Surveiller les tiques avec eTick 

Depuis 2020, une équipe de recherche de l’Université Acadia collabore avec l’Université Bishop’s, qui est responsable de la gestion de l’application éducative eTick, pour aider les Canadiens à identifier et surveiller les tiques dans leur environnement. 

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Jean-Philippe Giroux

IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Développé il y a une décennie par Jade Savage, professeur au département de biologie et de biochimie de l’Université Bishop’s, eTick est un projet de science citoyenne dont le but est d’identifier rapidement les tiques et les risques liés aux morsures.

On y soumet des images de tiques, qui sont identifiées par un personnel formé. C’est l’Université Acadia qui s’occupe de l’identification pour les provinces de l'Atlantique, avec la contribution de quatre chercheurs.

«C'est une initiative fantastique, dit Nicoletta Faraone, professeure associée de biochimie du département de chimie de l’Université Acadia. Tout d'abord, il est bon de rassembler toutes les ressources dont nous disposons ici, à Acadia, et de faire partie d'une vision plus large, à savoir eTick, qui nous donne des informations sur la distribution des tiques dans tout le Canada.»

L’application aide également le public à accéder à ces informations, précise la professeure, c'est-à-dire à connaître la quantité de tiques autour et les zones les plus à risque, mais aussi à impliquer le public dans le processus de surveillance.

En 2023, eTick a reçu 1776 soumissions provenant de la Nouvelle-Écosse, 189 du Nouveau-Brunswick, 66 de l'Île-du-Prince-Édouard et 27 de Terre-Neuve-et-Labrador.

Les utilisateurs reçoivent un message par courriel avec leurs résultats, qui comprennent, entre autres, le nom de la tique et son niveau de risque, la procédure à suivre après une morsure ainsi que des ressources supplémentaires.

Les informations sont téléchargées à un registre public et incorporées à une carte interactive afin de visualiser les cas, selon la zone consultée.

De plus, les résultats sont envoyés à l’Université Bishop’s, où un laboratoire s’occupe de la collecte d’information pour l'utilisation à des fins de recherche.

À Acadia, quelques étudiants sont identifiés, formés et rémunérés pour devenir des techniciens eTick. «Les élèves le font surtout à distance, raconte Dave Shutler, professeur émérite retraité du département de biologie de l’Université Acadia. J'ai un étudiant qui va passer du temps à Halifax et un autre dans la région de Lunenburg. Ils le font pendant leur temps libre.»

Mouvements de migration

Une partie des recherches à Nicoletta Faraone consiste à recueillir des tiques dans la nature. Ses recherches se concentrent aussi sur l'étude de l'écologie chimique des tiques pathogéniques afin de mieux comprendre comment elles perçoivent les répulsifs et y réagissent, l'objectif final étant de développer des produits appropriés pour se protéger des tiques.

En travaillant avec eTick, elle constate que le projet donne aux chercheurs l'occasion de voir directement comment la sensibilisation du public et le signalement des tiques se développent.

C'est à la fois une bonne et une mauvaise chose, fait remarquer Mme Faraone. «C'est une bonne chose que la recherche nous donne des informations importantes, mais c'est aussi une mauvaise chose parce que nous nous rendons compte que la population de tiques au Canada augmente de manière significative, ce qui est en quelque sorte attendu, avec le changement climatique et le réchauffement de la planète.»

«Nous pouvons générer beaucoup plus de données grâce à la science citoyenne que si nous envoyons 10 personnes du gouvernement de la Nouvelle-Écosse pour découvrir les endroits où se trouvent les tiques, lance Dave Shutler. En comparaison, nous n'obtenons pratiquement aucune donnée.»

Pour réduire le nombre de tiques, le contrôle de la population de cerfs et de leur contact avec les humains est une bonne stratégie, explique la professeur.

Mais elle insiste sur le fait que la situation est complexe. Par exemple, des oiseaux migratoires peuvent aussi transporter des tiques. Et avec le réchauffement de la planète, de nombreux environnements pour les tiques deviennent inhabitables, d’où leur migration vers le nord.

Les équipes d’eTick à travers le pays sont davantage conscientes de la présence d’espèces non endémiques, dont la tique Lone Star originaire du sud des États-Unis, une indication que ces espèces, qui ne sont pas encore établies, le seront potentiellement bientôt.

L’inquiétude autour de la tique Lone Star est qu’elle a le potentiel de modifier le système immunitaire, d’après les travaux de chercheurs américains de l'université de Virginie. Le changement inclut une allergie à la viande rouge.

Dangers potentiels 

Le gouvernement provincial a publié un communiqué, le 16 avril, pour rappeler aux Néo-Écossais d’être vigilants lors des activités de plein air, car la population de tiques est en hausse à travers le territoire.

La Nouvelle-Écosse a un climat favorable pour ces arachnides, notamment les tiques à pattes noires, dont certaines sont porteuses de maladies comme la maladie de Lyme. L’infection a lieu lorsqu’elles se nourrissent de sang et de bactéries d’autres animaux comme des oiseaux et des rongeurs.

Les tiques s’adaptent le mieux aux zones humides et aux régions avec beaucoup d’ombre et se déplacent très lentement, comparativement aux araignées. «Elles se trouvent généralement là où il y a beaucoup de végétation : dans l’herbe haute, les buissons, les parcs urbains, les jardins et la forêt», a averti la Dre Shelley Deeks, médecin-hygiéniste en chef adjointe, via communiqué.

Sa taille varie de 1-3 mm à 10 mm lorsqu’elle a mangé au maximum de sa capacité. Elle ressemble aux autres membres de la famille des arachnides, mais sa forme se rapproche plutôt d'une goutte d’eau et elle ne possède pas de taille entre l'abdomen et le reste du corps.

Il est recommandé d’utiliser un dissolvant de tiques pour se débarrasser d’une tique attachée à la peau. L’autre option est la pince à épiler, mais il faut arracher la tique à partir de sa tête et non l'abdomen, car la pression sur cette partie du corps accroît la probabilité de transmettre la bactérie à l'origine de la maladie de Lyme.

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  • Date de création 30 avril, 2024
  • Dernière mise à jour 6 mai, 2024
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