Sikiitu, un court-métrage en inuktitut, présenté au festival Plein(s) Écran(s)

Depuis 2016, le festival Plein(s) Écran(s) propose gratuitement le visionnement en ligne de court-métrage afin de faire découvrir et de démocratiser ce type d’œuvre auprès du grand public. Le 24 janvier dernier, il était possible pour tous les Nunavummiut de se plonger dans l’univers du film Sikiitu, presque entièrement tourné en inuktitut.
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Karine Lavoie
IJL – Réseau.Presse — Le Nunavoix

Près d’un an après sa sortie, le court-métrage Sikiitu, qui signifie « ski-doo » en inuktitut, a pu être visionné gratuitement en ligne à travers le monde pour une durée de 24 heures.

Un évènement spécial a aussi permis une diffusion commentée durant laquelle il était possible d’échanger et de poser des questions au réalisateur et à certains créateurs du film.

En se servant du Web comme moyen de diffusion, le festival Plein(s) Écran(s) souhaite rendre accessible le cinéma au grand public.

Sikiitu raconte l’histoire d’Ali, un adolescent inuk qui rêve d’une carrière de rapeur. Le court-métrage d’une durée de 26 minutes présente les sorties quotidiennes à la chasse de l’adolescent et de son père dans l’immensité du territoire.

Tourné à Ivujivik dans le nord du Québec, le film met entre autres en vedette Natar Ungalaaq, un acteur reconnu d’Igloolik qui personnifie le père d’Ali.

Dans le cadre du festival, le court-métrage a remporté le prix Yes Sir! Madame qui récompense l’originalité de la démarche.

En 2022, Sikiitu est aussi reparti avec le plus grand honneur du Gala Prix Prends ça court! En remportant la Coupe du court MELS. Le court-métrage a aussi été couronné du Grand prix canadien au festival REGARD.

Le Nord, grande source d’inspiration

S’étant d’abord rendu à Ivujivik pour y tourner un documentaire il y a une dizaine d’années, Gabriel Allard-Gagnon, réalisateur de Sikiitu, a été frappé d’y constater l’amour du hip-hop qui semblait omniprésent chez les jeunes.

Malgré l’isolement et la distance, il a réalisé que les Inuit ont constamment le regard tourné vers le Sud concernant plusieurs aspects, dont ce style musical.

« J’avais comme envie déjà de dire “l’impact de la culture du Sud dans le Nord, jouons avec ça” », relate le réalisateur.

Il raconte que les thématiques abordées dans son court-métrage ont émergé à la suite de ses impressions et de ses échanges avec les Inuit lors de ses quelques séjours dans le Nord.

Le réalisateur trouvait intéressant d’aborder la dynamique père-fils dans un contexte particulier où il y a un choc constant dans le Nord entre le mode de vie traditionnel et la modernité.

Ce choc se retrouve aussi à travers toutes les activités de la communauté, que ce soit par la consommation de la culture, des technologies ou de la nourriture du Sud.

« J’avais comme un peu le goût de travailler sur ce choc-là, à la fois le choc intergénérationnel, mais un peu le choc Nord-Sud. Parce que pour moi, le ski-doo, ça fait partie de leur vie; ils en dépendent entièrement, mais c’est difficile de maintenir ça dans le Nord », explique Gabriel Allard-Gagnon.

Lors du tournage, il a été impressionné par la rigueur de l’environnement dans lequel doivent évoluer les motoneiges qui font partie intégrante du mode de vie des Inuit.

Redonner aux communautés

La sélection de Sikiitu au festival Plein(s) Écran(s) est significative pour le réalisateur. Bien qu’il se soit déplacé à Ivujivik pour présenter son film à la communauté, ce n’est pas tous les résidents qui ont pu assister à la projection.

« J’ai toujours rêvé que ce film-là soit disponible pour les gens du Nord. Je l’ai fait pour le faire, parce que j’avais envie de le faire, mais je l’ai toujours fait dans une conscience que c’est en grande partie pour ces gens-là; dans une conscience que ce sont ces gens-là qui allaient probablement l’apprécier le plus », souligne Gabriel Allard-Gagnon.

Avec la présentation de Sikiitu au grand public, il souhaite que les Inuit puissent le visionner en grand nombre, injectant ainsi un peu de leur propre culture dans leur consommation cinématographique.

Ayant pu admirer les beautés nordiques, Gabriel Allard-Gagnon souhaite finalement déplorer le cout élevé du transport aérien faisant en sorte que très peu de gens puissent aller voir les richesses et l’aspect précieux des personnes et des paysages du Nord.

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Photo
Crédit : Courtoisie
Légende
Le court-métrage Sikiitu présente les sorties quotidiennes à la chasse du personnage d’Ali dans l’immensité du territoire.

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  • Date de création 3 février, 2023
  • Dernière mise à jour 7 février, 2023
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