Services en français : encore du travail après dix ans

En 2023, la Loi sur les services en français fête ses dix ans à l’Île-du-Prince-Édouard. Si le texte a permis des avancées, les services désignés bilingues ne répondent pas toujours aux besoins de la communauté acadienne et francophone en pleine transformation.

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Marine Ernoult

IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne

 

 

 

Il y a une décennie, la communauté acadienne et francophone de l’Île-du-Prince-Édouard vivait un moment historique : une Loi sur les services en français était adoptée par le gouvernement provincial.

«Ce texte a permis d’officialiser les engagements du gouvernement en faveur de plus de services en français et de plus de traduction», salue Nicholas Faubert, directeur du Secrétariat aux Affaires acadiennes et francophones, qui appuie les autorités provinciales sur ces dossiers.

Le responsable souligne les efforts réalisés depuis en matière de traduction des contenus produits par le gouvernement, que ce soit les communiqués, les formulaires, ou le site web. «Ça assure un meilleur accès à l’information en français», insiste-t-il.

Il rappelle également l’institutionnalisation du Comité consultatif de la communauté acadienne et francophone qui relaie les priorités de la communauté et conseille le gouvernement.

Il cite enfin la création de postes de coordonnateurs des services en français au sein de chaque ministère. À cet égard, il précise que le nombre d’employés gouvernementaux bilingues est passé de 221 en 2013 à 364 aujourd’hui.

Manque de services à Charlottetown

Emile Gallant, président de la Société acadienne et francophone de l’Île-du-Prince-Édouard (Saf’Île), dresse, lui, un bilan en demi-teinte.

«La loi a permis des avancées, l’offre de services en français a progressé, mais on aimerait y voir plus de choses. Elle doit être réévaluée afin d’analyser les manques en fonction des besoins de la population», souligne-t-il.

Le président pointe notamment le manque de services désignés qui s’adressent aux jeunes et aux aînés, ainsi que dans le domaine de la santé.

«On a la volonté d’avoir toujours plus de services, mais on doit aussi composer avec les priorités gouvernementales», réagit Nicholas Faubert.

Emile Gallant relève aussi des insuffisances dans l’offre en français dans la région de Charlottetown, où la population francophone ne cesse de grandir.

Au regard d’une «démographie en pleine évolution», Nicholas Faubert reconnaît que d’autres régions qu’Évangéline ont besoin de services bilingues : «Mais on ne peut pas en désigner tant que le gouvernement n’a pas les ressources humaines et financières pour les garder sur le long terme».

Élections provinciales en ligne de mire

Le directeur évoque par ailleurs le mécanisme de plainte, ouvert à tous les Prince-Édouardiens lorsqu’une institution gouvernementale ne respecte pas ses obligations en matière de services désignés, de correspondance ou de consultations publiques en français.

«Ça existait avant la loi, mais c’est devenu un droit officiel pour tous les citoyens, avec un processus de dépôt de plainte clair», apprécie-t-il. Une à trois plaintes sont en moyenne déposées chaque année.

Si certaines sont jugées irrecevables, «on les prend toujours en compte», assure Nicholas Faubert. L’une des deux plaintes de 2020-2021 a ainsi permis de créer une carte de santé unilingue en français, suite à des discussions avec Santé Î.-P.-É.

Avec les élections provinciales organisées cette année, Emile Gallant assure que la Saf’Île va demander aux partis politiques en lice de se prononcer sur la loi : «On veut savoir ce qu’ils comptent faire pour l’améliorer, quelle est leur stratégie pour avoir plus de services en français».

De son côté, Nicholas Faubert se dit confiant : «Grâce à notre travail de sensibilisation, nous avons de bonnes relations avec les différents ministères, très réceptifs à notre travail. On est bien placé pour faire valoir nos revendications.»

 

 

 

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Photos

 

Nicholas Faubert est directeur du Secrétariat aux Affaires acadiennes et francophones.  (Photo : La Voix acadienne)

 

Emile Gallant est président de la Société acadienne et francophone de l’Île-du-Prince-Édouard. (Photo : La Voix acadienne)

 

 

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  • Date de création 19 janvier, 2023
  • Dernière mise à jour 19 janvier, 2023
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