Susan Holt élue chef du Parti libéral du Nouveau-Brunswick

Pour la première fois, les militants libéraux du Nouveau-Brunswick ont choisi une femme pour diriger leur parti. Au troisième et dernier tout d’un scrutin serré, caractérisé par le vote préférentiel, Susan Holt l’a emporté face à Thomas J. Harvey avec 51,67 % des voix. Selon le politologue Roger Ouellette, le vote acadien a pesé dans la balance.

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Damien Dauphin

IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien

 

 

Il est de ces dates qui sont vouées à marquer l’histoire de leur empreinte : c’est le cas du 6 août. Ce jour-là en 2002, Moncton, une cité alors anglophone, devenait la première ville officiellement bilingue au Canada. Brian Murphy en était le maire. Vingt ans plus tard, c’est en qualité de président du Parti libéral du Nouveau-Brunswick qu’il a assisté, à Fredericton, à l’élection de Susan Holt, une anglophone bilingue, à titre de chef de sa formation politique.

Les militants avaient été invités à classer les quatre candidats par ordre de préférence. Chacune des 49 circonscriptions valait 100 points. Pour gagner, un candidat devait réunir au moins la moitié des points. Lors du premier tour, l’ancien ministre Donald Arseneault, qui avait fait campagne sur son expérience, fut le premier éliminé. Les points qu’il avait reçus furent redistribués aux trois autres candidats en fonction du classement préférentiel sur ses bulletins.

Au deuxième tour, ce fut le député de Baie-de-Shediac-Dieppe, Robert Gauvin, qui est arrivé troisième au classement. Il ne restait plus que Thomas J. Harvey et Susan Holt, pratiquement au coude à coude depuis le premier tour. L’ancien député fédéral de Tobique-Mactaquac, qui menait d’une courte tête lors des deux premiers tours, a concédé de peu la victoire après le sprint final. Pour le politologue Roger Ouellette, le vote francophone a favorisé la victoire de Susan Holt.

« Au vu des résultats, on peut penser que beaucoup d’électeurs qui avaient choisi Robert Gauvin comme premier choix ont préféré Susan Holt comme deuxième choix. Le vote francophone, qui avait été complètement ignoré en 2016 lors de l’élection de Blaine Higgs comme chef du parti progressiste-conservateur, a fait aujourd’hui la différence », analyse-t-il.

Au cours des heures qui ont précédé la proclamation des résultats, des ténors du Parti libéral se sont succédé à la tribune. Les membres de l’opposition officielle à l’Assemblée législative étaient présents autour de Roger Melanson. Avant de passer le flambeau, le chef par intérim a tiré à boulets rouges sur la politique du gouvernement Higgs. Des têtes d’affiche au niveau fédéral, au premier rang desquelles figuraient le député de Beauséjour, ont également pris la parole.

« Nous avons vu aujourd’hui quatre candidats extraordinaires. Le futur premier ministre du Nouveau-Brunswick est dans cette salle, et je serai très heureux de travailler avec cette personne », a lancé Dominic LeBlanc, déclenchant une salve d’applaudissements.

Écrire l’histoire

Son sentiment était partagé par beaucoup. À plusieurs reprises, la qualité de la relation entre les aspirants à la direction du parti a été soulignée. Susan Holt elle-même en a fait le rappel au cours de son ultime allocution devant les militants. Donald Arseneault, Robert Gauvin, T.J. Harvey et elle sont devenus de proches amis. Elle a exprimé sa confiance en leur capacité à rassembler le parti et y attirer de nouvelles têtes.

« Je pense que le Parti libéral vient d’écrire une page d’histoire, a déclaré Roger Melanson. C’est une belle victoire, exceptionnelle. Susan Holt représente le futur et l’espoir de notre mouvement politique, et je la félicite. »

Mme Holt mise sur une approche coopérative pour reconstruire un parti qui n’a plus que 16 députés à Fredericton. Il existe des raisons de penser que si elle formait un gouvernement, toutes les directives n’émaneraient plus du bureau du Premier ministre. Sa démarche est transversale. En sillonnant la province, elle a pris le pouls de la population. Devenue chef, Susan Holt va reprendre son bâton de pèlerin.

« Je vais écouter, écouter, et écouter encore. On va demander aux Néo-brunswickois de partager leurs idées avec nous. Peut-être voudront-ils devenir candidats ? Le recrutement commence aujourd’hui. S’il y a du monde qui lit le Moniteur Acadien et qui s’intéresse à la nouvelle politique, j’aimerais vraiment leur parler », nous a-t-elle confié.

Elle désire incarner une façon différente d’impliquer la population dans les affaires publiques : plus transparente, plus empathique et plus branchée au niveau communautaire, selon ses propres termes. La santé est au premier rang des dossiers prioritaires auxquels elle veut s’attaquer. Viennent ensuite le logement abordable, les enjeux environnementaux et le coût de la vie.

Susan Holt a deux ans devant elle pour mettre ses troupes en ordre de bataille afin de gagner les prochaines élections et, ainsi, de continuer à écrire l’histoire. Après tout, ce mot est féminin.

 

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Photos

 

Titre : Holt 1

Légende : À peine élue à la direction du Parti libéral, Susan Holt a accordé plusieurs entrevues médiatiques.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

 

Titre : Caucus

Légende : Les libéraux provinciaux autour de Roger Melanson. Le chef par intérim va assurer la transition jusqu’à la fin du mois d’août.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

 

Prochaine étape : un siège à l’Assemblée ?

Des quatre candidats à la direction du Parti libéral, seul Robert Gauvin est membre de l’Assemblée législative. Son élection aurait fait de lui le chef naturel de l’opposition officielle. En attendant que Susan Holt puisse siéger à Fredericton, il se pourrait bien que ce rôle lui soit confié lors de la rentrée parlementaire.

Noblement, Denis Landry a offert à Mme Holt de quitter son siège pour déclencher une élection partielle et lui permettre de faire son entrée à Fredericton. Vétéran de la politique provinciale, le député de Bathurst Est-Nepisiguit-Saint-Isidore en est à son septième mandat. En 2020, il fut réélu avec 63,50% des suffrages. Autant dire qu’il représente un bastion libéral dans lequel Susan Holt ne devrait rencontrer aucune difficulté pour se faire élire. Susan Holt a annoncé qu’elle y réfléchira avec son caucus.

La seule difficulté, c’est Blaine Higgs. Lui seul est le maître du calendrier. L’histoire récente prouve qu’il aime prendre son temps pour traiter certains sujets. Toutefois, le premier ministre a offert ses félicitations à Mme Holt et s’est dit « prêt à travailler avec elle pour trouver un terrain d’entente au bénéfice des Néo-Brunswickois ». – DD

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  • Date de création 10 août, 2022
  • Dernière mise à jour 10 août, 2022
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