Se casser la tête pour se reposer
Ils sont partout sur Facebook et Instagram. Depuis deux mois, les casse-tête sont plus que jamais sur le devant de la scène. Les gens de l’Île-du-Prince-Édouard apprécient cette activité reposante et familiale qui leur permet de s’évader.
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Marine Ernoult
Initiative de journalisme local – APF – Atlantique
Ils ont envahi les réseaux sociaux. Sur Facebook, les Prince-Édouardiens montrent qu’ils ont réussi en famille des modèles de 3 000 pièces, que leurs enfants ont vaincu tout seuls des 500 pièces. Sur Instagram, ils sont photographiés sous une lumière avantageuse pour mettre en valeur la beauté des paysages. Occupation familiale par excellence, loin des écrans, les casse-tête n’ont jamais été aussi populaires que depuis le confinement.
Kathleen Gallant, de Wellington, était une passionnée bien avant la pandémie. Chaque hiver, elle vient à bout d’un casse-tête. Mais au début de la crise, elle en a reçu un de 500 pièces dans sa boîte aux lettres. «C’était le drapeau acadien, un cadeau de ma nièce», raconte-t-elle. Depuis, elle ne s’est plus arrêtée. Résultat : quatre autres modèles de 1 000 pièces à son actif. Elle en est aujourd’hui à son cinquième, «un sur les dés», précise-t-elle. Elle en a encore deux qui l’attendent sous la table du salon. «Plus c’est difficile, plus j’aime ça, car ça me donne assez de défi pour m’occuper pendant quelques jours», explique Kathleen.
«Je peux dévorer un 1 000 pièces en cinq heures»
Un sentiment partagé par Krystle O’Grady, également férue de casse-tête depuis sa jeunesse. «C’est apaisant, ça m’occupe l’esprit, confie-t-elle. Je peux dévorer un 1 000 pièces et le finir en cinq heures.» Depuis le début du confinement, la mère de famille a explosé les compteurs, elle a réalisé dix casse-tête avec sa fille et son cousin. Ils ont commencé par un 3 000 pièces qui leur a pris une semaine, à raison d’une à deux heures par jour. «Mais le dernier soir, on ne pouvait plus s’arrêter, on y est resté quatre heures d’affilée», témoigne Krystle O’Grady. Le trio a continué avec des 500 et des 1 000 pièces, sur des thèmes aussi variés que les chats ou la vie sous-marine. «Je n’en ai jamais fait autant en si peu de temps», avoue-t-elle.
En temps normal, les passionnées de l’Île-du-Prince-Édouard s’approvisionnent en casse-tête dans différents magasins de l’Île. Kathleen Gallant évoque notamment Christmas Discounter, PriceSmart Chapters ou encore Hallmark. Mais suite à la fermeture des magasins, les amateurs ont dû se rabattre sur les achats en ligne. Chez EuroGraphics, entreprise québécoise qui livre des casse-tête à travers tout le pays, on observe un très fort regain d’intérêt. Les ventes sur internet ont triplé. «Nous devons expédier des centaines de casse-tête chaque jour», souligne la présidente Ingrid Sinyor.
Client-type : la femme de 40 ans
Les entrepôts de la compagnie ont pu rester ouverts avec des mesures sanitaires renforcées, dont le port de gants et de masque pour tous les employés. «Pour respecter la distanciation physique, il y a au maximum 10 salariés en même temps dans nos entrepôts, explique Ingrid Sinyor. Nous effectuons désormais deux quarts de travail, l'un pendant la journée et l'autre le soir.» La très forte demande couplée aux ajustements sanitaires provoque un goulot d’étranglement. «La capacité de production de nos usines est dépassée», reconnaît la présidente. Résultat, sur la page d’accueil du site d’EuroGraphics, un message prévient qu’aucune nouvelle commande ne peut être passée jusqu’au 9 mai.
L’intérêt pour ce passe-temps n’est pas uniformément réparti selon les classes d’âge. D’après Ingrid Sinyor, le client type est une femme de 40 ans et plus. «Le public évolue, avec des jeunes qui s’y mettent, ajoute la responsable. La crise nous a fait gagner de nouveaux clients, les commandes ont considérablement augmenté pour les enfants.» Et parmi les modèles les plus demandés en ce moment figurent les reproductions de peintures d’artistes connus, comme La nuit étoilée de Vincent Van Gogh.
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PHOTOS : (incluant titre de la photo, légende et crédit du photographe ou courtoisie)
Kathleen Gallant : Au début du confinement, Kathleen Gallant a reçu de sa nièce un casse-tête de 500 pièces représentant un drapeau acadien sur une casier à homard. Elle ne s'est pas arrêtée là et en a fait quatre autres depuis. (courtoisie)
Casse-tête acadien : Le casse-tête cage à homard/drapeau acadien réalisé par Kathleen Gallant. (courtoisie)
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- Date de création 9 mai, 2020
- Dernière mise à jour 9 mai, 2020