reçu le soutien du Centre d'accueil et d'accompagnement francophone pour immigrants (CAFi), qui lui a donné confiance en sa nouvelle vie au Nouveau-Brunswick avec sa petite famille. Cette expérience a produit un cercle vertueux. « Nous savons quels sont les problèmes rencontrés et maintenant nous accueillons les autres. »

Carmel et Normand Doiron : ambassadeurs de l’accueil

Après cinquante ans de vie commune, Carmel et Normand Doiron sont des champions du bénévolat multiculturel. À ce titre, ils ont séjourné en Afrique et en Haïti. Désormais, c’est sans bouger de chez eux qu’ils parcourent le monde. Ils le font en aidant les nouveaux arrivants avec lesquels ils tissent des liens solides et quasi-familiaux.

Normand Doiron évoque un séjour que le couple a fait au Burkina Faso. « Nous avons frappé une mer de chaleur en sortant de l’avion. La personne qui devait nous accueillir n’était pas là. Alors, nous savons comment se sentent ceux qui ne sont pas accueillis. » Cette expérience les a sensibilisés à la situation des nouveaux arrivants, qui ont besoin de se sentir en sécurité et entourés. Ainsi, le couple va chercher les nouveaux arrivants à l'aéroport, les aide à trouver un logement et les guide dans les commerces locaux pour magasiner au moindre coût.

Les Doiron ont participé à de nombreuses festivités traditionnelles, des mariages aux baptêmes en passant par les funérailles et les remises de diplômes. « J’ai vécu une belle graduation avec une mère de 42 ans, raconte Carmel. Avec trois enfants à la maison, elle a repris des études. Je l’ai aidée dans ses projets. Quand elle a reçu son diplôme, je me sentais comme la maman la plus contente dans la salle. »

Carmel Doiron a aussi offert son soutien moral à deux mamans d’origine africaine qui n’avaient jamais accouché dans un hôpital et à qui cela faisait peur. La volonté du couple d'accueillir les autres cultures s'est concrétisée de bien des manières. À la demande des principaux intéressés, Carme a cuisiné des pâtés chinois pour un mariage congolais. Normand et Carmel sont devenus parrain et marraine d’un petit garçon dont les parents sont d’origine africaine.

Créer un pont entre les cultures

Les témoignages de Nadia et d’Aurélien d’une part, et du couple Doiron de l’autre, mettent en lumière l'importance de l'accueil et de l'intégration. Le multiculturalisme est une réalité de la société canadienne. Nadia Angélique, qui déclare que la capitale française est une métropole multiculturelle, reconnaît toutefois que la diversité est davantage représentée au Canada. « Toutes les origines peuvent se reconnaître dans la société canadienne », dit-elle.

L’intégration, cependant, est un effort collectif. Les Canadiens peuvent contribuer à l'accueil en prenant le temps de s'éduquer sur les défis et les besoins des immigrants. La peur de l'inconnu peut être surmontée par l'écoute, la compréhension et l'ouverture d'esprit. L'accueil va au-delà des mots, il se traduit par des actes concrets, comme ceux des Doiron qui accueillent les nouveaux arrivants à bras ouverts. « On a besoin de s’ouvrir aux autres. Si les gens comprenaient cela, ils feraient davantage de bénévolat », croit Carmel.

Une chose est sûre : la force de l’intégration réside dans la capacité des Canadiens à ouvrir leurs cœurs et leurs foyers. Il a fallu beaucoup de courage à Nadia et à Aurélien qui ont tous deux rencontré des obstacles et dû faire certains « deuils ». Finalement, ils ne regrettent pas leur choix et s’estiment heureux au Nouveau-Brunswick, au sein de la société acadienne.

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Photo

Titre : Panel CAFI
Légende : De g. à d. : Alain Lavoie, animateur, et les panélistes : Nadia Angélique, Aurélien Douandji, Carmel et Normand Doiron.
Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Une parade des nations haute en couleurs (D.D.)

Samedi 4 novembre, la parade des nations du festival Monde en fête s’est déroulée dans l’enceinte du CCNB, campus de Dieppe. Sur fond de tensions internationales, qu’il eut été beau d’y voir des Russes et des Ukrainiens, ou encore des membres des communautés juives et musulmanes se donner la main ! Une telle rencontre, dont il est à espérer qu’elle ne relève pas de l’utopie, n’a toutefois pas eu lieu. Néanmoins, le public présent a donné toutes les apparences d’une joyeuse tour de Babel au sommet d’un monde en paix. La semaine passée, Dieppe était une oasis de sécurité et de fraternité entre des peuples dont les représentants ont arboré, pour l’occasion, leurs costumes nationaux. Sur cette photo, la délégation marocaine au premier plan admire une danse mi’kmaq exécutée par une talentueuse artiste Autochtone.

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Photo Parade. Crédit : Damien Dauphin

  • Nombre de fichiers 3
  • Date de création 8 novembre, 2023
  • Dernière mise à jour 8 novembre, 2023
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