Russell: l’attrait d’un accueillant canton

Situé à une trentaine de minutes en voiture d’Ottawa, autant francophone qu’anglophone, accueillant pour les familles, le canton de Russell attire ceux qui souhaitent fuir les tumultes de la ville.

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse –Le Droit

Sa population a augmenté de 18,6% de 2016 à 2021.

Ceci n’a rien de surprenant, croit Dominique Tremblay. «On anticipait cet engouement, alors on a été proactif», dit d’emblée la directrice de l’aménagement du territoire, du bâtiment et du développement économique de la municipalité.

Celle qui occupe ce fauteuil depuis 2005 a vu Russell grandir sous ses yeux. «Il y a 18 ans, on délivrait 90 permis de tout genre. Maintenant, on roule entre 400 et 600.»

Pour permettre de nouveaux ensembles résidentiels, les limites territoriales de la municipalité ont été agrandies de 400 acres en 2022. «On pensait que la croissance allait ralentir avec la hausse des taux d’intérêt et des coûts de construction, mais non. On devrait être bon pour un autre 20 ans avec l’agrandissement du territoire.»

Même constat pour le maire de Russell, Pierre Leroux, qui voit l’essor de son canton d’un bon œil. «On s’y attendait, mais ça a été beaucoup plus rapide que prévu. On réalise de beaux projets en raison de la croissance. Certains aimeraient que ça reste un village, mais ce n’est pas réaliste. Le mieux que l’on peut faire est de gérer la croissance et demeurer une communauté accueillante pour garder les nouveaux arrivants chez nous. Les locaux font du bon travail de ce côté-là jusqu’à maintenant.»

Occasion ratée

Une hausse de la population de la sorte amène inévitablement son lot d’impacts environnementaux. «Les coupes à blanc qui servent à la construction de nouvelles maisons amènent beaucoup de commentaires négatifs», remarque Mme Tremblay. «On essaie de protéger le plus possible les habitats naturels et d’éviter l’érosion. On se fie aux contraintes environnementales sur le développement que la province met en place. J’ose espérer que le gouvernement est proactif dans ses restrictions environnementales. On vise le développement dans les zones qui sont déjà résidentielles, mais ce n’est pas évident.»

Vieux de 125 ans, le village de Russell nous accueille avec ses murs de briques rouges et ses maisons coquettes. Les écoliers marchent en groupe dans la rue principale, les locaux se parlent d’un côté et de l’autre de la rue, on sent une communauté tissée serrée.

Ce sentiment communautaire aurait pu se noyer dans le développement du village. Pas encore selon les locaux. Même que plusieurs voient une augmentation de la participation citoyenne dans toutes sortes d’événements. Ce qu’on va perdre par contre, croit Dominique Tremblay, c’est l’architecture patrimoniale du village de Russell.

Et le patrimoine?

Le comité d’urbanisme a recommandé au conseil en 2021 de désigner un district de conservation du patrimoine pour une partie du village de Russell en vertu de la partie 5 de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario. Après avoir mené une étude du district de conservation du patrimoine, le département avait conclu que les maisons et infrastructures de Russell amenaient un caractère spécial et historique au village. Cette protection vise à guider le changement et les développements futurs pour conserver l’aspect centenaire du secteur. Par exemple, un édifice de cinq étages ne peut pas être construit à côté d’une maison patrimoniale. Le but est de garder une uniformité dans le secteur.

Après cinq ans d’études, une mince majorité des membres du conseil majorité a finalement refusé cette protection patrimoniale. «Cet outil nous aurait assuré la conservation de l’esprit de village, croit Dominique Tremblay. On a manqué le bateau. Maintenant, on vit dans l’optique de densifier dans la limite urbaine, ce qui va créer un débalancement au niveau de l’architecture des bâtiments.»

M. Leroux était de ceux qui étaient en faveur de cette désignation. «Ça nous aurait assuré de pouvoir garder le style du village. Maintenant, on a moins de munitions pour contrer les développements futurs qui pourraient compromettre le cachet de Russell.»

Le plan suggérait de conserver le patrimoine de certaines propriétés notamment le long des rues Concession, Castor, Craig et Mill.

«L’esprit de village est très fort en ce moment, poursuit Mme Tremblay. On a essayé d’implanter cette protection avant de recevoir la pression de la part des constructeurs. Maintenant, des bâtiments historiques pourraient être démolis parce qu’ils ne sont pas protégés. L’architecture aussi donne un sentiment d’appartenance. C’était notre façon de contribuer à cet attachement communautaire.»

Retour du transport en commun?

Avec une hausse de la population de la sorte, la municipalité est en position de se pencher sur l’utilité d’un service de transport en commun. De 2012 à 2019, un service d’autobus reliait le canton à Ottawa, mais l’offre n’a pas été rentable avant la dernière année d’opérations. Selon la directrice, c’est un service essentiel pour l’économie et la population qui devrait être remis en fonction. Le cas du transport en commun sera étudié dans les prochains mois.

Elle constate aussi un manque d’hôtels, d’épiceries, de commerces spécialisés et de grande surface. Le futur centre commercial au sud de la route 300 comprendra un Food Basics, ce qui fera du bien au niveau de l’offre alimentaire.

«Le nouveau centre commercial va ajouter une offre importante pour la population, prévoit le maire. Il y aura plus de commerces dans les prochaines années étant donné que la population augmente. Pour notre parc industriel, qui sert aux entreprises privées, les lots se vendent comme des petits pains.»

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Photos

Le maire de Russell, Pierre Leroux. (Archives Le Droit, Patrick Woodbury)

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Date de création 7 août, 2023
Dernière mise à jour 7 août, 2023