Sursaut de dignité à Greenstone
La décision de la municipalité de Greenstone de retirer au drapeau franco-ontarien son statut permanent devant les édifices publics a provoqué un sursaut de dignité chez la communauté francophone de la région. Des représentants ont sollicité le Conseil municipal pour une députation le 11 mars prochain et n’excluent pas d’accrocher le drapeau identitaire partout au niveau des résidences et des entreprises francophones. L’AFNOO appuie.
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Mehdi Mehenni
IJL – Réseau.Presse – Le Voyageur
Des représentants de la communauté francophone de Greenstone se sont réunis le vendredi 23 février avec la présidente de l’Association des francophones du Nord-Ouest de l’Ontario (AFNOO), Claudette Gleeson, pour préparer une députation devant servir à faire revenir le conseil municipal sur sa décision du 12 février. Ce jour-là, une résolution avait été adoptée à l’unanimité - mais en l’absence du conseiller du quartier de Longlac, Alan Ouellet - pour ne faire plus flotter le drapeau franco-ontarien qu’une semaine par an.
Une douzaine de personnes a pris part à la rencontre de vendredi, entre des représentants des conseils scolaires public et catholique, du Club des Francophones de Longlac, de l'organisme des ainés La Joie de Vivre de Geraldton et de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO).
«La communauté est très motivée et l’AFNOO va les accompagner pour préparer la députation. Nous avons lancé une pétition et, une heure après la réunion, plus de 150 personnes avaient joint leurs signatures. Nous allons également discuter avec les deux communautés autochtones pour signer une entente et apporter la preuve qu’elles n’ont aucun problème à voir le drapeau franco-ontarien flotter en permanence», indique Claudette Gleeson.
Le Conseil municipal a été officiellement sollicité pour une députation le 11 mars prochain et les représentants de la communauté comptent s’y rendre avec un dossier solide.
La communauté est prête à financer des mâts
Selon Sylvie Payeur, vice-présidente au Conseil scolaire de district catholique des Aurores Boréales, pour les régions de Longlac et Rural Est, et qui a pris part à la réunion de vendredi, «les francophones de la région sont frustrés et déçus». Elle affirme que c’est le cas aussi pour les jeunes étudiants du secondaire.
«Nous avons déjà entamé la rédaction d’un mémoire pour le présenter au conseil municipal. Il est vrai que cela nécessite quelques semaines pour organiser un rendez-vous avec le conseil municipal, mais nous avons espoir d'être accueillis en un délai relativement court», souligne-t-elle.
La présidente de l’AFNOO avait réussi, de son côté, à s’entretenir le jeudi 22 février avec le maire de Greenstone, James McPherson et avec le directeur général de la municipalité, Mark Wright.
«Les deux responsables avaient une certaine ouverture à la discussion. Ils ont présenté leurs arguments liés au manque de moyens financiers pour réserver un mât au drapeau franco-ontarien et leur souci de faire de la place aux communautés autochtones. J’ai expliqué, de mon côté, le point de vue de l’AFNOO et la possibilité de voir la communauté francophone prendre en charge les mâts devant porter son drapeau, pour peu qu'elle soit consultée», a-t-elle indiqué.
Claudette Gleeson rappelle que le souvenir de la levée du drapeau franco-ontarien en 2015 à l’entrée de la ville de Longlac, après l’instauration de son statut permanent par l’ancien conseil municipal, est encore vivace.
«Il y a encore beaucoup d’émotion autour de cette question et des personnes qui ont lutté pour voir notre drapeau flotter de façon permanente devant les édifices publics de Greenstone sont encore vivantes. Elles ont hâte de se faire entendre», ajoute-telle.
Telle mère, tel fils !
Mélanie Nadon est enseignante et conseillère en orientation à l’École secondaire Château-Jeunesse de Longlac. Pour elle, des événements similaires sont parfois nécessaires pour faire réveiller la communauté.
«Nous avons tendance à prendre pour acquis certaines choses. Et ça prend des événements comme ça pour se rendre compte que notre culture et notre identité sont loin d’être à l’abri», lance-t-elle.
Mélanie fait partie des membres de la communauté qui sont prêts à explorer tous les recours possibles pour faire revenir le conseil municipal sur sa décision.
«Nous allons privilégier la députation, mais si notre appel n’est pas entendu, nous n’excluons pas de hisser le drapeau franco-ontarien partout à travers la ville, devant les propriétés privées et les entreprises francophones», assure-t-elle.
Son fils Vincent Nadon est élève en 12e année à l’École secondaire Château-Jeunesse de Longlac. Il est à moitié autochtone. C’est lui qui a représenté les jeunes de son école à la réunion de vendredi, en sa qualité de membre de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne.
«C’est très important pour moi et pour mes camarades de préserver notre langue et notre culture. Dans notre communauté, on a dû se battre pour avoir des écoles francophones et pour accrocher notre drapeau. Si on nous enlève notre drapeau, qu'est-ce qu'on pourrait nous enlever par la suite, nos écoles, nos services ?», s’insurge-t-il.
Mélanie Nadon est très fière de son fils et est d’accord que son côté autochtone lui donne la légitimité de dire que le drapeau franco-ontarien n’offense nullement les Premières Nations.
«Si une plainte venait d’une personne des Premières Nations, on l’aurait su. Mais ce n’est pas le cas», note-t-elle.
Vincent Nadon fera partie de la délégation qui se rendra à la municipalité pour une députation auprès du conseil municipal, si la demande d’audience pour le 11 mars est validée. Il souhaite lire aux conseillers municipaux son poème qu’il a rédigé en septembre 2023, pour la levée du drapeau franco-ontarien à l’entrée de la ville de Longlac.
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Photo : Levée du Drapeau
BV : Levée du drapeau franco-ontarien en 2015 à Greenstone.
Photo : Page facebook de l'AFNOO
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- Date de création 5 mars, 2024
- Dernière mise à jour 5 mars, 2024