Soins continus : la province s’engage à améliorer l’accès en français

L’équipe des Soins continus de Santé Nouvelle-Écosse a présenté, le 15 août, les résultats de son projet d’amélioration des soins à domicile pour les communautés acadiennes et francophones. 

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Jean-Philippe Giroux

IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Avant la pandémie, Santé Nouvelle-Écosse a entamé ses premières consultations pour saisir les possibilités d’amélioration au sein de son système de soins.

L’autorité de santé a effectué des enquêtes sur l'expérience des clients et des personnes proches aidantes dans le secteur des soins continus, ce qui lui a permis, de fil en aiguille, d’élaborer et de mettre en œuvre des formations pour les fournisseurs et le personnel concerné.

À l’issue des conversations avec les membres de la communauté acadienne et francophone, le consensus était que le contenu bilingue doit être multiplié afin de mieux servir la clientèle. Depuis lors, Santé Nouvelle-Écosse a traduit son programme et a mis à jour son site Internet.

Cette décision contribuera à renforcer la communication entre les patients et les professionnels de la santé, déclare Micheline Gélinas, directrice générale de la Fédération des femmes acadiennes de la Nouvelle-Écosse (FFANE).

Elle ajoute que la traduction des informations aidera chacun à mieux comprendre des procédures médicales, des thérapies et des médicaments, ce qui pourrait entrainer à une meilleure compréhension des plans de traitement.

« Lorsqu'en tant que patient on peut comprendre pleinement notre santé et nos options de traitement, nous sommes plus susceptibles de prendre des décisions éclairées et de jouer un rôle actif dans notre propre mieux-être », annonce la directrice générale.

Les personnes consultées pour le projet ont aussi mentionné le besoin d’augmenter les possibilités d’exprimer sa langue de préférence, s'assurer que du personnel bilingue soit disponible de plus que fournir aux employés de la formation continue sur les enjeux de la communauté acadienne et francophone et sensibiliser à l’importance de la langue.

Rappelons que 3,6 % des résidents de la Nouvelle-Écosse considèrent le français comme l’une de leurs langues maternelles, alors que 10,4 % affirment être capables de s'exprimer en français, selon les données de Statistique Canada de 2021.

L’autorité de santé continue également à travailler sur d’autres recommandations, dont le lancement d’une formation en ligne destinée au personnel des soins continus et des agences de soins à domicile ainsi que le changement de la procédure  pour saisir et enregistrer la langue de choix du patient à l'accueil.

Pour mener son projet à terme, la province a eu l’appui de Réseau Santé Nouvelle-Écosse, du Regroupement des aînés de la Nouvelle-Écosse ainsi que de la FFANE. Cette collaboration a permis à la province de réseauter avec les communautés acadiennes de la province afin d’effectuer ses consultations plus facilement.

Un comité a été formé avec les partenaires par la cheffe des Soins continus afin d’échanger des connaissances sur la réalité des soins à domicile, mais aussi du milieu communautaire. « Il y a un vrai engagement sur le long terme », commente Pierre Roisné, directeur général de Réseau Santé, et la réflexion, selon lui, se poursuit dans le même sens.

Les soins continus sont devenus une priorité pour la population acadienne et francophone, constate M. Roisné, d’où l’intérêt de Santé Nouvelle-Écosse dans ce projet.

Mais pourquoi ? Les chiffres démontrent que cette communauté est beaucoup plus âgée, comparativement à la population en général. D’après le gouvernement provincial, en 2021, 22,2 % des résidents en Nouvelle-Écosse étaient âgés de 65 ans et plus. Selon Réseau Santé, 27 à 30 % des Acadiens et francophones sur ce même territoire font partie de cette tranche d’âge.

Santé Nouvelle-Écosse s’est engagée à faire une collecte de données linguistiques pour capter la langue de préférence des clients lorsqu’ils demandent des soins à domicile. Aussi, la province accueille dorénavant des informations sur la langue pour la Carte santé et, bientôt, le département de santé mentale fera pareillement.

Mais, il va falloir être patient pour obtenir tous les résultats. « C’est une stratégie de très longue haleine », précise le directeur général de Réseau Santé, car, malgré la simplicité de certains formulaires et documents, le système de santé est complexe, régi par nombre de procédures et de traitements.

Le défi est aussi de former le personnel pour qu’il comprenne, d’une part, pourquoi on change le formulaire et, d’autre part, la raison pour laquelle la question de la langue doit être posée.

Il reste encore des obstacles systémiques pour obtenir des services entièrement en français à toutes les étapes, dit M. Roisné. Cependant, il maintient que les derniers changements faits par l’Autorité de santé représentent les premières démarches pour y arriver.

Dans le but d’accroître les soutiens culturellement précis à la communauté acadienne et francophone, il s’agira aussi de travailler avec les tiers, soit les agences à domicile privées, pour faire comprendre l’importance de la collecte de données linguistiques.

Un autre objectif sera de faire une analyse en matière de capacité de services en français au sein du personnel de ces agences afin de mieux comprendre leurs forces, mais aussi leurs manques pour, par la suite, apporter des solutions.

  • Nombre de fichiers 4
  • Date de création 25 août, 2023
  • Dernière mise à jour 25 août, 2023
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