«S’ils sont chanceux, ils arrivent avec une valise ou deux.»

L’accueil que réservaient certaines familles de Kapuskasing à des enfants de Tchernobyl, chaque été, a marqué Adam Coghill. «Il a gardé le contact avec plusieurs d’entre eux», raconte aujourd’hui sa femme Jennifer. Quand la guerre en Ukraine a éclaté, le couple s’est inquiété. Ils ont décidé, à leur tour, de venir en aide à des familles d’outremer.

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Andréanne Joly

IJL – Réseau.Presse – Le Voyageur

 

«Il y a tellement de familles qui arrivent dans la région, maintenant», remarque Jennifer Coghill, qui s’est engagée dans l’accueil de familles ukrainiennes. Depuis près d’un an, elle a participé à l’accueil de sept de quelque dix familles ukrainiennes qui s’installent dans le corridor de la route 11.

Ces familles ne sont pas seules à diversifier la mosaïque culturelle du corridor du Nord. Le district de Cochrane a connu une hausse importante en immigration. Une variable des recensements de 2011 et de 2021 l’illustre bien : le nombre de personnes qui parlent le plus souvent une langue non officielle (autre qu’une langue autochtone) à la maison. Dans les dix dernières années, ce nombre a plus que doublé, passant de 555 à 1325.

Depuis avril 2020, les Services d’établissement du Nord-Est de l’Ontario offrent des services directs et indirects aux nouveaux arrivants pour appuyer cette croissance. L’équipe aide aujourd’hui 11 familles de Hearst à Opasatika et 18 à Kapuskasing et Val Rita-Harty.

Des communautés qui s’ajustent

«Il y a beaucoup plus d’arrivées, et en grands groupes, surtout avec les étudiants internationaux», souligne le cogestionnaire de programme aux Services d’établissement, Anthony Miron. «Des fois, ça déstabilise les fournisseurs de services ou les propriétaires de logement, mais je pense qu’on a trouvé un équilibre.»

L’année dernière, il a constaté qu’il devait faire beaucoup de gymnastique pour trouver des logements aux nouveaux venus. «Il faut encore en faire, mais ça va mieux, dit-il. Il y a de la générosité : des propriétaires disent “oui, on veut vraiment aider”.»

À l’enjeu de l’accès s’ajoute celui de l’accessibilité : les familles doivent trouver des logements abordables, précise Jennifer Coghill. Elle a été témoin d’une famille qui devait faire son marché, assumer les frais de transport et se payer un téléphone avec 600 $ en poche. «Souvent, ils parlent à peine l’anglais, alors ils n’obtiennent pas un emploi dans leur domaine, où ils devraient toucher un bon salaire. Ils prennent l’emploi qu’ils peuvent pour avoir un revenu.»

Au-delà du logement 

Un défi s’ajoute : celui d’établir un foyer à partir de zéro. Les familles, en particulier les familles ukrainiennes, arrivent avec leur vie entière dans très peu de bagages», a remarqué Mme Coghill. «S’ils sont chanceux, ils arrivent avec une valise ou deux. Ils n’arrivent avec RIEN», insiste-t-elle.

À leur arrivée, ils ont souvent besoin de vêtements d’hiver et, lorsqu’ils se trouvent un logement, tout est à faire. «Ils ont besoin de tapis, de brosse à récurer pour les toilettes, d’un support pour les brosses à dents, illustre Jennifer Coghill. En leur fournissant ces articles, ils peuvent dépenser leur argent pour des choses dont ils ont vraiment besoin.»

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CITATION

«Il faut continuer à répondre aux appels à l’aide qu’on lance sur Facebook quand on a besoin de meubles, d’articles pour bébés, les liker ou les partager.»

— Isabelle Chouinard-Roy, cogestionnaire des Services d’établissement du Nord-Est de l’Ontario

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Règle générale, les services et les bénévoles d’accueil lancent des appels à la communauté et la réponse est positive. Certaines familles font de grands ménages et remettent leur trop-plein aux nouveaux venus. Des organismes locaux comme le Spin vert et le Comptoir Gamelin à Hearst, le Centre Connexion et le Hey Day à Kapuskasing aident à fournir des meubles, des électroménagers, des ustensiles, de la vaisselle et des vêtements aux nouveaux venus. D’autres organismes organisent des collectes de manteaux.

Cependant, l’aide doit continuer d’affluer pour la relève des Services d’établissements et Jennifer Coghill.

Au-delà du matériel

Les enfants de Tchernobyl qu’Adam Coghill a côtoyé dans les années 1980 et 1990 sont aujourd’hui au Bélarus. Aucun d’entre eux n’a donc eu à venir s’établir au Canada pour fuir la guerre. Mais aujourd’hui, une communauté, comme il a connu enfant, se dessine.

Les nouveaux venus ont besoin d’appui pour meubler leur foyer, mais aussi pour meubler leur quotidien — pour leur intégration dans la communauté.

«Une fois qu’ils sont dans notre communauté, on veut vraiment qu’ils restent. On travaille vraiment fort pour qu’ils aient un sentiment d’appartenance de la communauté», relève une des deux agentes d’établissement des Services d’établissement du Nord-Est, Lina Caron.

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Lors d’une activité de patinage organisée par les Services d’établissement, des familles de Kapuskasing se sont rendues à Hearst, où une seule famille ukrainienne était installée. Les enfants ont parlé ukrainien avec d’autres enfants. «Ils se sont tenus ensemble toute la soirée», rapporte Isabelle Chouinard-Roy. — Photo : Marie Rose Kane

 

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Une fête de Noël organisée pour les nouveaux arrivants  — Photo : Marie Rose Kane

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  • Date de création 1 février, 2023
  • Dernière mise à jour 1 février, 2023
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