Saison festive : l’inflation comme plat de résistance

Le prix global des aliments augmentera de 5 à 7 % en 2023, selon un nouveau rapport sur les prix alimentaires publié par les universités Dalhousie, de Guelph, de la Colombie-Britannique et de la Saskatchewan. À quelques jours des fêtes, la pression se fait ressentir sur les organismes communautaires du Yukon.

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Laurie Trottier

IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale

 

La pression monte

Le Rapport annuel sur les prix alimentaires indique qu’en 2021, l’inflation a progressé de 4,4 %, atteignant son plus haut niveau depuis 18 ans. Pendant ce temps, selon le Bureau des statistiques du Yukon, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 5 % à Whitehorse entre le 1er septembre 2021 et le 31 août 2022.

La Coalition anti-pauvreté du Yukon fait valoir que ce sont des visages qui se cachent derrière ces chiffres. « Personne ne serait surpris d’apprendre que tout le monde ressent l’impact de l’augmentation de l’inflation. Cela inclut le coût de la nourriture, ce qui signifie que si quelqu’un bénéficie d’un revenu fixe ou d’une aide au revenu, son argent se rend moins loin », lance d’entrée de jeu la directrice de l’organisme, Kristina Craig. « De plus en plus de personnes viennent nous voir pour demander tout type de soutien financier. Je pense que nous ne sommes pas la seule organisation qui doit refuser des personnes et qui fait de son mieux pour fournir ce qu’elle peut. »

Selon elle, la situation a été difficile toute l’année, alors que les mesures d’appui lancées pendant la pandémie de la COVID-19 sont arrivées à échéance.

Le dos large des banques alimentaires

Le 7 décembre, la banque alimentaire de Whitehorse a publié un message sur sa page Facebook : « C’est la période des fêtes et nous savons que pour les gens, les choses sont plus difficiles cette année que jamais. Les étagères de la banque alimentaire deviennent également plus vides, avec la demande accrue que nous constatons », a écrit l’organisme, en soutenant que les haricots, le thon, les soupes et les fruits en conserve ainsi que les craquelins étaient particulièrement en demande.

Le Rapport annuel mentionne dans ses prévisions pour l’an 2023 : « Il y a fort à parier que la demande et le recours aux programmes alimentaires ou aux banques alimentaires se multiplieront, car les revenus ne progressent pas suffisamment pour couvrir les dépenses alimentaires et les autres besoins fondamentaux ».

En septembre, le gouvernement du Yukon a annoncé un soutien financier de 100 000 $ à Food Network Yukon – un regroupement d’organisations yukonnaises – destiné à des initiatives ciblant la sécurité alimentaire à l’échelle territoriale.

« Cela va nous permettre d’engager le personnel nécessaire pour mettre des systèmes d’aide en place à travers le territoire », se réjouit Kristina Craig. Selon elle, la solution doit aller plus loin que les banques alimentaires : « La banque alimentaire est de la nourriture d’urgence, c’est un pansement […]. Nous devons avoir des systèmes solides grâce auxquels les gens peuvent accéder à des aliments à un prix abordable sans dépendre des banques alimentaires », déclare-t-elle.

Une multitude de facteurs en 2021

La 12e édition du Rapport annuel sur les prix alimentaires revient sur les facteurs ayant influencé le prix des denrées alimentaires : une chaîne d’approvisionnement alourdie par la COVID-19, des changements climatiques et des effets considérables sur les conditions météorologiques, des enjeux de main-d’œuvre ainsi que l’inflation ont tous eu un rôle à jouer cette année.

Si le rapport est établi en fonction de données provenant uniquement des 10 provinces, le Dr Sylvain Charlebois, chef de projet à l’Université Dalhousie aux facultés de gestion et d’agriculture, assure qu’il s’applique aussi à la réalité territoriale. « Les prix au Sud vont avoir de l’influence sur [les territoires], c’est certain », ajoute le chercheur ayant contribué au rapport. « Tant qu’on n’a pas de nouvelles façons de se déplacer, on va toujours être à la merci de l’essence, du pétrole et de l’énergie. »

Selon Kristina Craig, l’insécurité alimentaire affecte également la santé mentale des gens, que ce soit en raison d’une alimentation moins équilibrée ou un stress relié à la capacité à s’alimenter suffisamment. « C’est un énorme problème et, pendant la saison des festivités, ça peut être encore plus difficile », souligne-t-elle.

Repas gratuits en décembre à Whitehorse

22 décembre, 11 h 30 à 13 h

Lunch de Noël du Conseil des femmes autochtones du Yukon et de Sally and Sisters/Sœurs, 407 rue Black - Seulement pour femmes et enfants

25 décembre, 11 h 30 à 13 h

Lunch de Noël au refuge d’urgence de la rue Alexander, à Whitehorse - Ouvert à tous et toutes

Le refuge d’urgence de la rue Alexander, à Whitehorse offre quotidiennement des repas gratuits. Le déjeuner est servi de 7 h 30 à 9 h. Le dîner est servi de 11 h 30 à 13 h. Les soupers sont destinés aux usagères et usagers du refuge seulement, de 16 h 30 à 18 h.

À noter que d’autres ressources à Whitehorse sont fermées pour le temps des Fêtes.

Source : Coalition anti-pauvreté du Yukon.

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Photos

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Légende : Le rapport indique que l’indice d’inflation des aliments a largement dépassé l’inflation générale au cours des vingt dernières années au Canada. Selon le document, une facture d’épicerie typique aurait grimpé de 170 % entre 2000 et 2020.

Crédit : Laurie Trottier

 

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Légende : Pour Kristina Craig, un revenu de base universel aiderait concrètement la population yukonnaise à avoir accès à de la nourriture qu’elle désire et de qualité.

Crédit : Laurie Trottier

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  • Date de création 23 décembre, 2022
  • Dernière mise à jour 21 décembre, 2022
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