Sans libraires, « le salon n’existerait pas » 

La semaine dernière, des centaines de jeunes des écoles françaises de la région de Halifax et des membres du grand public ont pu participer au Salon du livre de Halifax, qui n’aurait pas eu lieu sans le travail des organisateurs et des auteurs, mais aussi des libraires. 

_______________________

Jean-Philippe Giroux

IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Plusieurs commerçants, dont la Librairie Pélagie et Bouton d’or Acadie, ont contribué au bon déroulement du Salon du livre, qui s’est tenu du 26 au 28 octobre à l’École du Carrefour.

S’il n’y avait pas de libraires ou d’éditeurs qui acceptaient le défi de se déplacer et d’apporter des livres, les salons n'existeraient pas, dit Marie Cadieux, directrice littéraire et générale de Bouton d’or Acadie.

Ces salons sont particulièrement importants en milieu minoritaire, fait remarquer Mme Cadieux. « Là où il n’y a pas de librairies, les salons du livre font office de librairie, puis de librairie grand public parce qu’il faut pas se le cacher, c’est pas tout le public qui va entrer dans une librairie. Il y a des gens qui sont intimidés par le livre. »

L'année dernière, Mme Cadieux et son équipe ont eu la chance d’organiser le premier Festival littéraire de Terre-Neuve-et-Labrador en compagnie d’autres partenaires.

L’événement a permis de faire découvrir des centaines de livres en français aux élèves francophones de Saint-Jean qui, comme les Haligoniens, n’ont pas de livres à portée de main, faute de librairies françaises.

De plus, sans libraires, il y aurait fort probablement peu de place pour les auteurs, selon la directrice littéraire et générale, car ce sont les éditeurs qui jouent le rôle de médiateur, promeuvent les œuvres et encouragent plus de gens à lire les titres d’ici.

« Il y a beaucoup de gens maintenant qui vont publier un titre ou deux sur Amazon et vont encourager leurs enfants et la famille, raconte Mme Cadieux. Ils vont faire un peu de promo, mais il y a une chose qui est vraiment [spéciale dans] l’acte d’être pris en main, d’être ramassé par quelqu’un pis que quelqu’un d’autre dise, ''Lis ça ! Ça, c’est bon !'' Que c’est pas juste un hasard d’un choix numérique qu’on fait. »

Elle utilise comme exemple le succès de la littérature québécoise pour illustrer l’importance de la valorisation des libraires et éditeurs locaux. « Au Québec, on a cultivé les libraires. On a mis des lois en place pour que les librairies soient protégées et ça porte fruit. »

En 2022, les librairies québécoises ont connu un succès considérable avec une augmentation de 21,3 % du nombre de ventes de livres, soit 5 % de plus qu’en 2021.

Quoique cette croissance est associée au rayonnement des auteurs québécois, il faut noter que la pandémie a eu une grande influence sur ce franc succès.

Si les libraires du Québec prescrivent bon nombre de livres de leur province, les œuvres de la francophonie canadienne ne sont pas toujours bien connues et promues, affirme l’éditrice. « Ils ont pris leur sort en main et puis ils se sont organisés, commente-t-elle. Tant mieux pour eux. »

Français, mi’kmaw, anglais 

Le chant d'honneur est l’un des nombreux livres de Bouton d'or Acadie, qui permet aux lecteurs de se familiariser avec la culture mi’kmaw tout en apprenant la langue.

Lancé l’année dernière en Nouvelle-Écosse dans une école de la Première Nation de Pictou Landing, ce livre pour enfant est le fruit d’une collaboration avec le Bureau des Affaires L'nu et Mi'kmaw Kina'matnewey.

« L’nu Education et Treaty Education Nova Scotia avaient décidé de rendre ça accessible à leurs écoliers, relate Marie Cadieux. Ils ont fait une première version, qui a été épuisée et qui ne les satisfaisait pas particulièrement. »

Approchées pour réaliser une nouvelle version du livre, Les éditions Bouton d’or Acadie se sont inspirées de leur propre collection, qui porte le nom de la confédération historique Wabanaki. Ces livres présentent des histoires mi’kmaq et passamaquoddy dans la langue mi’kmaw ainsi qu’en français et en anglais.

Mme Cadieux explique qu’il existe aujourd'hui une panoplie d’albums jeunesse qui abordent des sujets touchant les Premières Nations, mais peu d’entre eux sont écrits dans les langues d'origine.

Le but est aussi de faire connaitre le chant d’honneur mi’kmaw, dont l’auteur est l'aîné George Paul de Metepenagiag. Ce chant est interprété notamment lors des rencontres et des commémorations comme la Journée du chandail orange.

Tous les contes autochtones de la collection Wabanaki sont accessibles en version audio sur le site Internet de Bouton d’or Acadie.

  • Nombre de fichiers 3
  • Date de création 3 novembre, 2023
  • Dernière mise à jour 3 novembre, 2023
error: Contenu protégé, veuillez télécharger l\'article